Je ramenai mes jambes contre mon buste, bien décidée à ne pas y aller. C'était hors de question. Je ne m'en sentais pas capable. Sidonie resta à côté de moi, puis finit par sortir son portable pour faire je ne savais quoi. Ce qui comptait, c'est qu'elle restait près de moi.
J'étais en train de passer par toutes les émotions. Toute once de courage m'avait abandonnée, et je ressentais un puissant abattement qui me clouait sur ses foutues marches. Je renonçais. J'avais même envie de pleurer, histoire de faire sortir tout ça. La tristesse était là. Puis je me mis à réfléchir à ma vie, ce qui me donna encore plus envie de laisser couler quelques larmes.
J'étais vraiment en train de déprimer. Penser à ce que je perdais à cause de notre incapacité à régler nos problèmes était pire que tout. Mes yeux piquaient, mais rien ne sortait. Je respirai un bon coup pour me calmer, c'est alors que je réalisai une chose. Même si cela ne servait à rien, même si ça empirait la situation, j'étais maîtresse de mon destin. C'était à moi de tracer ma route, pas à lui de le faire pour moi.
Je me levai d'un bond, faisant sursauter ma meilleure amie. Je me précipitai vers la porte, et prit à peine le temps de répondre à Sidonie qui voulait savoir où j'allais.
— Je ne subirai pas l'action.
Un sentiment que je ne reconnaissais pas prit mon cœur en étau, le faisant battre plus rapidement. Un sourire stressé fleurit sur mon visage. Merde alors, j'étais vraiment tarée. Je rentrai en trombes dans le restaurant et me dirigeai d'un pas assuré vers la table. Quand je le vis, je sentis ma détermination flancher, mais ce n'était pas le moment de faire demi-tour. Mon ventre se contracta violemment et j'eus l'impression que j'allais rendre mon déjeuner. J'étais lancée.
Je le fixai droit dans les yeux, ne cillant pas un instant. Il me regardait, sûrement surpris. Il eut la bonne idée de se lever et de me suivre à part, histoire que les autres ne m'entendent pas.
— C'est quoi ton problème avec moi, au juste ?
Ses yeux s'écarquillèrent, comme s'il était choqué. Il se mit alors à balbutier. Je n'en revenais pas. Il semblait encore plus gêné que moi ! Et pourtant, j'avais envie de m'évanouir tellement je me sentais mal. Néanmoins, ses yeux étaient toujours plantés dans les miens.
— Quoi ? J'ai... j'ai pas de problème. C'est juste que... tu m'énerves. J'ai l'impression que tu joues avec moi. Comme si... tu t'en fichais. Je ne supporte pas ça.
Son assurance avait l'air de revenir petit à petit, mais il paraissait beaucoup plus gêné que tout à l'heure. Il n'avait pas hésité à paraître effrayant face à moi, et là c'était tout le contraire !
— Tu dis n'importe quoi ! Solal est mon ami, je te l'ai répété plein de fois ! C'est juste que tu ne me fais pas confiance. Je pense... que tu cherches une excuse pour expliquer le fait que tu sois avec Erin. Tu ne veux pas m'avouer que c'est pour elle que tu ne voulais pas « t'engager ».
Ma voix s'était brisée à la fin. Mes émotions commençaient à reprendre le dessus. Il fallait pourtant que je tienne encore quelques instants, au moins jusqu'à ce que notre discussion soit terminée.
— Je n'ai jamais utilisé ta relation avec Solal pour être avec Erin ! s'écria-t-il, et ses yeux pâles luisaient de sincérité.
C'est à ce moment-là que la concernée nous rejoignit. De nouveau, je ressentis cette sensation que mon cœur voulait se retrouver dans mes talons.
Elle souriait gaiement, comme inconsciente de l'atmosphère pesante. Alors qu'elle savait pertinemment qu'elle venait d'interrompre une conversation importante.
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Déni de Vie [Réécrit]
Ficção AdolescenteAmaryllys survit. Rien ne compte plus pour elle, même si ses amis tentent tout pour maintenir sa tête à la surface d'une mer d'encre, l'empêcher de sombrer dans la tempête. Jusqu'à cet étrange garçon aux yeux magnétiques, attiré par son chaos intéri...