Le lendemain, tout sentiment de bien-être m'avait quittée. Je n'étais qu'une boule de nerfs inquiète à l'idée de ce rendez-vous, espérant un miracle tout en me tempérant mentalement, les miracles n'existaient pas. Je ne savais donc pas quoi penser, ni quoi attendre de cette entrevue avec un nouveau spécialiste.
J'appréhendais aussi de tout avouer à Kenan. Si Sidonie était là, je comptais sincèrement remettre mes aveux à plus tard. Je l'aimais, bien sûr, mais de par son statut de Soleil, je n'étais pas aussi proche d'elle que de Kenan.
Je choisis un chemisier vert pomme à manches longues fait d'un tissu léger et doux, ainsi qu'une jupe corolle blanche. J'ajoutai à ma tenue un foulard blanc avec des petits motifs verts que je nouai dans mes cheveux - pour une fois lisses - comme un bandeau. Enfin je mis la chaîne en argent que ma mère m'avait ramenée en début de semaine et qui allait plutôt bien avec l'ensemble. Je complétai avec mes converse blanches fétiches.
Je descendis sur le rythme de Can't stop the feeling, et même si à force d'écouter trop souvent cette chanson elle avait tendance à m'énerver, je fus soulagée de l'entendre ce matin. Lorsque je fis mon entrée dans la cuisine, mon attention fut sollicitée par une exclamation ponctuée d'un hoquet admiratif.
— Am' ! Ta tenue est superbe ! Tu me laisserais te prendre en photo ? Je pourrais reproduire la même pour une des couvertures du magazine !
Ma mère était en charge des tenues que les mannequins portaient pendant les shooting qui servaient ensuite à illustrer le magazine de mode. En fait, elle était en charge des mannequins, pas seulement de leurs tenues.
— Si ça te fait plaisir...
Elle rosit de contentement et brandit son portable dans ma direction, me mitraillant sous toutes les coutures. Quand elle eut fini, elle me sourit et me fit signe de prendre place à table. Ce matin trônait sur le comptoir une assiette de gaufres, mon ventre en gargouilla de contentement. Je l'avais trop négligé ces derniers jours...
Je m'emparai du sucre glace et en engloutis trois à la suite, ne m'arrêtant que pour boire du jus de pomme.
Je remontai ensuite me brosser les dents et me préparer mentalement pour le rendez-vous. Je reçus alors un message de Kenan qui me sommait de le rejoindre à la patinoire bien avant l'heure de notre entraînement. Visiblement il était question d'y amener Sidonie pour passer du bon temps. Je lui répondis par l'affirmative, bien que son message n'eusse rien d'une question.
— Amaryllys on y va !
Je descendis les escaliers en courant et retrouvai ma mère dans la voiture. Traverser la ville fut une rude épreuve tant la circulation était dense ; c'était toujours ainsi.
Nous arrivâmes au cabinet presque une heure plus tard, qui se situait dans un immeuble à la façade finement sculptée dans de la pierre blanche. Une grande femme brune nous accueillit et nous pénétrâmes dans une vaste pièce très lumineuse.
— Bon, alors, qu'est-ce qui vous amène ?
Son regard était braqué sur moi, mais ma mère répondit à ma place.
— Amaryllys a de l'acné depuis près de trois ans, et nous voudrions savoir si vous pouviez nous proposer des solutions.
L'air jovial du docteur fut remplacé par beaucoup de sérieux et elle braqua ses yeux clairs sur ma mère. Tout de suite, elle faisait moins la maligne. Finalement, elle se tourna vers moi et commença à m'interroger d'une voix emplie de compassion, presque mielleuse.
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Déni de Vie [Réécrit]
Teen FictionAmaryllys survit. Rien ne compte plus pour elle, même si ses amis tentent tout pour maintenir sa tête à la surface d'une mer d'encre, l'empêcher de sombrer dans la tempête. Jusqu'à cet étrange garçon aux yeux magnétiques, attiré par son chaos intéri...