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— S'il te plaît, Alexie, laisse-moi y aller !

— Non, non, et non, Ama. Ce soir, on doit encore revoir l'organisation du stage de patinage pendant les vacances.

— Mais j'en ai marre ! J'ai aucune vie sociale, avec tes entrainements ! Je te demande juste, pour une fois, de libérer ma soirée.

— Je m'en contre fou de ta vie sociale ! Tu pourras en avoir une après les championnats nationaux junior. Jusque-là, tu oublies.

— Attends, quoi ? Mais Alexie, je te demande juste une soirée !

— Ecoute-moi bien, Amaryllys. Je t'avais demandé un engagement total, et c'est toujours le cas. Donc tu n'iras pas à cette fête, OK ?

— J'ai le droit d'y aller, t'es pas ma mère !

— Non je ne suis pas ta mère. Si tu vas à cette fête, tu devras aussi te chercher un nouvel entraineur.

          Sur ces bonnes paroles, elle raccrocha. Alexie était très exigeante, aussi bien au niveau physique qu'au niveau de l'engagement. Comme elle, je voulais aller jusqu'aux championnats nationaux, mais parfois, j'aurais juste aimé avoir la vie d'un adolescent lambda. Elle ne m'autorisait jamais à faire la fête, parce que « l'alcool c'est pas bon pour ton corps », à sortir parce que « ensuite tu dépends de tes amis », à louper un entrainement parce que « au début c'est un, puis deux, puis tu ne reviens plus jamais ». Mes parents n'étaient pas d'accord avec elle, mais ils ne pouvaient rien y faire car elle menaçait bien trop souvent de démissionner. Et Alexie était sans conteste l'un des meilleurs entraineurs de tout Los Angeles.

         C'est pourquoi je patinais au moins quatre heures par semaine, chaque semaine de chaque année. Mais ce n'était pas tout ! Il y avait aussi les heures de danse, de musculation, ainsi que les stages intensifs qui me prenaient toutes mes vacances. Et quand j'étais en compétition, j'arrêtais le lycée une semaine avant pour me préparer. L'année dernière, il m'était arrivé d'enchaîner cinq heures de patinage pour satisfaire madame. Heureusement, je n'étais pas seule. Kenan subissait tout cela avec moi, et nous nous entraidions mutuellement. Sans lui, je serais tombée en dépression !

          Alexie n'avait pas peur du surmenage. Elle se fichait que mes muscles soient en feu ou que je ne puisse plus bouger mes mains à cause des contusions dues au froid de la glace. Tout ce qu'elle voulait, c'était le meilleur de moi-même.

          Je soupirai et entrai dans la salle où se déroulait mon cours de biologie. Un peu plus loin sur la droite, Sidonie minaudait en compagnie d'Amaël. Mais je les ignorai. J'avais déjà les nerfs en pelote, et je n'avais aucune envie de m'engueuler avec ma meilleure amie aujourd'hui. J'étais profondément mécontente à l'idée de ne pas aller à cette fête. Je sentais que je me rapprochais à nouveau de Timaël, et j'aurais voulu lui montrer de quoi j'étais capable quand je faisais des efforts. Surtout que je rêvais de porter la robe bleu nuit que ma mère m'avait offerte ce week-end où j'avais eu mon rendez-vous pour la prise de sang.

         Enfin bref, tout ça pour dire que je bouillonnais, et qu'il était hors de question de rajouter de l'huile sur le feu en me préoccupant de ma meilleure amie, et de mon pire ennemi.

          A l'heure du repas, je mangeai en compagnie de Timaël sur un banc dans la cour. 

          Kelya, June et Talia étaient en sortie, et Genesis avait sport ce midi-là. Il était inutile de se demander avec qui Sidonie mangeait, et pour Kenan, il devait être en compagnie des garçons de sa classe.

          Nous étions abrités du soleil grâce aux arbres qui apportaient une fraîcheur bienfaisante. Nous étions en train de débattre de notre film préféré. Je me rendais compte que c'était comme si nous avions pris un nouveau départ, et j'avais en conséquence envie de mieux le connaître.

Déni de Vie [Réécrit]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant