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À Deen : " Tu pourras venir me chercher à l'aéroport stp. J'arrive dans un dizaine d'heures je pense".

Immédiatement mon téléphone vibre, Papy accepte de m'attendre à Roissy. J'adore ce mec.

Je profite d'avoir mon téléphone en mains pour entrer l'adresse de l'appart' dans un GPS. Ça fait un peu plus d'une heure que je tourne en rond, je commence à en avoir assez.

Je regarde l'itinéraire proposé et je manque d'exploser de rage. Je suis à 10 minutes de notre logement. Sérieux ? Putain je suis même pas foutue de retrouver mon chemin alors que je ne suis qu'à deux rues de ma destination. Y'a pas à dire j'ai vraiment un sens de l'orientation à chier.

Message à tous les profs d'EPS : arrêtez vos cours d'orientation à la con, ils ne servent strictement à rien. La preuve.

Je roule et fait quelques flips, ça me détend. Arrivée face à l'appartement je souffle puis respire un grand coup. J'espère que les gars ne sont pas encore rentrés, j'ai pas spécialement envie de leur raconter pourquoi je me suis barrée. Puis honnêtement je ne suis pas vraiment pressée d'être confrontée à Antoine.

Je déverrouille la porte et entre dans l'habitacle. Manque de bol toute l'équipe est réunie sur le canapé. Je suis vraiment une personne poisseuse, j'en ai marre.

Je contourne les gars et évite Antoine consciencieusement. J'arrive rapidement dans ma chambre. Je soupire quand j'observe tout le bordel que j'ai dans ma penderie et sur mon bureau. J'aurais dû tout bien déballer au lieu de jeter mes affaires n'importe comment. C'est tout moi.

Je prends mon courage à deux mains et commence à faire ma valise. Mais je me crispe instantanément lorsque j'entends ma porte s'ouvrir.

- C'est moi Clémentine.

Je me détends d'un coup. Alas est super sympa, je sais qu'il ne va pas me poser de questions.

- Tu t'en vas ?

J'acquiesce mais j'ai la tête dans la valise alors je doute qu'il ait vu mon geste.

- Ouais. Je veux pas pourrir vos vacances sous prétexte qu'avec Antoine on se prend la tête, je réponds.

Je continue de ranger des vêtements dans mes bagages posés sur mon lit, le tout en silence. Putain, je ne sais même plus ce qui est propre ou sale dans mes affaires. Pas grave, au pire je ferai une grande lessive quand je serai de retour à Paris.

Ce qui arrive très bientôt. J'ai réussi à trouver un vol qui décolle dans deux heures. C'était pas trop cher alors j'ai pris mon billet.

- Je suis désolé, tout ça c'est de ma faute. Si je t'avais pas proposé ce slow...

Je secoue la tête et le coupe.

- Arrête de dire des conneries Alas. Antoine est le seul responsable. C'est son putain d'ego à la con et sa jalousie qui pourrissent notre relation, t'es aucunement responsable.

Il hausse les épaules.

- Et merci pour la danse. J'en avais rarement fait avant, je lance.

Alas sourit puis quitte la chambre. Ce mec est une crème, certains devraient prendre exemple.

Encore une fois la porte s'ouvre et je soupire. Si on vient me parler toutes les trente-six secondes je vais pas avancer rapidement dans mon rangement.

Je regarde vers l'entrée et vois Joli-cœur. Il se contente juste de me fixer, les mains dans les poches.

Je me retourne et fourre mes jeans dans mon bagage, j'ai presque fini. Finalement c'est plutôt cool qu'il y ait un poids maximal à ne pas dépasser pour l'avion, ça évite d'emmener trop de trucs avec soi. Sans cette restriction j'aurai sûrement déménagé presque tout mon appart' même si je me rends bien compte que c'est pas nécessaire. Mais y'a toujours des trucs à prendre au cas où, si il pleut, si il fait trop chaud, si il y a du vent.

Mais avec des "si" on refait le monde, alors faut savoir s'arrêter. C'est dans ce domaine là que mes capacités sont restreintes.

- Tu vas continuer à m'ignorer encore longtemps ?, raille Antoine.

Je fais volte-face même si je sais que cette conversation est perdue d'avance. Pour ne rien arranger je le fusille du regard.

- Tu te fout de ma gueule ? C'est toi qui fait de la merde, je râle.

J'avoue que j'y mets pas du miens pour améliorer les choses. Seulement, si l'autre arrêtait de jouer l'innocent ça me saoulerai un peu moins.

- Écoute Clem.

Il hésite puis fait un pas vers moi. C'est plutôt malin comme stratégie, maintenant je me retrouve coincée. Derrière il y a le lit et devant c'est son torse qui me barre le passage.

- La vérité c'est que quand je t'ai vue collée à un mec ça m'as gonflé, j'ai pas envie que tu partes. Ni maintenant ni jamais, il souffle.

Je lève les yeux au ciel. Ce "mec" c'est quand même l'un de ses potes, il devrait avoir un minimum confiance en lui. Puis ça prouve aussi que Joli-cœur n'a pas vraiment d'estime pour moi, je suis pas du genre à me taper un mec et tout son entourage. Il m'a déjà fait le coup de la crise de jalousie avec Deen, je pensais que ça lui servirait de leçon. Mais visiblement ça n'a eu aucun effet.

Je plaque les mains sur son torse et tente de le repousser mais il résiste. En plus de ça il me relève le menton et me force à le regarder dans les yeux. Il ne faut pas longtemps pour que mon regard dévie vers ses lèvres, puis sa barbe, et enfin vers ses iris marrons. Merde. Il est tellement beau, pourtant il n'est pas exceptionnel. Mais pour moi il vaut tout l'or du monde.

Putain, c'est pas le moment de craquer.

- Je tiens à toi, il murmure.

Il rapproche son visage lentement. Il plaque ses lèvres aux miennes mais cette fois c'en est trop. Je le pousse violemment, saisis ma valise d'une main, mon skate de l'autre et sors de la chambre.

J'arrive dans le salon et dis rapidement au revoir aux gars. Derrière j'entends Antoine qui me suit.

- Attends Clem pars pas, je t'aim...

Trop tard j'ai déjà claqué la porte de l'appart. J'ai même pas capté la fin de sa phrase. De toute manière je suis sûre qu'il me sortait encore une de ses veilles excuses bidons.

Bécane - LomepalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant