C'est mon premier baiser. C'est mon deuxième baiser. Ce sont tous les autres aussi. Ce sont mes premières saisies de cheveux, la première ébauche d'une petite passion. Je n'ai même pas envie de respirer, parce que je sais que ça voudrait dire le laisser filer et reprendre cette relation amicale qui ne nous correspond plus — même si je n'ai pas envie de réfléchir où est-ce qu'on va maintenant. Mais malheureusement, le corps humain a ses limites et je suis bien obligé de m'éloigner pour reprendre de l'air.
— Valentin... murmure-t-il, le front contre le mien.
— Je sais ce que tu vas dire. Mais... je crois que t'as mis des mots sur ce dont j'avais envie et ça m'a fait... décoller comme une fusée. Je suis désolé si je suis allé trop fort.
— C'est pas ça. C'est juste que... si on continue, on ne va pas réussir à s'arrêter.
J'écarquille les yeux, fortement surpris. Je ne m'attendais pas à ce qu'il me dise ça.
— Je croyais que tu...
— Ce n'est pas parce que j'ai peur du regard des autres et du fait de m'afficher que je n'ai pas envie de t'embrasser. Ça ne va pas ensemble.
— Bah... on peut continuer. On peut même aller dans un endroit plus éloigné encore, dans une ruelle plus sombre ou plus étroite.
Il rit et moi aussi. Je réfléchis à ce que je viens de dire.
— Dieu que c'est glauque. J'ai pas du tout envie de t'emmener dans une ruelle sombre, hein. En fait... en fait, si on réfléchit bien, on peut aller chez moi. Mes parents ne reviennent pas avant ce soir.
— C'est une idée, en effet.
— Enfin, continué-je, sauf si tu veux aller au festival de musique. Ce n'est qu'une proposition, on fait comme tu veux !
Il rit encore et je fonds comme du chocolat.
— T'es trop mignon, mais tu sais, je ne suis pas en porcelaine. Tu as le droit à la parole, toi aussi. Alors que veux-tu faire ?
— N'importe quoi, tant que je suis avec toi. Même aller... euh... dans une machine à laver !
Il rit à nouveau et je me cache la tête contre son épaule.
— Arrête de te marrer, j'ai l'impression que tu te fous de moi !
— Mais pas du tout, c'est juste que... j'adore ce que tu racontes et je ne peux pas m'en empêcher. Ça fait partie de ton charme.
Je relève doucement les yeux vers lui, me fondant à nouveau dans la menthe à l'eau.
— Ah ouais ?
— Oui. Tu es maladroit comme ce n'est pas pensable avec tout ce qui se passe entre nous. C'est drôle et en même temps, extrêmement attachant.
— Tu vas me transformer en tomate, ne dis pas des trucs pareils.
— Je ne voudrais pas te vexer, mais tu l'es déjà.
— Je suis niais, c'est pas possible ! m'énervé-je presque.
Ses lèvres vont toucher une de mes joues et il se retire immédiatement.
— J'adore ta niaiserie. C'est vraiment mignon.
— Bah... tu sais quoi ? Bah... bah, toi aussi, t'es mignon ! Genre quand... quand tu me... m'embrasses comme tu viens de faire. Voilà ! Chacun son tour !
— C'est la première fois, n'est-ce pas ?
Je le fixe, moins rouge. Les lumières de la ville dansent dans ses yeux. Il sourit doucement.
— De ?
— Te faire draguer par un garçon ?
— Ah. Ah bah, oui. T'es le premier en fait. Le premier en tout d'ailleurs. Genre de tout tout.
— C'est vrai ?
Je hoche la tête assez vivement et je le sens se rapprocher sur le banc.
— Tu vas me détester, glisse-t-il.
— Hein ? Pourquoi ?
— Parce que je vais encore te dire que tu es mignon.
Je claque ma langue contre mon palais.
— Tu te fous vraiment de moi, n'est-ce pas ?
— Pas du tout.
— Ah ouais ? Prouve-le.
— Défi accepté.
Il se rapproche une bonne fois pour toutes et fait glisser son nez contre le mien. C'est tout doux. Et juste au-dessus de nous, le violet et le bleu des étoiles brillent.
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Ciel de couleurs
Teen FictionBleu, rouge, vert, jaune ou violet, toutes les couleurs conviennent à Valentin, tant qu'elles ne sont pas grises et ternes. Mais lorsque les sentiments s'en mêlent, le tout fait un sacré mélange. Comme un arc-en-ciel. Spin-off de Ciel d'été