Je soupire en lisant encore une fois le sujet. "La révolte féminine chez Malika Mokeddem, Nina Bouraoui et Maïssa Bey".
Génial. Sérieusement je me demande pourquoi j'ai choisi d'écrire mon mémoire là-dessus. Le thème est cool mais à la longue c'est répétitif. Rapidement, je referme mon ordi. Flemme de bosser, c'est pas aujourd'hui que j'avancerai sur mes écrits. À quoi bon s'acharner quand ça ne sert à rien ? Vivement la fin de l'année, je suis pressée de l'avoir ce putain de diplôme.
Je me lève du canapé. Il fait plutôt beau aujourd'hui alors j'ai bien envie d'aller dehors. J'enfile mes converses et prends la planche d'Antoine. J'attrape aussi une veste, histoire de pouvoir mettre mon portable dans une poche. N'allez pas rêver, je l'enfile pas, je me contente juste de la nouer à ma taille.
Dans le métro je n'hésite pas une seconde et prends la 5. J'ai pas envie de me casser la tête à chercher un bon spot pour skater alors je choisis la facilité. Je sais qu'en un gros quart d'heure je serais à la place de la République.
Écouteurs dans les oreilles, je lance un album des Strokes. Les musiques de ce groupe m'envoûtent totalement, à chaque fois j'ai envie de danser et chanter. C'est à contre cœur que je me retiens. Certes, je m'en fous des gens mais j'ai pas spécialement envie de passer pour une folle dans les transports en commun.
J'arrive à ma station et descend, jusque là tout va bien. Sauf qu'au passage des portes, ma planche tape une vieille et elle se retourne. J'ai bien envie de rire mais je me retiens en voyant qu'elle me fusille du regard. Pourquoi les gens prennent tout mal ? Je m'excuse vaguement. J'aurais dû la coller en sortant pour la faire chier encore plus.
Dès que j'arrive en haut des marches, je pose mon skate à terre et donne une petite impulsion qui me permet d'avancer. J'enchaîne plusieurs tricks et me fait plaisir, je vais du simple Flip aux Wallies, en passant aussi par le 360. Ça fait du bien. Je pensais que ce serait beaucoup plus dur de retourner ici, après tous les évènements. Mais c'est pas la première fois en 6 mois que j'y vais, au final je pense que ça rends les choses plus faciles.
Au bout d'un temps je fatigue alors je me contente de rouler simplement. Je ferme les yeux un instant et savoure. Putain, c'est ça la liberté.
Je m'éloigne un peu de la foule, j'ai envie de me sentir plus seule. Paris est une ville énorme, y'a toujours du monde partout. Mais malgré tout t'arrive à t'isoler, à ignorer les gens. C'est pour ça que j'aime autant la capitale, pour rien au monde je la quitterais. Même si elle a beau avoir quelques inconvénients, elle a surtout de gros avantages. Ceux qui disent le contraire sont des cons. Ou alors, ils ne comprennent rien à la vie.
Ça fait un petit moment que je me laisse aller et je remarque que je suis arrivée dans le boulevard du Temple. Je plonge mes mains dans mes poches. Avec la droite, j'attrape mon téléphone pour changer de musique.
Je cherche dans ma bibliothèque mais aucune chanson ne me tente. Je soupire. Je suis à deux doigts d'abandonner et de continuer ma route en silence quand je me rappelle que les gars font du rap. Curieuse, je tape le nom d'Antoine sur internet pour retrouver le nom de scène qu'il s'est donné. Je trouve rapidement. Lomepal.
Joli-cœur a sortit quelques EP. Je choisis celui qui m'attire le plus visuellement, ODSL. Sa pochette me fait un peu penser aux spirales de Pettibon. Faut que lui demande si c'est fait exprès.
Je lance les chansons en mode aléatoire, si bien que je tombe en premier sur Achille. Je me contente d'écouter les paroles en balançant ma tête sur le rythme doux.
En remettant mon téléphone dans ma veste je remarque qu'il y a un autre truc dans ma poche. Je le touche, ça a l'air plutôt cylindrique. Je le sors et souris. C'est un joint de Doum's ou de Deen, je sais pas trop. Peut être même que c'est à Antoine. Je ne sais même pas comment il a atterrit là. Je l'observe longuement, il est tellement bien roulé, c'est sûrement l'œuvre du black.
Pensive, je finis par avoir un coup de blues. Antoine m'avait dit une phrase, quand on se connaissait à peine. Je m'en rappelle encore. "Les joints c'est pour empêcher les larmes de couler, le scotch c'est pour les choses irréparables".
Putain c'est tellement vrai.
À la recherche d'un briquet, j'accoste quelque passants. Au bout de trois tentatives, un gentil monsieur assez âgé me prête son feu. Je le remercie et m'en vais.
Lorsque je tire ma première taffe, Oyasumi retentit dans mes oreilles. Ce morceau est super beau.
"Non je suis pas immortel même si j'ai un peu de succès. Chérie c'est peut-être la dernière fois que tu peux me sucer"
J'ai besoin de voir Antoine. Maintenant. L'esprit embrumé, je me souvient qu'il m'a dit qu'il était seul ce soir, Yassine devait aller à une soirée. Alors je me dirige vers la bouche de métro la plus proche.
Je sais pas trop pourquoi mais j'ai envie qu'il soit près de moi. Je veut sentir sa peau contre la mienne, sa langue me caresser, ses mains me toucher. Qu'il soit rien qu'à moi l'espace d'un instant.
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Bécane - Lomepal
ФанфикL'histoire de Clémentine Artaud, étudiante de 23 ans, et d'un jeune rappeur, Antoine dit "Lomepal". Et si le skate pouvait briser une vie, mais aussi en reconstruire une ? "Tout allait mieux quand on roulait sur ma Peugeot 103" Un chapitre posté pa...