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Nous n'avions pas mis bien longtemps pour trouver LA robe. Encore une fois, je me demandai d'où il tenait son goût si sûr. Nous continuâmes tout de même à déambuler main dans la main dans la galerie marchande. C'est alors que j'aperçus Erin et deux de ses amies. Dès qu'elles me virent, elles commencèrent à chuchoter et à ricaner.

Je me tendis et Timaël les remarqua à son tour. Secrètement, j'aurais voulu l'embrasser pour leur montrer que je n'étais pas le vilain petit canard qu'elles s'amusaient à dépeindre. Mais je n'osai pas. Arrivés près d'elle, il s'arrêta et je me retournai pour lui intimer de continuer. Je ne voulais pas leur parler. Mais au lieu de ça, il me tira contre lui et m'embrassa délicatement devant leurs yeux ébahis.

Dans ma tête c'était le chaos. Enfin, comme à chaque fois que nos lèvres entraient en contact, mais cette fois-ci c'était encore différent. J'étais agréablement surprise par son initiative, car c'était exactement ce dont j'avais envie. Je voulais leur montrer que je n'étais plus la même, et, sans que je prononce une seule parole, il avait compris et agi.

Il se recula légèrement et me tira à sa suite pour continuer notre marche. Un peu surprise, je mis du temps à retrouver l'usage de la parole.

— Merci... Co... comment tu as su ?

           Un léger rire sortit de sa bouche et je souris devant ce son mélodieux.

— J'avais juste envie de les faire chier.

           Je fondis devant sa gentillesse. En fait, c'était plus que ça. Il me comprenait si bien ! Nous voulions tous les deux les mêmes choses. Un peu plus tard, je lui posai enfin la question qui me taraudait depuis le magasin :

— Comment ça se fait que tu aies aussi bon goût en matière de vêtements ?

           Je sentis son regard sur moi et tournai la tête pour l'intercepter. Il était devenu plus sérieux, même s'il restait doux.

— Je...

          Il ferma les yeux, et je sus tout de suite que c'était quelque chose de personnel. Peut-être n'aurais-je pas du poser la question ? Il était sûrement en train de se demander s'il pouvait me faire confiance... Il dut trancher car il se racla la gorge et reprit :

— C'est ma mère qui m'a élevé. Seule, car mon père était... Enfin, il est toujours malade.

          Je me figeai, sous le choc. Toujours malade ? Alors, son père n'était pas mort ? Pendant tout ce temps, j'avais cru qu'il lui rendait visite au cimetière.

— Oh... Je suis désolée, je pensais que...

— Nan t'inquiète, m'interrompit-il. Mes parents ont divorcé un peu avant qu'il ne soit interné, parce qu'il a toujours refusé de se faire soigner. J'avais dix ans.

           Je ne savais jamais comment réagir quand les gens me racontaient des histoires aussi tristes. Un père malade interné, une mère seule... Alors je fis la seule chose qui me vint à l'esprit : je lui fis un gros câlin. Cela pouvait paraître puéril, mais je sentis que c'était la bonne réaction car il referma ses bras sur moi.

— C'est sûrement pour ça que j'ai bon goût. Même avant qu'ils divorcent, il restait pas avec moi. Y avait que ma mère.

          Je hochai doucement la tête en m'accrochant à son t-shirt. Je n'aimais pas voir les gens souffrir, et à son ton, c'était le cas de Timaël. Je sentais qu'il ne me disait pas tout, pourtant je n'insistai pas.

           Nous sortîmes du centre commercial et nous nous installâmes sur la plage. Allongée sur le sable à ses côtés, je me sentais bien. A ma place.

Déni de Vie [Réécrit]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant