Le 8 décembre
Mon réveil ce matin, dans mes draps d'autrefois, s'est fait doux mais stressant malgré tout. Il faut dire qu'à peine éveillée, ma mission de la journée s'est mise à tourner en boucle dans ma tête. Ça clignotait, telle une guirlande électrique.
— Tiens, je te laisse essayer le nouveau thé pomme-mangue que j'ai acheté.
— Merci maman.
Le sourire qu'elle m'offre me comprime le cœur. Lorsque je lui ai annoncé vendredi, par SMS, que je venais passer le week-end à la maison, j'ai senti qu'elle était partagée entre la joie et l'angoisse. L'affaire du restaurant a beau être terminée, elle craint toujours pour la sécurité de chacun. Et je la comprends parce que je me ressens la même chose qu'elle.
— Hum, c'est pas mal. J'aime bien.
Pas aussi bon qu'orange-cannelle, mais je ne déteste pas pour autant. Je suis même certaine que je pourrais m'y faire à force.
Ma mère est contente de l'apprendre, ça se voit.
— Je t'ai pris une boite. Tu penseras à la récupérer avant de rentrer, hein ?
Je hoche la tête tandis qu'elle repart vers son comptoir pour confectionner notre petit-déjeuner. Elle a pris sa journée pour passer du temps avec moi. Papa par contre, n'a pas pu avec le restaurant. Mais ce n'est pas grave. J'ai l'intention d'aller le voir sur place cet après-midi.
Je mentirais si je disais que je n'angoisse pas un peu de me rendre sur une ancienne scène de crime, seulement j'ai envie de voir mon père sourire en voyant ses clients heureux. Ça fait tellement longtemps que je ne l'ai pas vu ainsi.
— Tu sais quoi ? Je vais aller la mettre tout de suite dans mon sac.
Je me lève de table, attrape ma tasse, dépose un baiser sur la joue de ma mère et quitte la cuisine puis m'engage dans le couloir. J'ai remarqué qu'ils avaient acheté un nouveau tableau. Si mon oncle aime l'art, mon père a le même goût pour les belles choses.
Soudainement arrêtée dans ma démarche pour me rendre à ma chambre, ou du moins mon ancienne chambre (celle qui a un lit à bal d'Aquin sur lequel je m'amusais à sauter à défaut de trampoline), je reviens sur mes pas.
J'ai toujours adoré ces murs. Sur fond pêche, ils sont décorés par des portraits de la famille. Mes lèvres s'étirent devant la photo de mariage de mes parents. Ils étaient si jeunes, si beaux, si heureux. J'avais deux ans à cette époque et j'étais dans les bras de mon père.
Attendrie, je continue ma re-découverte. Dans le cadre suivant, c'est moi qui suis mise en avant. Assise dans l'herbe avec une poupée dans les bras, habillée d'une robe vieux rose, ma couleur préférée, je semble m'amuser comme une folle. Papa est à l'arrière plan, mais ne me vole pas la vedette.
La dernière photo est aussi de moi. Cette fois-ci par contre, elle date de l'année dernière. Enveloppée dans une écharpe vert sapin, je souris à l'objectif. Si je me souviens bien, c'était durant la période de Noël. J'étais rentrée à Marseille pour l'occasion. Axel était venu avec moi d'ailleurs. Mais on ne l'aperçoit pas sur le cliché, car il était sûrement en train de faire le tour des stands à ce moment-là.
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Campus, Love & Obsession 1 - Double visage (Terminée)
RomanceClémence et Gabin n'étaient pas destinés à se rencontrer. Pourtant, suite à la menace d'un certain Louis, l'étudiant que l'on appelle aussi le « séducteur vengeur », se voit obligé de se mettre sur la route de la jeune femme. C'est désormais officie...