Blanc nuageux

264 50 120
                                    

Form : Daisy

Subject : Mon adorable meilleur ami

J'ai l'impression que ça fait mille ans qu'on ne s'est pas vus tous les deux. Les vacances sont passées à une vitesse effroyable et on reprend déjà dans deux jours. Je sais que je m'y prends sans doute un peu tard, mais est-ce que ça serait possible de te voir demain après-midi pour un petit verre de courage et discuter tranquillement? Ça ne fait rien si ce n'est pas possible, bien entendu. :)

— Qui est-ce ?

Je relève les yeux vers ceux de Curtis qui vient de poser cette question. J'ai la tête contre son ventre et nous sommes allongés comme deux masses sur le sol de sa chambre. On était à moitié endormis l'un sur l'autre quand mon téléphone a vibré comme un possédé.

— Daisy. Elle a envie qu'on se voie demain. Sauf qu'on avait prévu de se regarder un film tous les deux.

— Tu as envie d'y aller ?

Il me sourit tout doucement en passant une main dans mes cheveux. C'est extrêmement doux comme mouvement.

— Bah... un peu. Parce que ce message a raison. Ça fait des lustres qu'on ne s'est pas vus. Je veux dire... je passe tout mon temps avec toi. C'est pas un problème pour moi, mais je n'ai pas envie que mes amis pensent que je les délaisse.

Il se rapproche encore un peu, tout près de ma joue. Il glisse dans mon oreille.

— Alors, fonce, moi je peux attendre.

Je me retourne vivement vers lui et le fixe avec de grands yeux. Il sourit toujours. Nous nous rapprochons d'un grand mouvement et nos lèvres se touchent lentement. Le baiser s'éternise un peu, mais ça ne nous dérange aucunement.

— Merci, t'es trop génial !

— Tu sais, si je t'avais retenu avec moi, j'aurais eu l'impression d'abuser et de te cloîtrer dans une boîte. Or, ce n'est pas comme ça que je vois notre relation.

— Je suis encore un peu débutant là-dessus, désolé.

Il sourit encore une fois et me caresse la joue.

— Ça ne fait rien, je suis là pour t'enseigner des choses.

Je me dégage un peu de sa prise et m'assieds en tailleur juste devant lui. Son regard se fait incompréhensif quelques secondes, mais redevient assez rapidement bienveillant au possible.

— Est-ce que je peux te poser une question ?

— Aucun problème.

— Nous deux, on est quoi ? Tu parlais de relation tout à l'heure. Ça fait presque trois semaines qu'on se voit quasiment tous les jours et... je ne sais pas trop comment te qualifier dans ma tête. C'est assez flou, comme un nuage.

— Un nuage ?

— Tu sais, quand ils bougent sans qu'on ne comprenne comment. Ils forment des objets parfois et on s'amuse à les deviner. Mais leur blancheur, je la trouve assez floue.

— Je vois. C'est vrai que ce n'était pas vraiment clair et que je ne t'ai pas fait de demande explicite. Je suis désolé de t'avoir causé du souci. Mais... pour moi, tu es mon petit ami. Si ce n'est pas le cas pour toi, pas de problèmes. Est-ce que tu veux l'être ?

J'entends mon cœur courir à toute vitesse dans mes tempes, mes poignets et dans toute ma personne. Je bégaye, complètement gêné.

— Oui. Je veux être ton petit ami.

— Est-ce que je peux t'embrasser ?

Je hoche la tête pour toute réponse et il vient prendre mon visage en coupe. Si j'étais un nuage, je n'aurais peut-être pas de forme précise. Mais au moins, je ne serais plus flou. 

Ciel de couleursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant