- Comment tu vas faire avec ton plâtre ?, je demande.
Il rit et un éclair de malice passe dans ses yeux. J'adore quand il est comme ça. Heureux et spontané.
- T'inquiète je gère, il rit.
J'avais pas remarqué mais il ne porte pas son attèle. Il a dû l'enlever avant de quitter mon appart'. J'ai bien envie de l'engueuler, il ne guérira jamais si il ne suit pas correctement le traitement. Au final je me résigne, ce con est assez grand pour décider tout seul.
- Prête à monter sur ton carrosse, il me susurre dans l'oreille.
Je me mors la lèvre en observant la bécane jaune. Sa petite surprise me remonte le moral.
- Mais comment t'as fait pour trouver une Peugeot 103 ? Je croyais que ça existait plus.
Il hausse les épaules et me tend un casque. Je grimace, j'ai toujours détesté enfiler ce truc. J'espère au moins qu'il est pas plein de poux.
- On y va ?, il demande.
Je dois lutter pour ne pas sauter partout. Vraiment. C'est la meilleure idée qu'il pouvais avoir.
À l'instant où Antoine enfourche la bête, je laisse échapper un gloussement. Merde, c'est ridicule. Ça le fait rire alors que je suis morte de honte.
- Fais gaffe tu vas avoir un orgasme, il se moque.
Son sourire s'élargit un peu plus, ce mec est vraiment con. À cet instant il est vraiment beau avec ses yeux qui pétillent. Je secoue la tête et va m'asseoir derrière lui avant que les choses ne dérapent. J'ai l'impression d'être redevenue une ado.
Mon cœur loupe un battement quand il démarre. J'adore entendre le ronronnement du moteur.
- Accroche toi. J'ai pas envie de devoir t'emmener à l'hosto, il raille.
Je lui donne un coup de pied mais ça ne le déstabilise pas. Au contraire, il rit toujours plus. Il me fatigue. Sans blague, c'est l'hôpital qui se fout de la charité.
Je passe mes bras autour de lui. J'en profite pour laisser reposer ma tête sur son épaule. J'inspire son odeur, j'y avais jamais fait attention avant. En fait il émane de lui un parfum super apaisant, une sorte de chaleur agréable. Bon on va pas se le cacher, il dégage aussi un truc sexuellement attirant mais ça je pense que c'est surtout dans ma cervelle.
On commence à rouler alors je relève les yeux et observe. Je suis pas sortie souvent dans Paris la nuit et c'est vachement beau. Enfin on va dire que les fois où je me trouvais dehors à cette heure, j'étais pas trop en état de regarder la route.
Les enseignes lumineuses brillent par centaines, c'est magnifique. Il y a les lampadaires aussi. Je ne pensais pas qu'il y en avait autant. Ça remplace les étoiles. Au final, avec un peu d'imagination c'est comme si on roulait dans le ciel. En plus, y'a presque personne dans la rue alors c'est vachement silencieux.
Au bout d'une éternité, Antoine freine à un feu rouge. C'est trop vite à mon goût mais on reprend la route aussi rapidement qu'on s'était arrêtés.
- On peut aller voir la Tour Eiffel ?, je demande.
Au début je ne suis pas sûre que Joli-cœur m'ait entendu mais au bout d'un moment il hoche la tête et bifurque. Je sais que ça craint de vouloir voir ce monument là, ça fait vachement touriste. Mais j'y peux rien, la tentation était trop forte.
Je ressert un peu plus mes bras autour d'Antoine quand il s'engage dans un rond-point. Je le soupçonne d'avoir fait exprès de l'avoir prit serré. Au loin j'arrive à apercevoir la tour de fer.
Il pose le pied à terre, on est arrivé alors on retire nos casques. Je fais la moue. Elle est éteinte, j'arrive pas bien à cacher ma déception.
- Eh fait pas cette tête.
Il regarde son téléphone. Satisfait, il affiche un sourire.
- Regarde.
Il me relève le menton avec sa main. Je grimace quand son plâtre griffe ma peaux.
- Désolé, il rit.
Au début je crois qu'il va m'embrasser mais au dernier moment il tourne ma tête. Je retiens mon souffle pendant qu'Antoine ricane de plus belle. La tour vient juste de s'allumer, elle scintille. J'avais oublié qu'elle se rallumait à 1h.
- C'est bien un truc de meuf ça, il raille.
J'aimerais lui coller mon poing dans la gueule mais le spectacle qui s'offre à moi est trop parfait. Je vais quand même pas gâcher cet instant à cause de ce con.
Au bout de 10 minutes les lumières s'éteignent pour de bon, mon cœur se serre. Après un silence je me retourne vers Antoine. Je tire sur son pull pour qu'il se penche vers moi.
- Merci, je lui murmure dans l'oreille.
Il ne dit rien et ferme les yeux. Toujours en silence, je baisse la tête. Je souris quand je remarque qu'il bande. Putain, il lui faut pas grand chose. Il se décale et me fusille du regard.
- Arrête de te moquer, il râle.
Il se retourne. Je lève les yeux au ciel, j'en ai marre qu'il se vexe toujours. Je l'empêche de remettre son casque et je l'embrasse. D'abord il est surpris puis il se détends. Ses mains caressent mes cheveux quand je m'écarte.
- On va chez moi ? Ta mère va gueuler si tu la réveille en rentrant.
Il sourit en me fixant. On sait tous les deux qu'elle n'en à rien à faire, son fils est grand. Antoine se rapproche lentement, ses yeux sont plongés dans les miens. Putain mon cœur loupe un battement. À force de faire ça, il va me tuer.
- J'ai de l'or dans les couilles. Il faut me sucer pour le croire, il susurre.
J'avoue que la disquette est pas mal, je me demande si c'est lui qui l'a inventée. On explose tous les deux de rire puis on reprend la route en silence.
Pour la première fois, je crois que j'aimerais qu'Antoine soit autre chose qu'un plan cul. Je me mords la lèvre, au fond ça me fait peur.
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Bécane - Lomepal
FanfictionL'histoire de Clémentine Artaud, étudiante de 23 ans, et d'un jeune rappeur, Antoine dit "Lomepal". Et si le skate pouvait briser une vie, mais aussi en reconstruire une ? "Tout allait mieux quand on roulait sur ma Peugeot 103" Un chapitre posté pa...