Tout se passe aujourd'hui. J'imaginais que, dans le fourgon, nous ne pourrions pas tenir sur place mais c'est tout le contraire, personne n'ose se regarder dans les yeux. Ça peut se comprendre, nous allons braquer la banque la plus sécurisée du pays. Cette pensée me rend anxieuse et je commence à avoir du mal à respirer. Je retire donc mon masque. Quelques places plus loin, Rio fait de même et commence à observer l'objet dans sa main, perplexe, avant de lancer :
- Qui a choisi ces masques ?
- Quel est le problème ? demande Berlin, déjà excédé.
- Ils ne font pas peur ! Dans les films, ceux des voleurs font peur. Zombies, têtes de morts, anges de la mort.Berlin sort son pistolet et le pointe juste entre les deux yeux de Rio. Le fait qu'il fasse tout ça dans un calme olympien est plutôt terrifiant, ça en dit beaucoup sur le personnage. Il est également imprévisible, il pourrait tirer sur Rio ou sur n'importe qui que nous serions surpris et pas du tout à la fois. Je pose donc la main sur le bras de Berlin pour lui faire comprendre qu'il doit baisser son arme. Il ne le fait qu'après avoir expliqué à Rio qu'avec un flingue à la main, tout le monde fait plus peur qu'un squelette.
- Ça suffit, tranche Moscou.
- Et on est pas dans un film, je dis à Rio. Si c'était le cas, Berlin t'aurait déjà tiré dessus. Ces masques de Dali font très bien l'affaire.
- Qui ? demande Denver en regardant son masque.
- Dali, fiston. Un peintre espagnol. Très bon.
- Un peintre ?
- Oui.
- Un peintre... qui peint ?
- Oui.Denver souffle, apparemment insatisfait par cette nouvelle et Rio hoche la tête comme si il venait d'apprendre un truc qui allait révolutionner le monde. Quelle fine équipe...
-Tu sais ce qui fait très peur ? lance Denver. Les peluches de gosses. Ça, ça fait peur.
- Quelles peluches ? demande Berlin.
- Dingo, Pluto, Mickey, tout ça.Quand mon regard croise celui de Tokyo, nous nous efforçons de ne pas vivre. Même Berlin commence à rentrer dans son jeu. Les hommes sont tous les mêmes, c'est une certitude.
Je pose les yeux sur Berlin et laisse mon esprit divaguer, ça m'apaise un peu. Parce que, plus nous nous rapprochons, plus j'ai la frousse. Tout pourrait déparer dans une fraction de seconde. Et personne ne pourrait agir.
Berlin pose sa main sur ma cuisse pour me rassurer, c'est une bonne attention mais ça ne sert pas à grande chose. C'est justement ce qui me fait peur : le perdre.
Nairobi et Tokyo répriment un fou rire pendant qu'ils débattent sur si oui ou non Mickey fait peur. Je suis tellement perdue dans mes pensées que je ne m'étais pas rendue compte qu'ils parlaient toujours de la même chose.
Le fourgon s'arrête brusquement, Moscou et Helsinki en sortent, et nous nous arrêtons quelques centaines de mètres plus loin. Nous trouvons ici toutes les armes dont nous allons avoir besoin. Ce n'est plus le moment de réfléchir, mais celui d'agir. Tout ce qu'on a planifié s'est enclenché. Pendant quelques microsecondes, j'ai pensé à tous ces gens innocents dont la vie s'arrêterait brusquement à cause de nous.
Autoroute E-8. 9h25
Il n'y a qu'un seul moyen d'entrer dans la Maison de la Monnaie avec un arsenal de 3 tonnes. C'est grâce au camion qui vient chaque semaines avec des rouleaux de papiers pour l'impression. C'est de ça dont nous allons nous servir. On va entrer, escortés par la police nationale. Et ce d'une manière assez simple : Moscou et Helsinki doivent barrer la route d'où vient le camion après son passage pour qu'aucune autre voiture ne prenne ce chemin. Plus loin sur cette même route, on a placé un barrage. Barbelés, clous ; tout est prévus. Rio a bloqué toutes communications radiotéléphoniques, il est donc impossible pour les policiers de demander de l'aide. Là, il nous suffit simplement d'arriver par surprise et de braquer une arme sur eux. Même si ils sont bien armés ils feront comme nous tous, ils chieront dans leur froc. Le courage et l'héroïsme ont un prix bien plus élevé que les 1 600 euros par mois gagnés en uniforme... ou par un camionneur.
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Loᥒdrᥱs Dᥱ Foᥒoᥣᥣosᥲ
Fanfiction9 braqueurs. 4 histoires d'amour. 3 cadavres. 1 plan. 1 braquage. Bonjour, ou bonsoir. Mon nom est Ivana Pedraza. Mais appelez moi Londres, c'est ça mon vrai nom. Vous devez vous demander pourquoi je vous parle aujourd'hui. Je veux tout simplement v...