Chapitre 25

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               Je ferme la porte du bureau lentement. Je me souviens quand Oslo la surveillait... il va mourir, c'est ce qu'il y a de mieux pour lui. On ne peut pas le voir mais je suis sure qu'il souffre, celui qui doit souffrir également c'est Helsinki. Il s'accroche à une dernière étincelle de vie, je pense pouvoir appeler ça de l'espoir. Je déteste l'espoir, ça fait mal, on s'accroche à quelque chose qui n'existe même pas. Pour, à la fin, lâcher prise et retomber dans la réalité, la dure réalité de la vie. Il n'y a que ça, on ne doit croire qu'en ça. Sinon, la chute est douloureuse.
               Berlin me jette un regard réprobateur quand il me voit entrer, mais se détourne rapidement de moi pour se servir un nouveau verre de vin, j'ai bien fait de garder le mien.
- Oui ? demande-t-il en s'asseyant sur son fauteuil en cuir.
- Non. je réponds, m'asseyant face à lui. Pourquoi, avec toi, tout fini par partir en vrille ?
- Tout c'est très bien passé.
               Il lève son verre vers moi et boit une première gorgée. Il a un air innocent, pourtant je suis persuadée il se rend compte de la raison pour laquelle nos collègues sont remontés contre lui.
- Bien passé ? Berlin, le Professeur ne répond plus !
- Je sais ! s'écrie-t-il.
               C'est donc ça. En réalité il a peur pour le Professeur. Il doit se demander ce qui lui arrive, là dehors. Moi aussi, je me le demande. Mais quelque part, Berlin a raison, pour réellement s'inquiéter, il nous faut attendre cinq heures. J'attrape la bouteille de vin et en remplit mon verre, regardant autour de moi.

Tolède : un mois plus tôt.

               On vient de finir de manger, la nuit vient de tomber sur Tolède et la musique résonne à présent dans la grande maison. Sur tout nos visages s'affichant un grand sourire et Tokyo me tire par la main pour que je me lève, afin de danser avec elle. A côté de nous, Denver et Rio entament une valse. Le Professeur et Berlin nous regardant chanter avec un œil bien veillant et un sourire tendre. Tandis que Nairobi chante à gorge déployée.
- Guantanamera ! Guarija Guantanamera !
               Tokyo me fait tourner sur moi même et, au lieu de me rattraper elle laisse Moscou réceptionner. L'homme a un sourire heureux collé au visage. C'est pourtant celui qui est le plus terre à terre, qui ce rend le mieux compte que dans un mois jours pour jours, il sera entrain de creuser un tunnel dans un des coffres de la Maison Royale de la Monnaie d'Espagne. Malgré cela, il est peut être le joyeux de tous. La musique change pour une plus... comment dire... singulière.

               Moscou me lâche, comprenant qu'il n'est peut être pas le meilleur pour me guider sur cette « mélodie ». Sur le visage de Rio se dessine un grand sourire en voyant Tokyo twerker à quelques mètres de lui, Nairobi se met à danser en compagnie de Helsinki. Quant à moi, même si Denver se met à faire son fameux rire et que le professeur fait mine de danser en bougeant comme il le peut, malgré qu'il doit se sentir mal alaise, je ne suis plus dans l'ambiance. Mon regard a croisé celui de Berlin et ne veut plus s'en détacher. C'est seulement quand la musique change à nouveau que je sors de mes pensées. C'est à présent une chanson américaine qui résonne à nos oreilles. Une chanson d'amour. Comme quoi, le destin prévoit toujours tout.
               Je m'approche de Berlin et tends la main vers lui pour l'inviter à se lever. Après une courte hésitation, il finit par m'accorder cette danse sans même un regard pour le Professeur. En quelques micro-secondes, je me retrouve collée à Berlin, une main sur son torse, l'autre serrée dans la sienne. Mes yeux se lèvent doucement jusqu'à rencontrer les siens, je rougis comme si c'était la première fois. Sans que l'on s'en rende compte, tout nos amis se sont rassis. Plus rien ne compte à cet instant, plus rien sauf la main de Berlin posée sur me hanche, ses yeux bruns et Whitney Houston qui chante notre amour. Berlin se baisse pour déposer un baiser sur ma joue avant de chuchoter à mon oreille de sa voix grave et douce à la fois.
- Mi amor.
               Nos collègues braqueurs ont les yeux braqués vers nous, ils attendent. Je ne sais pas vraiment quoi. Peut être un baiser, un je t'aime qui nous échappe. Le Professeur aussi nous regarde. Je pense qu'il sait.

C'est à ce moment là que le Professeur comprit. Il comprit que rien ne se passerait comme il l'avait prévu. Tout basculerait une fois à l'intérieur, l'amour, les otages, la haine. Tout ferait tout basculer.

Maison de la Monnaie. Dans le bureau de Berlin.

- Tout était plus facile il y a encore cinq jours. je lui lance.
               Il se lève de son siège en cuir et se met à genoux devant moi en prenant mes mains.
- Tu as vu ce que tu me fais faire ? me demande-t-il.
- Te mettre à genoux. C'est ton devoir.
               Je lève fièrement la tête en me faisant la plus grande possible.
- C'est moi le chef ici, répond Berlin.
               La porte s'ouvre alors derrière nous et Tokyo entre dans la pièce, affolée.
- Il s'est passé quelque chose.
               Berlin ne pose pas de question et suit Tokyo. Je leur emboîte le pas. Aucun de nous ne parle et je ne peux faire autrement que me poser des questions. Si on repense à la dispute d'il y a quelques minutes, celui doit concerner le Professeur... ou pire.
               Nous arrivons dans la salle aux téléphones, la télévision est allumée et tout le monde la regarde, leurs mines sont soit tristes, soit inquiètes. Je crois mal voir alors je m'approche de la télé. Ma gorge se serre et j'agrippe le bras de Nairobi, à côté de la quelle je suis maintenant.
« Plus de 50 agents se sont rendus à Tolède, dont l'inspecteur en chef, le sous directeur général de le GÉO et des agents de la Scientifique qui travaillent dans une maison qui, d'après nos sources, pourrait être le lieu où les cambrioleurs ont fait... »
               Et au milieu de ce beau plan, le Professeur. Je tourne les yeux vers Berlin, on aurait sans doutes dû écouter les autres.
- Il a été arrêté. dit Tokyo.
- Il l'interroge dans la maison ! lance Rio qui semble plus inquiet que tout les autres.
               Et en plein milieu d'une des phrases de la journaliste, la tv s'éteint et l'image du Professeur au milieu des policiers fait place à un beau « NO SIGNAL ».
               On est dans la merde.

Loᥒdrᥱs Dᥱ FoᥒoᥣᥣosᥲOù les histoires vivent. Découvrez maintenant