Campus, Love & Obsession 1 - Double visage (Terminée)

Prologue

« Heart's beating out of my chest,

Door's locked, but the keys are in my hands,

Hm, yeah, that's weird, it doesn't make sense, does it ? »

NF - Outcast

-

Le 31 juillet 2018

Maintenu de chaque côté par des mains fermes, la tête recouverte par un sac, l'homme qui se tient sur la banquette arrière à moitié déchirée a du mal à contrôler sa respiration qui devient de plus en plus erratique. Quand il a quitté son appartement, vingt minutes plus tôt, pour aller dîner avec son frère et sa mère dans le but de fêter l'anniversaire de cette dernière, il ne s'attendait pas à se faire enlever sur le bord du trottoir à deux ruelles de son logement.

Seulement dans la vie, il est rare que les choses se passent comme prévu.

La voiture ralentit. La conduite se fait moins fluide, le sol semble être caillouteux. Ses épaules ne cessent de cogner contre celles de ses ravisseurs. Les deux hommes qui se tiennent à ses côtés sont deux gros blocs de pierre.

Quelques secondes plus tard, la bagnole s'immobilise. Une des deux prises se retire tandis que l'autre se referme sur sa peau telle une pince de crabe. On l'oblige à glisser sur le côté. À l'aveuglette, uniquement guidé par une force masculine, l'otage quitte le véhicule. Ses baskets abîmées touchent le sol. Ce dernier semble être un mélange de graviers et de boue.

— Avance ! lui ordonne un des deux malfaiteurs.

Il n'a pas eu le temps de voir leur visage. Tout s'est passé si vite. À un moment donné, il appuyait sur sa clé pour ouvrir sa voiture et deux secondes plus tard, il était plaqué au sol, la joue écrasée sur le goudron dégueulasse, un canon collé contre sa tempe. Le son de la sécurité désactivée a achevé de le dissuader de tenter quoi que ce soit.

Le malheureux trébuche à deux reprises durant sa marche. Le sol n'est pas plat. Aux alentours, pas un seul bruit se fait entendre. Seuls les pas des deux hommes qui l'encadrent ainsi que les siens rompent le silence.

Il a compté, ils ont roulé durant un bon quart d'heure. Mais s'il a essayé au départ de visualiser la route empruntée en se basant sur les angles des tournants, il a bien vite perdu le compte. Pas facile d'être bon dès le premier coup.

— Dépêche ! s'écrie le ravisseur qui paraît être le plus nerveux.

On le pousse d'un coup sec dans le dos.

— J'ai... j'ai pas de fric ! se plaint le bonhomme d'une voix tremblante.

Il se dit que les cent euros qu'il a dans son portefeuille ne seront sûrement pas suffisants. Il a économisé pour pouvoir payer ce repas à sa mère. Son patron, puisque cela fait plus de deux ans qu'il est serveur dans un restaurant, lui a promis de lui faire un prix pour ce soir.

— La ferme et avance putain de merde !

Le basané n'ouvre plus la bouche de tout le trajet.

Plusieurs fois, ses pieds se prennent dans des trous. On le presse, on lui gueule dessus. Toute cette pression achève de le stresser. Il a l'impression de se retrouver des années en arrière. Ce monstre de passé qui a pratiquement eu sa peau a désormais le goût de la peur et l'odeur de la pisse.

Pourtant il n'a rien fait de mal. Ou du moins il n'a plus fait de mal depuis qu'il a... Depuis qu'il a été attrapé. C'est vrai qu'il était un mauvais gars autrefois. L'argent, la drogue, le sexe et le pouvoir étaient les termes qu'il préférait, avant qu'il ne goutte à l'enfer dans ces cages à fous.