Décidée à bouder, je soupire en rentrant dans la voiture. C'est la première fois que j'utilise ce moyen de locomotion avec Antoine, ça me fait bizarre.
J'entends l'autre con qui hisse ma valise tout en jurant, soit disant que cette merde est trop lourde. Il gratifie sa remarque d'un "si les femmes se laissaient fourrer autant qu'elles fourrent leur valise, ce serait le pied". Je serre les dents. Heureusement pour lui qu'il est derrière la voiture sinon mon poing aurait atterri bien trop vite sur sa face de babtou.
Pour m'occuper l'esprit je visse mes écouteurs et lance un album. Cure d'Eddy De Pretto fera l'affaire. Ça change de ce que j'ai l'habitude d'écouter mais j'aime bien. Sa voix est vachement captivante, singulière. C'est exactement le genre de truc que mon frère aurai adoré. À l'évocation du souvenir de Calvin, je ne peux empêcher les larmes de me monter aux yeux. Putain, pas maintenant et surtout pas devant Antoine. Je tente de les refouler en détournant la tête, soudainement bien plus absorbée par le paysage que je ne le suis d'ordinaire.
Intérieurement, j'espère juste que le trajet en voiture ne sera pas trop long. J'ai pas vraiment envie de passer plus de trois heures seule avec l'autre con dans seulement 3 mètres carrés. D'ailleurs, Joli-cœur rejoint le siège conducteur et démarre le véhicule. C'est maintenant que je remarque qu'il n'a plus son plâtre ni son attelle, il était pas censé les garder deux mois ?
Ça me brûle les lèvres de demander où on va. Sauf que je ne peux pas, je suis sensée faire la gueule. Au bout d'un moment je n'en peux plus alors je craque. Putain, je suis lâche.
- Tu compte me kidnapper ou me dire où tu m'emmène ?, je bougonne.
Ouais je sais, j'ai l'air ridicule. Une pauvre gamine.
- Tu verras, il lance.
Je secoue la tête, cette réponse ne me convient pas.
- J'te préviens si tu réponds pas je sors de la voiture et je crie.
- Essaie toujours, il explose de rire.
Il m'énerve.
- Tu crois quand même pas que je vais te laisser faire ?, je lève un sourcil.
Pour toute réponse, Joli-cœur hausse les épaules. Son mutisme commence à me casser les couilles. J'ai bien compris qu'il n'est pas décidé à céder or je n'ai pas encore dis mon dernier mot. Je le fusille du regard mais ça ne change rien.
Il ne me reste qu'une solution et cette technique s'avère souvent infaillible.
Je pose ma main sur sa cuisse.
- Tu sais c'est pas grave si tu ne dis rien. J'abandonne, je lui murmure dans l'oreille.
Évidemment c'est faux, je n'abandonnerais pas. Je reporte mon attention sur la route et entame lentement des mouvements de va-et-vient avec ma main, remontant toujours plus haut.
Quand je tourne légèrement la tête vers lui, je remarque qu'il serre la mâchoire. Fière de moi, j'esquisse un petit sourire. C'est en train de fonctionner. Franchement les mecs, arrêtez de penser qu'avec votre bite deux secondes. Je reconnaîs que des fois ça a son avantage mais à la fin c'est soûlant et en plus ça se retourne contre vous. La preuve.
- Clem arrête.
Au contraire, j'intensifie mon geste. Lorsque je sens qu'il n'en peux plus, je presse ma main contre son barreau. Je vois qu'il essaie de se retenir.
- On va à l'aéroport, il souffle.
Il cède bien trop facilement, j'explose de rire. C'est pas possible d'être aussi prévisible, bordel.
- Avec qui ?, je demande.
D'abords il secoue la tête négativement avant de finalement avouer.
- L'équipe Paz.
Quoi ? C'est qui ça encore ? Je fais la moue, à ce que je comprends il n'y aura pas Deen. J'espère au moins que je connais quelqu'un d'autre qu'Antoine qui fait parti de cette fameuse "équipe".
Joli-cœur semble lire dans mes pensées car il ajoute :
- Y'a Yassine que tu connais et les autres...tu verras qui c'est quand on serra dans l'avion.
Je hoche la tête. Au pire, ça va me faire du bien de connaître de nouvelles personnes, de nouveaux visages. Je prie juste pour que ces mecs ne soient pas tous aussi chiant qu'Antoine. Sinon je crois que ces vacances improvisées vont être longues, déjà que le voyage va être lourd.
Je n'ai absolument rien pris pour m'occuper et en plus de ça, mon téléphone n'est pas chargé à 100%. Ça fait clairement chier, surtout que j'ai pas de batterie externe.
Tout ça c'est de la faute d'Antoine. Après tout, quelle idée de débarquer comme ça chez les gens et de les expédier par avion je ne sais où. J'en aurai vraiment vu de toutes les couleurs avec ce con.
Mais je me détends quand on arrive devant Roissy. Finalement ce n'est peut être pas une idée aussi pourrave, j'avoue. Mais j'ai trop de fierté pour l'admettre à voix haute. Bizarrement, j'ai le sentiment que ce putain de voyage est ce qu'il me faut. J'ai besoin de plus d'air, plus de distance.
J'espère juste que notre destination n'est pas à chier.
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Bécane - Lomepal
FanfictionL'histoire de Clémentine Artaud, étudiante de 23 ans, et d'un jeune rappeur, Antoine dit "Lomepal". Et si le skate pouvait briser une vie, mais aussi en reconstruire une ? "Tout allait mieux quand on roulait sur ma Peugeot 103" Un chapitre posté pa...