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          Je me réveillai de bonne humeur, fait assez rare pour le noter. Mais le retour de mes amis, la réconciliation de mes parents, tout cela réussissait à me redonner assez de courage pour braver le lycée. Même ma dispute, ma rupture avais-je envie de dire, avec Timaël n'arrivait pas à assombrir le tableau. Et puis, les paroles de Sidonie tournaient en boucle dans ma tête.

          Il fallait que je me détache de tout ça, que j'arrête de m'en faire pour lui. Prendre la vie avec légèreté, je devais en être capable, pas vrai ? Je devais pouvoir réussir à le croiser sans trembler et me remémorer qu'il avait voulu s'approprier le fantasme de son père à travers moi.

          Une petite voix me disait aussi que j'avais dû louper quelque chose, ce n'était pas possible. Je ne m'en étais pas rendue compte sur l'instant mais il m'avait laissé pas mal d'indices... Quand il était encore avec nous. Ou encore... Voilà, tu y es. Sa cicatrice avait un rapport avec tout ça, je le pressentais.

          Je ne devais pas saisir l'étendue de sa relation avec son père, c'était sûr. D'un autre côté, ce n'était pas comme si j'allais avoir l'occasion de le faire, maintenant que nous avions définitivement... rompu ? Autant en tant qu'ami qu'en tant que... plus qu'ami.

          Je secouai la tête de droite à gauche pour le faire sortir de mon esprit. Je ne devais plus penser à lui et continuer à me faire du mal.

          J'enfilai un jean et un chemisier blanc simple, avec des manches mi longues. Cela faisait quelques jours que je n'avais pas fait de nouvelles marques, une éternité pour moi. Une vraie victoire. Du coup, les anciennes s'estompaient doucement, surtout grâce à la crème.

          Je sautai le petit-déjeuner parce que j'allais rejoindre mes deux amis au Starbucks, de toute façon je m'étais levée trop tard pour avoir le temps de manger quoi que ce soit.

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— Ama ! s'exclama Sidonie d'un air ahuri en me voyant. T'es pas en retard, bordel de cul !

          Nous rîmes en chœur et un élan de tendresse me réchauffa de l'intérieur. Je réalisais qu'ils m'avaient manqué, que je n'étais rien sans eux. Comme si j'étais divisée en trois et que chacun d'eux possédaient une partie de moi-même. 

          Comme d'habitude, je commandai un chocolat chaud à la crème et au caramel, ainsi qu'un muffin aux pépites de chocolat. Pendant ce temps mes amis parlaient des cours, me demandant mon avis sur ce qu'ils avaient loupé. Je les informai des DS à répétition qui allaient arriver cette semaine. Puis je craquai :

— Les gars, faut que je vous raconte un truc..., chuchotai-je, légèrement mal à l'aise.

          Sidonie haussa un sourcil surpris et Kenan se contenta de me fixer d'un air circonspect.

— Je... Genesis m'a embrassée, l'autre soir.

          Sidonie s'étouffa avec son thé vert, ses yeux semblèrent sortir de leurs orbites. Kenan ne fut pas en reste, passant par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. D'abord blanc comme un linge, puis le teint verdâtre, pour finir par rouge.

— Quoi ?! finit-il par s'exclamer une fois qu'il eut retrouvé sa voix.

— Elle m'a rejointe dans un petit café, on a discuté et... je vois pas comment être plus claire... elle a posé ses lèvres sur les miennes. Avec un peu plus de passion que ça, rajoutai-je après une courte pause. 

Déni de Vie [Réécrit]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant