Déni de Vie [Réécrit]

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— Amaryllys, dépêche-toi ! On va être en retard !

          J'enfilai une jupe patineuse bleu marine et un chemisier bleu pâle, puis je me maquillai rapidement. Ce matin, j'avais rendez-vous avec ma gynécologue, pour qu'elle me prescrive la pilule. Pour prendre le roaccutane, il fallait que je sois sous pilule contraceptive, et je devais faire une prise de sang tous les mois pour vérifier que je n'étais pas enceinte.

          Tout à coup, la sonnerie spéciale « meilleurs amis » de mon portable retentit. Je pestai en constatant que je risquais effectivement d'être en retard. Je décrochai, et, sans surprise, Kenan était à l'autre bout du fil.

— Ama ? Ça va ?

— Ben oui, pourquoi ?

— Ok. T'as pas encore ouvert Instagram, alors.

— Euh non, pourquoi ?

— Je préfère te l'annoncer moi-même, c'est tout.

           Aussitôt, je m'inquiétai. Que s'était-il passé ? J'étais sûre que cela avait un lien avec la fête, puisque je n'y étais pas allée, et Kenan si. Qu'avais-je loupé de si important ?

— Sidonie et Jackson se sont embrassés. Timaël et Erin aussi. Tout le monde pense que tu es en couple avec Solal, lança-t-il d'une traite.

          Quoi ?! Je me rendis instantanément sur Instagram pour vérifier. Pas que je ne le croyais pas, mais je voulais en avoir le cœur net. Effectivement, à minuit, une photo d'Erin et Timaël s'embrassant avait été publiée. Juste après ma baignade forcée. Aussitôt, une vague de jalousie et de pure haine me traversa, et quelque chose se fêla en moi. La garce m'avait piqué Timaël. J'en avais presque envie de pleurer. La rage me coupa le souffle tant elle était puissante. Alors... c'était tout ? C'était ainsi que notre « histoire » allait se finir ?

— Ama, ça va ?

— OK. Euh, ouais, je voulais dire. Je dois y aller. On se voit après mon rendez-vous. Promis, jusque-là j'y pense pas. Enfin, si, mais non.

          Je raccrochai précipitamment, saisis un oreiller et hurlai un bon coup dedans. Erin était une salope. Timael ne pouvait s'empêcher de me mettre le cœur en miettes, comme le gamin qu'il était. Sidonie une traitresse. Point final. Je verrai ça plus tard.

         Je descendis les escaliers à toute vitesse pour rejoindre ma mère devant la maison. Pendant tout le trajet, j'essayai de faire abstraction des récentes nouvelles. Et j'y arrivai plutôt bien ! La gynéco, une grande jeune femme, ne tarda pas à nous recevoir. Elle arborait un air grave. J'avais envie de lui dire de péter un coup pour se détendre, après tout, elle ne devait que me prescrire la pilule. Je me retins ; ce n'était pas correct.

          Elle nous fit asseoir face à elle et croisa ses mains sous son menton. Je sentais ma mère tendue à mes côtés. Nul doute que cette situation la stressait.

— Bon. J'ai reçu les résultats d'analyse et... il y a un contretemps. 

          Ma mère se crispa, et je sus que la femme n'allait pas nous annoncer une bonne nouvelle. Merde...

— Amaryllys est enceinte.

          La douche froide. Ma mère me jeta un coup d'œil appuyé et je sentis mes yeux s'écarquiller sous la surprise. Non ! Mes mains tremblaient et je me sentais au bord de l'évanouissement. Etait-ce une blague ?

— Quoi ?! C'est impossible, vous savez. Je n'ai pas... enfin voilà, depuis des mois !

         Son visage se ferma encore plus si c'était possible alors que ma mère restait muette. Je ne pouvais pas être enceinte. Pas vrai ?