Chapitre 1 : L'Equipe.

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Nous sommes neuf. Neuf individus soit rechercher actuellement, soit anciennement. Il est vrai que tous nous réunir dans un même endroit peut paraitre comme du suicide. Mais je n'ai jamais vu un meilleur plan de ma vie.

               Après une longue balade en voiture, nous finissons par entrer dans une grande maison au-dessus d'une petite bute, elle est un peu délabrée mais c'est ce qui fait son charme. Je comprends très vite que nous allons tous vivre dans cet endroit et surement pour plusieurs mois. Je m'arrête devant les escaliers pour regarder par la fenêtre et sens une présence à côté moi. Quand je tourne la tête je vois un grand brun à l'air sérieux. Il me fait frissonner lorsqu'il passe derrière moi pour rejoindre l'homme à lunettes au-dessus des escaliers. Je finis par le suivre et entre dans une pièce ressemblant à une salle de classe. Il y a plusieurs bancs, un bureau devant ceux-ci et un tableau noir.

- Bienvenue à tous, dit l'homme à lunettes en écrivant cette même phrase au tableau. Et... merci d'avoir accepté cette... cette offre d'emploi.

                Le garçon à la mâchoire carrée assis derrière moi émet un léger rire communicatif. Je ne sais pas comment le décrire... je dirais que c'est entre un âne et un bébé. L'homme à lunettes prend un instant pour se reconcentrer avant de continuer son récit.

- On habitera ici, loin de l'agitation infernale. Et pendant les 5 mois où on étudiera comment faire ce coup...
- Comment ça « 5 mois » ? demande l'homme devant moi. Ça va pas la tête ?

                Il doit avoir la cinquantaine, a un visage chaleureux et une barbe assez fournie. Il se révèle être de père de celui se trouvant derrière moi.

                L'homme à lunettes lève le doigt comme pour demander la parole et sourit, satisfait que quelqu'un ait réagi. On dirait que tout est dans sa tête, qu'il savait exactement qu'elles seraient nos réactions.

- Écoutez. Les gens vont des années à la fac pour gagner un salaire qui, dans le meilleure des cas, sera un salaire merdique. Comparer à 5 mois...?

                Il laisse le silence s'installer à nouveau, sûrement pour que chacun puisse enregistrer ce qu'il vient de dire.

- J'élabore ce plan depuis bien plus longtemps... continue-t-il. Pour ne plus jamais avoir à bosser, ni moi, ni vous, ni vos enfants. Bon, pour le moment vous ne vous connaissez pas. Je veux que ça continue ainsi. Je ne veux pas de nom

                Il écrit N au tableau.

- Aucune question personnelle.

                QP.

- Et, à l'évidence, aucune relation personnelle.

                RP.

                Je laisse échapper un ricanement. Pour les relations personnelles, la tâche va être difficile, surtout si le beau brun de tout à l'heure n'arrête pas de me regarder. Et qui est assez bête pour penser qu'en obligeant neuf personnes à vivre ensemble elles ne finiraient pas par se connaitre ?

- Que chacun se choisisse un nom, demande Lunette Man. Un truc simple, un chiffre, une planète, une ville,...
- Comme M. 17 et Mlle. 23 ? lance celui à la mâchoire carrée.
- Ça commence mal, rétorque son père, j'oublie mon propre numéro de téléphone.
- Justement, répond-il en éclatant de rire.
- Une planète ? lâche le petit brun. Moi, je suis Mars et lui Uranus.
- Je ne suis pas Uranus. Oublie ça.
- Pourquoi pas Uranus ?
- Ça rime avec...?

                Je ris légèrement et me tourne vers eux.

- Dans le pire des cas tu auras un joli surnom !

                L'homme à lunettes, qui doit déjà en avoir marre, s'avance et tranche pour nous.

- Si on s'en tenait à des noms de villes ?
- Va pour les villes, dit Uranus.

                C'est comme ça que je suis devenue Londres. J'imagine que vous voulez savoir pourquoi. Et bien parce que j'ai toujours eu un rêve. J'ai toujours rêvé d'aller refaire ma vie quelque part et si je pouvais choisir ça serait en Angleterre. Et puis, ça sonne bien.

               Silène,qui fait mine de ne pas me connaître depuis notre arrivée, est devenue Tokyo.Elle a réussi 15 casses parfaits avec son copain. Jusqu'à ce qu'il meurt sousles balles de l'agent de sécurité. À ce moment-là, Tokyo est devenue l'une desfemmes les plus recherchées d'Espagne.

               Celui qui me fait de l'œil c'est Berlin. Il est recherché par la police. 27 casses. Bijouteries, salles des ventes, véhicules blindés. Son plus gros coup: les Champs- Elysées, Paris, 434 diamants. C'est un requin dans une piscine. On se baigne avec lui, mais toujours sur le qui-vive. Il est le responsable du casse. Il parait assez coincé mais sa classe et son charisme me suffisent pour vouloir en savoir plus.


               Celuidans la cinquantaine est M. Moscou. Il minait aux Asturies. Il a vu qu'il iraitplus loin en creusant vers le haut. Six fourreurs, trois horlogers et le CréditRural d'Aviles. Spécialiste des lances thermiques et des outils industriels.


               Derrière moi, c'est Denver. Son fils. Drogues, dents cassées, côtes fêlées. C'est le roi de la castagne. Pur, le sang chaud. Pour un casse parfait c'est une bombe à retardement.


                Rio, le chouchou de Tokyo. Le Mozart de l'informatique, fait des programmes depuis l'âge de 6 ans, et sait tout sur les alarmes et l'électronique. Pour le reste, c'est comme si il était né hier.


               Et puis, il y a les jumeaux (qui se sont révélés être cousins), Helsinki et Oslo. Un plan en bétons a besoin de soldats, et rien ne vaut deux serbes. Il est possible qu'ils pensent, mais ce n'est pas encore prouvé.


               Celleau fond, c'est Nairobi, l'éternelle optimiste. Dans la contrefaçon depuis l'âgede 13 ans, elle dirige notre contrôle qualité. Elle est peut-être folle, maiselle est trop marrante.

- Songez que chaque jours, les actualités parleront de nous. Et que chaque familles dans ce pays se demandera ce que nous faisons. Vous savez ce qu'ils penseront ? « Les fils de putes ! J'aurais dû y penser avant eux ! »

                Le Professeur... Pas de casier judiciaire. N'a pas renouvelé ses papiers depuis ses 19 ans. Pratiquement un fantôme. Mais un fantôme très intelligent.

- Parce qu'on ne volera l'argent de personnes, nous leur serons sympathiques. C'est crucial. Il faut que l'opinion publique soit de notre côté.

                Il marque une pause et lance un regard appuyé à Berlin. J'ai l'impression d'être la seule à les voir.

- On sera des putains de héros pour ces gens. Mais soyez très prudents, car à la première goutte de sang... S'il y a une seule victime... On ne sera plus des Robins des Bois, mais des fils de putes.

- Professeur, appelle Tokyo, la main levée. C'est bien joli tout ça. Mais on va voler quoi ?

                Le plan est lancé. On ne va rien volé, on va créer l'argent grâce aux machines de la Maison Nationale de la Monnaie d'Espagne.


Loᥒdrᥱs Dᥱ FoᥒoᥣᥣosᥲOù les histoires vivent. Découvrez maintenant