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- On y va ?, je demande.

Antoine acquiesce et se relève. Je fais de même est balaie le sable qui reste sur mes vêtements. C'est degueulasse et en plus ça gratte. Franchement, on aurait pas pu faire une plage avec du béton ? Pendant que je me bat avec les petits grains, mon acolyte pianote sur son téléphone.

- Henry m'a dit qu'ils sont a une fête de la musique pas loin, il lance.

Ça peu être pas mal, surtout que j'ai aucune envie de me coucher. Contrairement à ce qu'on pourrait croire en regardant le ciel sombre, il n'est pas si tard que ça dans la nuit.

Je récupère la planche que je me suis achetée hier. Deen serait fier de moi, cette fois j'ai pas passé vingt ans à choisir la couleur. Au début j'avais pas forcément prévu d'en racheter une tout de suite, mais quand on est passé devant un skateshop j'ai pas pu résister. D'ailleurs Joli-cœur s'est bien foutu de ma gueule - soit disant que je suis faible. Je jure que s'il n'y avait pas eu tous les gars, je l'aurais tarté.

- Tu mets l'adresse dans le GPS, je propose.

Antoine brandit son téléphone avec un petit sourire victorieux, l'air de dire "trop tard je l'ai déjà fait". Je lève les yeux au ciel, sa fierté à la con me fatigue.

Doucement, on roule en silence vers notre destination. Au passage j'en profite pour faire quelques figures de skate. Joli-cœur a exactement la même idée que moi, ça me fait sourire. On traine pas ensemble pour rien.

D'ailleurs, on est quoi lui est moi ? Plus je me pose la question et moins j'en connait la réponse. On est plus totalement amis mais on est pas en couple non plus. Je ne sais même pas si je veux réellement quelque chose de sérieux avec lui. C'était tellement plus simple quand on faisait que coucher ensemble, sans vraiment se reparler le lendemain. Juste un plan cul et rien d'autre.

Je souffle. Si je commence à me prendre la tête la soirée va être foutue.

Je sors de mes pensées quand j'entends des basses résonner au loin.

- On est arrivé je pense, lance Joli-cœur.

Y'a pas mal de monde. À force d'observer le public j'arrive à trouver Yass et les autres.

- Là-bas, je montre.

L'équipe Paz est en plein milieu de la fosse improvisée. Genial, on va galerer à la rejoindre.

À force de jouer des coudes, on arrive à les atteindre. On s'est fait insultés un milliard de fois par des cons beaucoup trop bourrés mais quand je commence à onduler dans la foule je me dis que ça valait le coup.

Totalement déchaînée, je danse à en perdre haleine et ça fait rire les gars.

- Putain Clem en fait t'assure, raille Marca.

Tiens, c'est presque la première fois qu'il me parle lui. Il est super sympa mais je sais pas pourquoi on a pas trop eu l'occasion de discuter. C'est peut être parce qu'il est toujours en train de s'asticoter à droite à gauche, scotché à son skate. Pire qu'Antoine.

Les musiques s'enchaînent si bien que je ne sens plus le temps passer. C'est vraiment une putain de bonne idée d'être venu ici. L'espace d'un instant j'en oublie mes problèmes. Plus de Calvin, plus de fac. Il n'y a plus que la foule, les gars et moi. Le reste à entièrement disparu.

Un nouveau morceau démarre et il ne me faut que quelques secondes pour reconnaître Breed de Nirvana. Les yeux pétillants d'excitation, je lance un regard à Antoine. Je crois qu'il vient de réaliser qu'il est dans une sacrée merde. Ouais, va falloir me ramasser à la petite cuillère.

Je cris à m'en peter les cordes vocales et saute comme une demeurée. Je ne compte même plus le nombre de personne à qui j'ai dû écraser les pieds. On peut pas dire que je culpabilise, si ces gens ne sont pas contents ils n'ont qu'à aller se faire foutre. C'est tellement bien. J'ai beaucoup trop chaud alors je retire mon pull. Spontanément des photos se créent un peu partout. Putain, je suis lessivée. Ça fait tellement de bien d'écouter de la bonne musique.

Malheureusement le morceau se termine bien trop vite.

Alors que je reprends mon souffle, les premières notes d'un slow résonnent. Mouais, je suis moyennement convaincue. Je ne sais pas qui a imposé l'ordre des morceaux mais ce qui est sûr c'est que cette personne est clairement incompétente. J'ai envie de continuer de sauter, pas d'un truc calme. Je fais la moue. J'étais beaucoup trop motivée, je déteste que l'on casse mon délire de cette façon.

Bécane - LomepalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant