2 - réécrit

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- C'est pas degueu ton truc, je lance.

Le mec qui m'a invitée affiche un rictus. Putain si il continue d'adopter un air supérieur comme il le fait en ce moment, on va vite se fâcher.

J'avale une nouvelle gorgée de Spritz. Ça fait un moment que j'essaie de déterminer la composition de cette boisson. Sauf que j'y arrive pas et ça commence un peu à m'agacer. En même temps, c'était prévisible. Avec tous les whisky-coca que je me suis enfilée, j'ai la bouche largement anesthésiée.

- Y'a quoi dedans ?, je demande en désignant le verre.

Si ça se trouve, c'est une boisson qui démonte la gueule et je ne m'en rends même pas compte.

- Euh c'est de l'apérol et du prosecco, c'est italien.

Bien, ça m'avance pas du tout. Apérol, je vois à peu près ce que c'est mais l'autre... D'ailleurs, mon acolyte doit remarquer que je suis paumée car il enchaîne :

- C'est du vin blanc pétillant.

Ah, tout s'explique. Il aurait dû commencer par là. Sauf que j'imagine qu'il aime se la raconter, avec son prosecco de merde.

- Et ça - il désigne la rondelle de fruit -, c'est de l'orange. ORANGE.

Il sourit et part dans un fou-rire. Très bien. Au lieu du prolo misogyne j'ai eu le droit à un connard ce soir. Belle pêche.

- Tu trouves ça drôle ?, je m'énerve.

En voyant ma tête, il fronce les sourcils.

- Rooh, ça va fait pas la gueule ! C'était une blague.

Je finis mon verre d'un traite et le repose sur le comptoir. Mon estomac a accepté le breuvage sans mal, c'est plutôt bon signe. Je me lève et pars vers la piste. J'ai juste le temps d'entendre le « putain mais t'es sérieuse ! T'as tes règles ou quoi ? » que prononce celui qui m'a offert le Spritz.

En fait j'avais tord tout à l'heure, parce qu'en plus d'être un con, il est machiste.
Je cherche Abi du regard mais vu l'heure elle est déjà partie. Pas grave. Perdue sur la piste je me contente d'onduler encore plus.

De loin, j'aperçois mon « camarade » qui marche dans ma direction. Quand il arrive à ma hauteur, j'encercle sa nuque pendant qu'il passe les mains sur mes hanches et se plaque contre mon dos. Il est peu être chiant mais j'ai rien d'autre à faire ici, alors autant essayer de bien s'entendre.

- Au fait tu t'appelle comment ?

J'adore quand il me le susurre à l'oreille comme ça. Ce mec à tout compris. Si il avait pas autant un caractère de merde, je lui demanderais son numéro.

Il attend toujours la réponse à sa question, alors je me retourne. Il a laissé ses mains autour de moi, elles encerclent ma taille. Nos nez se frôlent, si bien que quand je parle mes lèvres touchent presque les siennes.

- Moi ? Clémentine.

Je continue encore plus proche :

-Et toi ? Je demande langoureusement.

Il se mord la lèvre, j'aime tellement quand ils font ça. Surtout que ce mec a des toutes petites dents sur le côté. J'avais pas remarqué avant mais c'est putain de sexy. Si il refait ça, il va me tuer.

-Eh bien mon n...

Derrière je vois Abi s'esclaffer. Finalement elle est pas encore partie. C'est malin, c'était tout à l'heure que j'avais besoin d'elle et pas maintenant. Sérieusement, elle est jamais là quand elle le doit.

Ma pote me lance un clin d'œil entendu en mimant un geste un brin lubrique. Histoire de s'assurer que j'ai capté le message. Ça me fait rire. Elle peu être con parfois. Elle part alors je reporte mon attention vers mon acolyte de la soirée.

-C'est bon tu peux arrêter de faire semblant, je vois bien que t'écoutes pas, il lance.

-C'est bon tu peux arrêter de faire semblant, je vois bien que tu sais pas danser, je réplique.

Le mec me jette un regard noir. L'air de faire genre que j'ai blessé son ego. Ou alors il fait vraiment pas semblant. Oups.

- Oh c'est bon me regardes pas comme ça, je lève les yeux au ciel.

P'tit con. J'arrive pas à me mettre d'accord avec moi-même : un coup c'est un con, un coup je l'aime bien. Enfin, j'arrive pas à le cerner quoi.

- C'est ridicule comment tu glousses, il raille.

Je m'arrête d'un coup, effectivement il a pas tord. Je ne m'en étais pas aperçue. Ça craint. Peut-être que le Spritz est pas une boisson très forte, il n'empêche que ça fait pas redescendre mon taux d'alcoolémie.

Je prends le temps de le détailler le mec deux secondes, histoire de me calmer. De me concentrer sur quelque chose pour que ma tête tourne moins. Sauf que c'est l'effet inverse qui se produit. Ce mec est vraiment beau, mon esprit est encore plus embrumé qu'avant. Merde.

- Sei una donna molto bella, il lance.

Quoi ? Je fonce les sourcils. D'accord j'avoue que je suis un peu bourrée hein, mais je sais un minimum reconnaître du français. Et là c'en était pas.

- En gros ça veut dire que t'es bonne, il raille.

D'accord. Je dois le prendre comment ? Finalement, je me décide assez rapidement.

- On va chez moi.

Ça sonne pas vraiment comme une question mais il accepte, un grand sourire sur les lèvres. Et ça fait encore plus ressortir ses petites dents. Putain.

Et le pire, c'est que ça me fait aussi sourire comme une débile.

Bécane - LomepalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant