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Double update pour fêter les 1k. Faut remercier xxenaeco mdrr.
❤️

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- À table !

Je finis de boucler mes affaires en vitesse.

- J'arrive, je réponds.

Je soupire. Va falloir que je descende ma valise, elle pèse une tonne. La prochaine fois je préparerai mes bagages avec soins. Je le jure. Au moment où je commence mon périple, le skate m'échappe et dévale les escaliers. Au moins ça tombera pas plus bas.

Le pire c'est que je vois pas grand chose devant moi alors je descends marche par marche. C'est beaucoup trop long à mon goût.

Une fois ma tâche finie, je m'affale sur le canapé. Depuis toujours, on a prit la très mauvaise habitude de ne jamais se servir de la table qui est dans la salle à manger.

Je saisis l'assiette que me tend mon père. C'est horrible, j'ai même pas faim. Je me contente de jouer avec les petits poids. Je les pousse avec ma fourchette. Je préfère les plats bien gras. De loin. Peut être qu'au fond je déprime un peu. Ça me faisait du bien d'être de retour à la maison.

- Ce serait pas mon tee-shirt que tu portes ? Je demande ça par hasard bien évidemment, lance mon père.

Je ris face à son ironie, effectivement c'est le sien. Il est mille fois trop grand, tout délavé et tout déformé. Y'a même un trou dedans, du coup je suis obligée de le rentrer un peu dans mon jean. Au moins on aperçoit toujours le logo AC/DC qui est imprimé dessus. Malgré tout j'adore ce vieux bout de tissus.

- S'te plait je peux le garder ?, je fais la moue.

Mon père hausse les sourcils, il n'est pas convaincu par mon petit manège. Je le supplie mais ça ne fonctionne toujours pas. Il ne me laisse pas le choix, je vais devoir sortir mon arme fatale. Je me penche vers lui et lui fais un énorme bisou sur la joue.

Il souffle et je souris. J'ai gagné.

- Mais t'as pas intérêt à le porter quand tu fais des cochonneries !, il râle.

Je ris. Je ne suis pas sûre qu'un vieux tee-shirt ferai de l'effet à un mec. Ça m'intrigue. Faut que je demande à Antoine alors je prends une photo.

À Joli-cul : "Question de vie ou de mort. Tu penses à quoi là ?"

J'en profite pour jeter un coup d'œil à mon portable, pour vérifier l'heure

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J'en profite pour jeter un coup d'œil à mon portable, pour vérifier l'heure. Il est temps de se rendre à la gare. Je regarde mon père. Silencieusement on se dit qu'on s'aime, qu'on va se manquer. Les mots n'ont jamais été utiles pour nous.

Le trajet en voiture se fait toujours sans bruit. Au bout d'un moment je trouve que c'est gênant alors je branche mon téléphone à la radio. On peut trouver tous les défauts du monde à cette bagnole, mais on peut pas cracher sur ses enceintes. D'ailleurs ç'est la seule chose à laquelle mon père prête attention. Se tuer les tympans, certes, mais il faut le faire bien ! Au final c'est un peu comme le dicton "peu importe le bol, pourvu qu'on ait l'ivresse". Sauf que là c'est plus "peu importe la caisse, tant qu'on ait du bon son".

J'ai pas besoin de chercher longtemps avant de trouver une musique qui détendra l'ambiance. Je lance Whole Lotta Love, de Led Zeppelin. Mon père augmente le volume au maximum et on gueule les paroles à fond. On a l'air de deux ados déchaînés. Enfin, y'en a un beaucoup plus vieux que l'autre mais c'est un détail.

C'est grâce à mon père que j'aime autant tout ce qui ressemble de près ou de loin à du hard rock. Il m'a transmis sa culture musicale. Il nous a toujours emmenés au Hellfest, mon frère et moi. Et ce dès notre plus jeune âge. Je me souviens qu'il aimait bien dire à tout le monde que ses enfants savaient pogoter avant même de marcher.

Quand notre route est sur le point de se finir, je mets Nothing Else Matters de Metallica. C'est un message que j'adresse à mon père et il le sait. Il est ému, ses yeux brillent. Bientôt c'est à mon tour de sentir les larmes monter.

" So close no matter how far / Couldn't be much more from the heart ", dit la chanson.
Si proches, peu importe la distance / Ça ne pouvait être plus proche du cœur.

Je tente de me ressaisir. Allez, c'est pas comme si je quittais la maison pour la première fois. Et puis ma vie est ailleurs maintenant. Mais je dois avouer qu'avec les événements - l'accident de mon frère, Calvin - je ressens un peu plus le besoin d'être proche de ma famille. Du moins, celle qui me reste.

C'est avec regret que je me sépare de lui. Chacun de nous fait tout pour ralentir le temps mais c'est impossible de le faire indéfiniment. Maintenant, c'est l'heure. Je monte dans le train à reculons.

Une fois assise dans le wagon, je fixe mon père. Il fait exactement la même chose, comme quoi on est similaires sur pas mal de trucs. Au moment où le train démarre je ne peut plus le voir, le TGV va trop vite. J'ai le cœur gros. C'est con, parce que je sais que je vais le revoir mais je ne peux pas m'en empêcher.

Je souffle. Je ne connais qu'un seul moyen pour me vider la tête, là, maintenant. Alors je visse mes écouteurs dans mes oreilles, prête à sombrer dans le sommeil pour toute la durée du voyage.

Bécane - LomepalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant