Clémence et Gabin n'étaient pas destinés à se rencontrer. Pourtant, suite à la menace d'un certain Louis, l'étudiant que l'on appelle aussi le « séducteur vengeur », se voit obligé de se mettre sur la route de la jeune femme. C'est désormais officie...
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Les bras croisés sur le torse, accoudé contre le mur extérieur du café, je regarde les passants et essaie d'oublier les pas incessants de mon frère.
Après un épisode un peu foireux hier, durant lequel j'ai essayé de faire suivre Malo sur mon lieu de travail (il est resté caché dans la voiture, mais mon patron a fini par apprendre que je bravais les interdits), j'ai été libéré pour ce week-end. Amine a dit qu'il ne voulait pas m'empêcher de voir mon frère, c'est pour cette raison qu'il m'a retiré de la liste des coursiers pour les deux jours à venir.
Comme si mon jour de repos le 31 n'était pas suffisant, puisque je dois consacrer ma journée à Malo qui veut se rendre au regroupement d'Halloween ! Si j'avais su que l'avoir à ici allait être aussi compliqué pour moi, je pense que... Non, c'est faux. Je suis content d'avoir mon frère. Seulement qu'il soit dans mes pattes ne me facilite pas les choses. Il aurait pu rester à l'appart, mais il a dit qu'il voulait être avec moi. Alors parce que j'ai vu la catastrophe arriver à l'avance, j'ai dû anticiper et annoncer à mon petit frère que je devais donner un cours de soutien à une fille aujourd'hui.
Comment détruire mon plan initial ? Appelez mon frère, il n'y a pas plus rapide et efficace.
— Bon ça suffit Malo. Arrête ton cirque et reviens ici ! le grondé-je en le voyant s'amuser à marcher sur le bord du trottoir pour faire son funambule.
Ce dernier m'ignore totalement et continue son petit tour. Sauf que s'il trouve cela amusant, ce n'est pas mon cas. C'est dangereux et je n'ai franchement pas envie que mon idiot de petit frère se fasse chopper par une voiture.
— Tu vas te faire tailler en short, espèce d'abruti. Allez c'est bon, fais pas ton gamin.
Durant quelques secondes, j'appréhende à l'idée qu'il puisse faire sa tête de cochon comme bien souvent et que je ne puisse plus rien en tirer. Ma mère m'a dit récemment qu'elle avait du mal à se faire respecter à la maison. C'est dur pour elle de passer de celle qui couvait et consolait à celle qui impose des règles et les fait respecter. Elle n'a jamais eu l'âme d'un chef.
Pourtant, c'est justement d'autorité que mon frère a besoin. Il doit être recadré car bien que je l'aime plus que tout au monde, j'ai remarqué durant ces quelques jours que son comportement commençait à changer. C'est l'âge difficile, d'autant plus que notre père n'est plus là. Peut-être croit-il devoir récupérer son rôle au sein de la famille. C'est aussi l'illusion que j'ai eu durant les premiers mois après le décès de Michael.
Contre toute attente, Malo abandonne enfin son parcours pour me rejoindre, les mains dans les poches de son jeans. Il racle la semelle de sa godasse sur le goudron puis envoie valser un caillou qui finit sa course contre une poubelle après avoir frôlé la portière d'une voiture. Je serre les poings et essaie de garder mon calme. Lui se contente de hausser les épaules.
— Tu peux le dire si c'est ta copine hein...
Je roule des yeux et lâche un soupir. Depuis que je lui ai annoncé que j'allais donner un cours à une fille, il s'est mis en tête qu'il y avait quelque chose entre nous.
