Je l'avais vue arriver bien avant qu'elle ne me remarque, encore une fois. Elle était toujours montée sur ses patins et vêtue cette fois d'une brassière minimaliste et d'un legging très moulant. Je remarquai que son toutou de compagnie était encore à ses côtés, comme si elle avait besoin de lui pour se déplacer quelque part.
Elle semblait perdue dans ses pensées, avec une expression triste qui me frappa en plein cœur. Bordel, je n'avais pourtant pas envie qu'elle me frappe et surtout pas dans le cœur. Ses yeux si clairs paraissaient délavés, c'était exactement ce que j'avais pensé à ce moment-là. Comme si, à force de pleurer les larmes avaient emporté la couleur déjà pâle de ses iris.
Puis je m'étais secoué et j'avais tenté de m'arracher à sa contemplation. Putain non, pas sa contemplation, c'était pas du tout le mot ! Mais tout ce que j'avais réussi à faire, c'était me rapprocher d'elle jusqu'à ce qu'elle m'aperçoive.
Elle s'était tournée vers moi et j'avais pu la dévisager à mon aise pendant qu'il me semblait qu'elle faisait de même. Ses traits fins, ses yeux limpides, ses pommettes hautes, ses lèvres pleines rendaient son visage harmonieux au possible. Et même son nez légèrement en trompette ou son acné ne parvenaient pas à gâcher le tout. Ces défauts faisaient partie d'elle au même titre que ma cicatrice, mes yeux trop grands ou ma bouche de travers faisaient partie de moi.
Je la vis s'empourprer sous mon regard peut-être un peu trop scrutateur mais ne la lâchai pour autant pas. J'en étais incapable, à vrai dire. Son air sérieux ne la quittait pas et je n'avais aucun scrupule à fixer ses yeux de cristal qui semblaient vouloir m'aspirer en elle.
J'en étais là de mes réflexions, être aspiré en elle, lorsque son amie métisse se plaça entre nous deux, me cachant ses yeux si particuliers. Je m'ébrouai, comme sortant d'un rêve un peu trop réel et tournai les talons. Je m'empressai de sortir de la piste, je ne pouvais pas m'empêcher de la surveiller. Mes yeux étaient comme aimantés à elle.
Mais je devais lutter. Ce serait malsain de s'attacher à elle alors que je la détestais. L'amour que je portais à mon père ne pouvait rivaliser avec elle, même si elle faisait preuve de la meilleure volonté au monde. Il avait tout fait pour que je la haïsse, c'était presque trop facile de tomber là-dedans.
Pourtant je le faisais bien depuis maintenant des années ! Et même s'il était parti, je savais qu'il la vénérait encore de là où il était ; et que pas une seule de ses pensées ne m'était destinée. Rien que pour ça, je ne pouvais pas apprendre à la connaitre. Il y avait un trop grand risque pour que mon cœur faible succombe, et alors...
Alors ce serait comme si je sortais avec le fantasme de mon père.
Alors je ferai exactement le contraire de ce qu'il voulait, et bien que ça aurait dû être mon but après tout ce que j'avais subi par sa faute, je ne pouvais m'y résoudre.
Je haussai les épaules en chassant ces pensées. De toute façon, rien n'était dit que je lui plaisais, ce qui réglait la question. Et même si c'était le cas, je saurais la détourner de ma personne.
Je savais m'y prendre.
VOUS LISEZ
Déni de Vie [Réécrit]
Teen FictionAmaryllys survit. Rien ne compte plus pour elle, même si ses amis tentent tout pour maintenir sa tête à la surface d'une mer d'encre, l'empêcher de sombrer dans la tempête. Jusqu'à cet étrange garçon aux yeux magnétiques, attiré par son chaos intéri...