3 - Cocktails

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Situation : livre 1, entre les chapitre 3 et 4, juste après « une leçon de conduite ».

Souvenez-vous, SG-1 ne part pas en mission avant le lendemain, par conséquent O'Neill a passé la fin de son après-midi au poste de police avec Harlock après que celui-ci a tenté de battre le record de vitesse sur route au volant du 4 × 4 du colonel. Les deux hommes ont été récupérés par Carter et le début de soirée s'est poursuivi chez Jack O'Neill : au programme bière puis pizza, puis bière. Au bout de deux tiers de pizza et d'une bière et demi (et alors que le colonel expliquait une troisième fois les règles du base-ball à Harlock), Sam a gentiment fait comprendre qu'elle tenait à être reposée pour le lendemain et s'est éclipsée. Comme Harlock, lui, ne montrait aucune intention de se reposer, O'Neill a proposé de lui faire goûter d'autres bières locales (et peut-être même quelques alcools typiques, s'il le désirait). Mais pas chez lui, évidemment.

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— La même chose, Joey ! Tu mets ça sur ma note !

Le colonel Jack O'Neill, chef de l'équipe SG-1, réputé pour son sens du leadership, sa combativité et son aptitude à se sortir vainqueur de toute situation, se rendait vaguement compte qu'il était en train de perdre la bataille en cours. Vaguement, parce que le ralentissement du fonctionnement de son cerveau était inversement proportionnel à la quantité d'alcool dans la bouteille en face de lui. Il avait dépassé le stade « bon sang, la migraine de demain matin va être horrible », avait joyeusement franchi l'étape « goûtons tous les cocktails que propose ce bar » et papillonnait maintenant entre les options « j'ai plus d'expérience que ce gosse, il va bien finir par craquer » et « putain il tient mieux l'alcool que moi ».

— Ce whisky n'est pas mauvais, déclara Harlock, attablé en face de lui, tout en faisant tourner d'un air pénétré le liquide dans son verre. Mais je connais un brandy auprès duquel il ferait pâle figure.
— Vraiment ? À ce stade, ça doit basculer dans la catégorie « alcool à brûler », alors...
— Pas du tout.

Harlock agita un doigt péremptoire devant lui, ce qui pouvait permettre d'en déduire que le whisky ne l'avait pas laissé tout à fait indemne lui non plus.

— Le brandy d'Andromède est plus fort sans pour autant être dépourvu de goût, expliqua-t-il. Personnellement je trouve ses arômes plus développés que ceux du whisky. 'faudra que je vous trouve une bouteille, vous m'en direz des nouvelles.

Le jeune homme se plongea dans la contemplation de son verre, donna l'impression de se concentrer intensément sur le niveau de whisky à l'intérieur, puis attrapa la bouteille d'une main à peine hésitante et se resservit copieusement.

— 'videmment, faudrait aller directement chez le producteur, 'm'étonnerait qu'il exporte sur Terre au vingt-et-unième siècle...

O'Neill fronça les sourcils. Le fait que les mots semblaient entrer par une de ses oreilles pour ressortir aussitôt par l'autre devait être dû à sa propre consommation d'alcool. Évidemment, en face, l'accent d'Harlock était de plus en plus marqué (un généreux mélange de syllabes inarticulées et de sonorités plus rugueuses), ce qui ne facilitait pas la compréhension. Une fois qu'il eut identifié tous les mots, et après les avoir rassemblés dans une phrase à peu près cohérente, le colonel hocha gravement la tête tout en se demandant au passage quelle couleur pouvait bien avoir un alcool extraterrestre.

Phosphorescent, ce serait bien, tiens...

Parallèlement à ces considérations esthétiques, une poignée de neurones ayant échappé aux bières, aux cocktails vodka-tequila-jus d'orange et à l'assaut final du whisky (sans glace pour moi, merci) tentèrent de faire remonter à la surface les responsabilités d'un colonel, l'heure qu'il était et surtout la mission du lendemain qui se rapprochait à grands pas. O'Neill repoussa la voix de sa conscience à la gaffe jusqu'à ce que son cerveau ne produise une version très réaliste de la conversation qu'il pourrait avoir avec Carter lors du briefing.

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