Chapitre 29

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Tout est allé si vite que je ne sais ni quoi faire ni quoi penser. Je reste là à regarder le vide pendant que Nairobi fait un compte rendu de la situation au Professeur. Je regarde Berlin, étendu sur la table. Pourquoi je ne vais pas l'aider ? Je n'en sais rien, j'en suis incapable.
C'est seulement quand Nairobi raccroche que je sors de son état végétatif. Alors, je cours vers lui et touche le sang qui s'écoule de la plaie de Berlin. Les larmes me montent aux yeux mais je les réprimes et me retrouve vers Nairobi.
- Je... qu... je commence. Je suis avec toi Nairobi.
Elle me fait un signe de tête pour me remercier, et sort de la pièce. Helsinki m'aide à amener le blessé jusqu'à son bureau et soigner sa blessure.

Helsi enroule le bandage autour du crâne blessé de Berlin. J'ai enfin réussi à me calmer et je suis assise face à mon bien aimé. Pendant que je vérifie son bandage, Nairobi entre dans la pièce.
- Berlin. dit-elle. Nous sommes en train de couler. Le plus important, à mes yeux, c'est de sortir de là en vie et sans autre erreur.
Tout en parlant, elle avance jusqu'à la fenêtre qui communique entre la pièce où nous nous trouvons et celle où se trouve les otages. Et ferme les stores.
- A toi de me dire, continue Nairobi. Tu es avec... ou contre moi ?
Berlin la regarde. Il est énervé, ça je le sens, et en même temps il a envie de réagir.
- Am Stram Gram, commence-t-il, pic et pic.
- Et colégram, fini la jeune femme en posant son pied entre les deux jambes de Berlin.
- Je suis avec toi, Nairobi, dit enfin Berlin. Jusqu'à la mort. Je vais suivre ton coup d'état. Et je dois avouer que ça m'excite de servir une femme qui a tout d'une déesse.
Je tousse et lève les yeux aux ciel. Comme je l'ai déjà dit, tout fini par mal tourner avec lui.
- Incline toi devant cette déesse car c'est elle qui a ta morphine, lance Denver.
Je lève les yeux vers lui pour la première fois depuis qu'il est entré dans la pièce. Et je ne peux m'empêcher de lâcher un :
- Pardon ?
Tout le monde se tourne vers moi.
- Oui ? demande Nairobi.
- Je veux être en charge de la garde de son traitement, je réponds avec conviction.
Nairobi ne répond pas tout de suite avant, elle regarde Denver.
- Écoute. Je comprends pourquoi c'est toi qui l'aie. Mais la plus part du temps je suis avec Berlin. Et si il lui arrive quelques choses, je veux être là !
Elle met quelques secondes avant de m'autoriser à récupérer la morphine. Je la range dans le bon tiroir que je ferme à clef et je me rassois.
- Berlin, lance Nairobi. Parle nous du plan Tchernobyl.
- Le plan Tchernobyl... est un plan désespéré mais magnifique. Lâcher des ballons remplis de billets depuis le toit et les faire exploser pour déclencher une pluie merveilleuse et appeler les médias.
- Comme le défilé de noël mais avec des billets de 50 euros, dit Denver.
- C'est ça, Tchernobyl ? demande Nairobi.
- Une foule qui ramasse les billets, semant le chaos parmi la police. Imaginez. Un milliard d'euros tombant du ciel.
- Et on s'échappe dans la cohue, j'ajoute.
Pour seule réponse, Berlin rigole.
- Le Professeur est un idéaliste, continue-t-il. Le message compte plus que l'argent. On a un timing à respecter.
Moscou entre dans la pièce et prévient qu'il prend une pause, Helsi s'avance pour aller prendre se place
mais je l'arrête, embrasse Berlin en caressant sa joue. Et, juste avant de passer la porte, je me tourne vers Nairobi.
- J'ai confiance en toi.
Je sors de la pièce.

Pendant que nous marchons, Moscou me jette quelques regards inquiets. Au bout d'un moment, j'en ai marre donc je finis par lui demander, excédée.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- C'est que... commence Moscou.
- Que ?
- Ça va trop loin, Londres.
Je souffle du nez.
- Je sais, je confirme. Mais maintenant que le Professeur est revenu, tout va bien se passer.
- Il me semble que tu avais déjà dit ça vendredi, dit-il.
- Oui mais cette fois, j'en suis sûre. Le Professeur va suivre le plan.
- Le plan Cameroun ?
- Le plan Cameroun.

Maison de Tolède, 2 mois plus tôt.

Nous sommes tous autour de la grande table ronde qui se trouve au milieu de la pièce principale. Nairobi est partie chercher des bières, Tokyo est appuyée contre le mur et je suis derrière Denver, une main posée sur son épaule, tout les autres sont assis.
- Parlons d'un truc, lance le Professeur. Comment expliquer... Tu aimes le football ?
- Oui, répond Denver.
- Bien sur !
- Dans mon pays le football, c'est énorme !
- Bien. Imaginez un match. dit l'homme à lunettes.
- Encore le foot ? demande Nairobi en s'asseyant après avoir distribué les bouteilles de bières.
- Non non ! Nairobi écoute moi. C'est un match de Coupe du Monde. Le Brésil contre le Cameroun. Qui gagne ?
- Facile !
- Le Brésil !
- Ou plutôt... fini le Professeur. Qui voulez vous voir gagner ?
- Le Brésil gagne, c'est sûr. Mais je supporte le Cameroun. dit Moscou.
- Le Cameroun
- Oui
- Le Cameroun, bien sûr. ajoute Nairobi.
- Cameroun pour moi aussi, je lance.
- Si vous observez bien, explique le Professeur. Instinctivement, les humains choisissent toujours le plus faible. Les perdants. Si nous montrons nos faiblesses, nos blessures, si nous sommes sur le point de nous rendre, cela produira... un frémissement.
- N'importe qui qui n'est pas brésilien serait pour le Cameroun, dit Moscou.
- Même quelques brésilien, je confirme.
- Et brésilienne, ajoute Nairobi.
- Alors ! Au Cameroun !
- C'est comment ce chant ? Cameroun Cameroun Cameroun !
               Alors, tout le monde se met à chanter ce chant dédier au Cameroun tout en trinquant !

               Quand j'y pense, ça me rend heureuse. Ça me rappelle quand c'était facile, moins douloureux, quand on était ensemble. C'était il y a seulement quelques jours, pourtant ça me semble si lointain.

Maison de la Monnaie, environ une heure plus tard.

- On passe au plan Cameroun
               Nous nous retrouvons à nouveau autour d'une table. Mais l'ambiance est différente. Nous avons perdu des hommes, trop d'hommes. Tokyo a été éjectée, Oslo est mort, Rio est game over, Berlin est la... mais plus tellement et Moscou creuse.
- Nous allons relâcher les otages de la cave. Et un journaliste et un caméraman seront là pour le filmer, nous explique Nairobi. Quelqu'un devra donner une interview. Ma proposition... c'est toi, Rio. elle s'abaisse vers lui. Je comprends ta colère. On a besoin de toi. Tu es emphatique.
- Moi ? Passer à la télé ? demande le jeune homme. Pour que Tokyo me voit depuis sa cellule, tout sourire, donnant une interview en faisant comme si de rien n'était ?
- Il a raison, j'ajoute. C'est un otage.
- Fais le toi ! dit Denver en ma direction.
- Pour le coup vous pouvez m'oublier ! Qu'on me voit de temps en temps, d'accord. Mais je ne donne pas d'interview.
- Tu serais parfaite ! dit Nairobi.
- J'ai des principes, je ne parle pas à la presse
- C'est bon je le ferai ! se dévoue Denver. Je suis un pleurnicheur-né non ?
- Pas du tout, c'est plutôt top qui fait pleurer les gens, répond Helsinki en riant. Je le ferai. Sans trop parler, mais je le ferai.
- Tu pourrais le faire, mais non, lâche Nairobi. Je le ferai... avec un masque.
               Berlin se met a rire. Depuis le début de cette discussion, il n'avait rien dit, attendant le premier faux pas de Nairobi.
- Un masque ? demande mon amant en riant. Pour une interview en direct ? Qui sommes nous ? L'ETA ? Des djihadistes ? Non... il se lève et se met à genoux devant l'aquarium. Cette interview doit être faite à visage découvert. Pour que tout l'Espagne voie nos yeux... sente notre souffle, ressente notre souffrance et notre peine.
- Très bien. annonce Nairobi. Tu vas le faire. Mais... [Berlin se lève] il y a un problème. S'il y a bien un homme chez qui je n'ai jamais vu de peine, c'est bien chez toi. Berlin.
- Nairobi. Tokyo n'est pas là et Rio et moi refusons. Laissez faire Berlin est là meilleur des choses à faire.
- Je serais un bon maître de cérémonie.
- Elle a raison. Il est bon interprète, renchéri Helsinki.

Loᥒdrᥱs Dᥱ FoᥒoᥣᥣosᥲOù les histoires vivent. Découvrez maintenant