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          Je me rendis rapidement à la salle de sport, talonnée par Kenan. Je lui avais tout raconté. Il m'avait rassurée, comme d'habitude. Il m'avait dit que non, ce n'était pas de ma faute. Il disait que lui aussi la sentait s'éloigner, que j'avais, tout au plus, précipité son émancipation. Il parut profondément déçu lorsque je lui annonçai qu'elle s'était rangée aux côtés d'Amaël. Encore plus quand je lui contai qu'ils étaient de plus en plus proches.

          Le pauvre, il devait tomber de haut. Les problèmes devaient s'enchainer, pour lui. D'abord sa sœur, puis Sidonie... Je lui annonçai alors l'interdiction qu'Alexie avait posée quant à la fête. Il me déclara en retour que lui ne se rendrait pas à cette réunion car il devait aider sa sœur à ré-emménager dans son appartement, qu'elle avait quitté pour ne plus être seule. Pour m'embêter, il ajouta qu'il se rendrait ensuite à la fête, puisqu'il était censé dormir chez elle.

          Encore bien sur les nerfs, je donnai tout ce que j'avais à la salle de sport. J'étais comme survoltée. J'en profitai pour dépenser toute cette énergie négative en m'entraînant, encore et encore. J'en ressortis vers neuf heures, et je me rendis directement dans une salle de la patinoire, sans me changer. J'emmerdais Alexie.

          Je pénétrai donc dans la salle en brassière et short de sport, recouverte d'une pellicule de sueur. Tous les regards se posèrent sur moi, mais je les ignorai avec brio. Bande de connards.

— Comme Amaryllys est là, nous pouvons commencer.

          Alexie ouvrit la séance avec un air hautain et je sus qu'elle m'en voulait. Mais je m'en fichais. Ludivine, Max (responsable de notre entraînement musculaire), Maria (responsable de la confection des costumes), Jonathan (responsable du marketing) et Alexie commencèrent donc à prévoir l'organisation de nos vacances. L'entrainement intensif, les interviews, la publicité (shooting photos) et les essayages les rythmeraient.

          Puis il fallut revoir quelques détails de nos programmes, au niveau de la chorégraphie. Alexie avait souvent tendance à y intégrer des figures que nous n'arrivions pas à faire, et il fallait les modifier en cours d'année.

          Environ deux heures plus tard, je ressortis enfin de cet endroit de malheur. Il était trop tard pour que j'aille à la soirée. Même en faisant rapidement, j'aurais mis près d'une heure pour me préparer, sauf que jamais je n'aurais eu le cran de me pointer à minuit à la fête. A la place, j'allai me balader sur la plage en insultant Alexie.

           J'étais toujours en brassière et short, et je commençai à avoir froid. Mais ce n'était pas important. J'attrapai un caillou et le lançai de toutes mes forces dans l'eau en hurlant toute ma colère. Un deuxième, puis un troisième le suivirent. 

— Sale garce ! Je te hais, connasse !

          Je ne savais même plus si je parlais d'Alexie, de Sidonie ou d'Erin. Ou peut-être les trois en même temps, tant qu'à faire.

— Wow, ça va ?

          Je me retournai vivement, toujours avec ma pierre à la main. Mon regard se posa sur Solal, vêtu d'un jean déchiré, d'une chemise blanche froissée et d'une veste en cuir. Il arborait une moue inquiète. En même temps, il y avait de quoi. J'étais à demi-nue, à vingt-trois heures sur la plage, en train de me défouler sur la mer à l'aide de caillou, et hurlant ma colère à tout va. Je devais avoir l'air d'une folle.

          Pourtant, Solal s'approcha de moi doucement et posa sa main sur mon épaule nue. Je frissonnai de sentir sa main si douce sur moi et sous son regard impénétrable. Le contraste entre sa peau mate plus foncée que d'habitude à cause du soleil et la mienne, blanche, était saisissant. Je me tournai alors face à la mer, rompant le contact, et lançai ma dernière pierre de toutes mes forces. Je m'assis alors sur le sable froid, vidée de mon énergie. Solal enleva sa veste et la posa sur mes épaules avant de s'installer à mes côtés.

Déni de Vie [Réécrit]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant