- Qui a parlé ?!
Je lève les yeux au ciel. Sérieux je vais pas supporter ça très longtemps, même si j'avoue que ça me fait un peu sourire. Et puis, franchement, on repassera pour l'accueil.
Je lance un regard désespéré à Antoine qui se contente de rire.
- Le mec qui vient de crier c'est Marca, il m'explique. L'autre c'est Alas puis Keroue et Henry.
Je jette un coup d'œil à la fameuse "équipe Paz", ils ont l'air gentils mais un peu boloss. En plus, je vais jamais retenir tous leurs noms. Certains sont bizarres, peut être qu'ils emploient leurs blazes couramment. En tout cas j'espère, parce que certains ont des pseudonymes à chier.
Quand j'étais gamine je me plaignais toujours de mon prénom. On va pas se mentir "Clémentine", ça fait un peu pays des bisounours. Puis je m'en suis pris pleins la gueule à l'école. Les gosses sont tous des tirants, je l'ai toujours dis. Finalement avec du recul je me rends compte que mes parents auraient pu faire pire. Avec le temps on s'y fait, ça me rassure de me dire que c'est mignon "Clem".
Je reporte mon attention sur la bande, ils ont presque tous des skates. En temps normal ça m'aurait plut, sauf qu'aujourd'hui ça me fout le seum alors je me contente de baisser les yeux et d'écouter la conversation des gars. À ce que j'ai compris on va au Québec. Plus précisément à Montréal. Pas mal, j'y suis jamais allée.
- Eh les mecs il est où Yassine ?
Si je me trompe pas c'est Henry qui a posé la question. Oui c'est bien lui, je me rappelle qu'un gars a évoqué le fait qu'il était magicien, c'est cool je trouve.
- J'sais pas. Attends je l'appelle, répond Antoine.
Il raccroche vite fait avant de nous dire que son pote arrive bientôt, soit disant qu'il est coincé dans les embouteillages. Faut être con pour prendre sa voiture à Paris, sérieux. D'accord le métro c'est bondé et c'est chiant, mais quand y'a pas de merde sur le trafic ça reste le moyen le plus sûr pour arriver à l'heure.
Et puis c'est con que Yass' et Antoine ne soient pas venus ensemble. Après tout ils habitent dans le même appart'. D'ailleurs c'est la mère de Joli-cœur qui va être contente, elle va avoir la paix pendant quelques jours. À mon avis, un peu de silence c'est pas du luxe quand on habite avec ces deux là. Je suppose que lorsque l'un fait une connerie l'autre doit suivre, ce qui fait que le moindre délire se transforme en un bordel monstre. Je parle d'expérience, ça tournait souvent comme ça avec mon frère.
Je fixe encore une fois le sol et essuie la larme invisible au coin de mon œil. Putain ils n'auraient pas dû m'emmener, je vais plomber leurs vacances. En plus je vais devoir annuler toutes mes séances chez le psy et je connais mon thérapeute, il va gueuler. À moins qu'on puisse faire des séances par téléphone ? Genre assistance à distance. Je sais pas.
Bon je dois avouer que ça m'arrange un peu de louper ces rendez-vous, je suis pas trop de nature à me confier. Sauf bourrée...mais ça c'est pareil chez tout le monde, ne mentez pas.
De Deen : "J'ai appris que tu partais princesse, profites. À ton retour promis Papy te fais de la mousse au choco".
J'esquisse l'ombre d'un sourire, ce mec est super attentionné. Et sa bouffe tue. Il peut te faire des croque-monsieurs tout pourris que, même ça, ça devient le meilleur truc au monde. À côté de lui je me tape la honte avec ma purée mousseline toute ratée. J'ai beau y mettre le moins de lait possible, elle finit toujours liquide et ça me saoule. Depuis j'ai abandonné et les plats pré-cuisinés sont devenus mes meilleurs potes. Je suis prodige dans la discipline "réchauffage culinaire". Je jure que ça existe, c'est même un sport extrême : l'art de faire dix-mille choses en même temps sans rien faire cramer.
- Clémentine ?
Je relève la tête et me retrouve face à Alas.
- Ça te dit de skater un peu ?
Je hausse les épaules. Foutre le sbeul dans un aéroport ça peut être pas mal. Ma planche est petée depuis longtemps, faut que j'aille en racheter une mais j'ai pas trop le cœur à ça. Je pique alors la planche d'Antoine ce qui me vaut un regard noir. Maman ne lui a pas apprit à prêter ses jouets ?
Je donne une impulsion à mon skate et roule. Le sol est lisse, c'est pas mal, sauf qu'une chute c'est vite arrivé quand le terrain glisse trop.
Je fais attention et fait quelques flips, c'est pas trop risqué et assez simple à faire. Alas toujours à mes côtés, j'entame une course. Malheureusement, en évitant la mamie qui passait devant nous, on se casse tous les deux la gueule.
- Eh les trouduc ! Yassine est là, on va enregistrer nos bagages.
J'hoche la tête. Au passage, je ne manque pas de faire un doigt à Antoine qui nous a interpellé. Après tout il l'a bien cherché, il n'avait qu'à pas nous appeler comme ça.
Je marche et jette un coup d'œil dehors grâce aux immenses vitres, prête à embarquer bientôt.
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Bécane - Lomepal
FanficL'histoire de Clémentine Artaud, étudiante de 23 ans, et d'un jeune rappeur, Antoine dit "Lomepal". Et si le skate pouvait briser une vie, mais aussi en reconstruire une ? "Tout allait mieux quand on roulait sur ma Peugeot 103" Un chapitre posté pa...