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          En me réveillant, j'étais pleine d'une détermination nouvelle. Je me sentais prête à affronter le lycée, et les moqueries. Je ne savais pas d'où me venait cette subite force, mais je comptais bien en profiter avant qu'elle ne s'estompe.

          Parce que c'était toujours ce qu'elle finissait par faire.

          Je me levai rapidement pour ne pas être tentée de retourner dans mon lit et ouvris les volets. Le soleil se déversa dans ma chambre, achevant de me mettre de bonne humeur. Je me rendis en sifflotant un air joyeux dans la salle de bain. J'enfilai une robe d'été à bretelle, légèrement moulante au niveau de la poitrine et évasée à partir de la taille. Elle était faite d'un tissu fin et bleu roi, qui, je trouvais, contrastait joliment avec ma peau trop claire.

          Après avoir appliqué de la crème en quantité sur mes cicatrices, je superposai à ma robe un bombers crème. Je savais déjà que je ne l'enlèverai pas de la journée. Timaël avait vu une fois mes traces en forme de demi-lune, que je croyais suffisamment estompées, je ne tenais pas à ce que quelqu'un d'autre ait la même vision.

          Je descendis sur le rythme de Can't stop the feeling, j'étais presque arrivée en bas de l'escalier lorsqu'un étourdissement me prit. Je sentis le sol tanguer sous moi et fus obligée de m'asseoir pour être sûre de ne pas tomber. Ma tête me lançait, toute la pièce tournait autour de moi et des petits points noirs avaient obscurci ma vision. Je me repris au bout de quelques dizaines de secondes, et me rendis dans la cuisine d'un pas mesuré.

          C'est à ce moment-là que mon père me doubla pour entrer, après m'avoir saluée en ébouriffant mes cheveux. Ma mère l'embrassa en lui servant son café, ce qui me ravit.

          Je me saisis d'une tartine, la badigeonnai de beurre, priant pour que cela fasse cesser mes maux de tête. Il allait sans dire que mon corps protestait face à mon manque de nutrition, il était temps de me reprendre. Je sentais que je ne pourrai pas continuer ainsi longtemps. 

          Je pris deux autres tranches de pain, ainsi qu'un verre de jus de pomme. Dael me rejoignit à la deuxième et ne tarda pas à s'empiffrer sous mes yeux médusés. Je ne restai pas longtemps et remontai pour me maquiller légèrement, comme à mon habitude, puis enfilai mes converse fétiches, les blanches.

          Sur le chemin de l'arrêt de bus, j'observai la mer agitée, le va-et-vient des vagues sur le sable, le ballet des mouettes dans le ciel, la beauté du Soleil en début de course. Je me sentais bien, à ma place.

          Puis je dus courir sous le regard amusé de Pearl pour rattraper le bus. Heureusement pour moi, le conducteur était bien luné car il s'arrêta pour me prendre. Je m'assis sur le devant sans regarder au fond, là où se trouvaient habituellement mes bourreaux.

          Exceptionnellement, je croisai Genesis dans le couloir en allant vers mon casier. D'habitude je ne la voyais jamais. Elle était en section sportive natation, et son emploi du temps était très chargé, et pas que par des cours au lycée. Du coup je ne la croisais ni dans les couloirs, ni dans les salles de cours, et surtout pas en sport. Et comme elle faisait partie des élèves qui ne mangeaient pas au lycée, je ne la voyais jamais. De toute façon, après ce qu'il s'était passé avec son frère, l'idée d'entretenir une relation amicale avec elle ne m'aurait pas effleuré. 

          Jusqu'à hier soir.

          En me voyant, ses yeux s'illuminèrent et je sentis son regard me détailler. Elle s'approcha pour me faire la bise, et je fus étonnée de retrouver cette habitude française chez elle. En même temps, une vague de son parfum sucré m'envahit, me rappelant son baiser de la veille.

Déni de Vie [Réécrit]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant