Chapitre 20

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               Je retourne dans la salle de pause avec Berlin. Sur le chemin, aucun de nous ne parle. Je ne sais pas du tout quoi dire. Je lui en veux, ça c'est une certitude. Je vais mettre du temps à digérer tout ça. Quant à cette gamine, il y a deux solutions pour elle, soit je la bute soit je ne fais rien, pour la simple et bonne raison qu'elle doit être terrifiée. La première solution me semble adéquate. Mais évidement, Londres, tu es la gentille, tu protèges le reste du monde de Berlin, ne devient pas comme lui.
               Dans la salle se trouve Rio, qui est assis dans le grand fauteuil à regarder le micro perianal de Raquel, Nairobi, Denver et Tokyo, assis autour de la table. Moi, je suis assise à côté de Denver et donc en face de Nairobi et Berlin reste debout en bout de table.
- Camarades, dit-il. Après mûre réflexion je tiens à vous présenter mes excuses pour avoir menti.
               Au mot « excuse », Nairobi arrête de manger et regarde consécutivement Berlin et moi, dans l'incompréhension là plus totale.
- L'inspecteur a raison, continue Berlin. J'ai une maladie dégénérative. Une vrai merde. Et mes jours sont comptés, mais... je ne cherche pas à vous attrister.
               Nairobi a l'air sous le choc mais je ne sais pas pour qui elle est la plus triste, moi ou Berlin. Berlin se dirige vers l'armoire et attrape cinq verres. 5, pas 6, un en moins pour moi.
- Encore moins à vous inspiré de la pitié. Il s'agit finalement d'une maladie qui touche une personne... [il attrape une bouteille qui doit contenir de la tequila] sur 100 000. Ça me rend donc spécial [il remplit les verres]. En fait je veux vous inviter à trinquer.
               Il prend un verre et le lève, il prend un moment avant de continuer à parler.
- Nous mourrons tous un jour [je lui souris tendrement]. Et je trinque à ça. Car nous sommes en vie. Et parce que ce plan est juste parfait.
               Il rit, je ris aussi. Pour faire redescendre la pression.
- A la vie
               Tout le monde prend un verre, tout le monde sauf Rio qui n'a pas bronché depuis le début, et moi.
- Et pour le plan.
               Tout le monde trinque et boit cul sec. Dans la pièce, règne une atmosphère triste, presque morbide. Rio en sort.
- Londres. Tu ne bois pas ? me demande Tokyo en re déposant son verre sur la table.
- Non. je pose une main sur mon ventre. Il vaut mieux pas.
- T'as mal ? demande Denver comme un enfant encore innocent de tout les maux de la terre, je ris.
- Non Denver. Je suis enceinte.
- Oh merde ! fais Tokyo en éteignant sa cigarette.
- De... de Berlin ?! lance Denver presque dégouté.
- Exactement, répond le premier concerné.
               Je pense que eux non plus ne savent pas comment réagir. Entre l'annonce de Berlin et la mienne, ça doit être compliqué de se décider.

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               Je suis dans le deuxième coffre avec Monica, je suis venue pour vérifié sa température et ses bandages, mais surtout pour me confier. Je commence à lui expliquer ce qui s'est passé avec le petit agneau quand on entend des cris. Je me lève et ouvre la porte du coffre. Ce sont des cris de joie. Je ne rassure même pas Monica avant de sortie du coffre et je me rapproche du bruit. J'entends la radio, Moscou crie « TERRE » et tout à coup j'entends également Tokyo sur Helsinki. Je comprends vite qu'on a atteint notre but et je me précipite vers le troisième coffre. Je vois Moscou sauter de joie avec Tokyo, et Helsinki avec de la terre en main. Je m'arrête un moment pour regarde la scène puis me jette vers le trou pour prendre la terre, comme si on avait trouvé le Saint Graal. Tokyo et Moscou dansent toujours et Helsinki m'attrape par surprise pour me faire danser avec lui. Berlin arrive en pleine action. Il se laisse emporter sur cette musique. Cette musique qui est la notre. Celle de la Résistancia.
- E seppellire lassù in montagna.
               Il entre en chantant dans le coffre. A côté de moi, Helsinki joue de la guitare avec son arme. Toujours en chantant, Berlin attrape de la terre, Tokyo lui donne des fessées avec les billets. Berlin se tourne vers nous et m'attrape dans ses bras en riant. Denver arrive en courant.
- Qu'est-ce qui se passe ici ? demande-t-il avant de s'en rendre compte.
- La terre ! crie presque Moscou en montrant le trou.
               Quand la musique reprend tout le monde se regarde avec impatience et se met à chanter.
- Tutte le genti che passerano. Oh bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciao
               Tout le monde sort du coffre et on commence une ronde en chantant toujours plus fort. Nairobi arrive en se rajoute à la troupe pendant que Tokyo lance des billets au dessus de nos têtes. Je vois tout le monde rire, sourire, danser chanter. Et ça me suffit pour oublie tout ce qui va mal et penser à vivre. Être vivant, c'est ce à quoi je penses quand je vois Berlin sourire. Il me prend dans ses bras et m'embrasse comme si nous avions gagné la coupe du monde.
               Nous n'avons jamais été aussi heureux. On a réussi. Nous sommes seulement dimanches et nous avons atteint la terre. Les presses tournent à pleins régime. Et on baisse notre garde. 

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               Laissez moi maintenant le plaisir de vous parler de ce qu'il arrive à Rio. Je vous ai parlé de « Éclair ». Et bien à l'intérieur du micro se trouvait un enregistrement des parents de Rio lui expliquant que si il coopère, il aura une remise de peine. Rio a donc appelé Raquel. Et le voilà au centre d'un dilemme cornélien. Tout dire à la police, aller moins longtemps en prison et faire foirer le plan, ou rester fidèle à ses amis, épouser Tokyo et partir aux Canaries.
               « Ils tenteront de vous appâter avec un avenir meilleur, une courte peine, un à deux ans. « Diviser pour régner ». Cette devise a permis à une petite ville d'Italie de s'emparer du monde entier. Napoleon s'en est servi. Aujourd'hui, elle aide la police. Elle essayera, à la première occasion, de tenter l'un de nous. C'est au bout de 48 heures que tout commencera. L'angoisse, le pessimisme. C'est à ce moment-là qu'ils cibleront le maillon faible. C'est à dire Rio. Notre faiblesse n'est pas en nous. Elle est dans ce que nous avons dehors. Sauf que, lorsqu'on vous approchera, vous aurez commis six à huit crimes. Aucun juge ne vous garantira la liberté. Le seul qui pourra vous libérer, c'est moi. »
               Avec tout ça en main, Rio sait quoi répondre pour déstabiliser la police.
               « Braquage a main armée, deux à cinq ans. Atteinte à la liberté, séquestration, négociation de la libération de quatre policiers, 40 ans. Piratages des alarmes, cybercriminalité. Ça va chercher dans les 6 à 24 mois. Trouble à l'ordre public, dû au braquage, un à six ans. Et avec les otages, ça se complique. Ils seront 67. Le code pénal impose six à dix ans pour chacun d'eux. Nous les avons touché. Blessures corporelles, ça peut aller jusqu'à huit ans pour chacun. Nous parlons de... si le juge est sévère, ça fera 724 ans. Requis par le procureur, et le minimum qu'il peut vous offrir sans ridiculiser la loi est 173 ans. Alors ne soyez pas dupes. Les codes pénal sont des règles du jeu pour chaque pays. »
               Alors, Rio applique ce plan à la lettre près. Et la seule chose qu'il demande, est une grâce présidentielle.

Loᥒdrᥱs Dᥱ FoᥒoᥣᥣosᥲOù les histoires vivent. Découvrez maintenant