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J'aurais dû me bourrer la gueule.

Sérieusement. En plus, j'ai réellement hésité à m'acheter une bouteille. J'ai longtemps lorgné sur le Scotch. Seulement, je me suis dis que boire toute seule ça fait un peu alcoolos. Au final j'aurais peut être dû demander un joint à Deen, je suis persuadée qu'il aurait rappliqué dans l'heure.

Je roule dans la rue pour rejoindre mon appart'. Je ne suis pas sortie pendant trois jours, j'avais besoin de me remettre de l'enterrement. Rien que d'y penser me fait serrer la mâchoire, mais faut que j'aille de l'avant. Pas le choix.

Tout à l'heure, je faisais la loque sur mon canapé quand un gargouillement m'a fait émerger. Alors que j'étais dans ma - presque - sieste, l'appel du ventre à été plus fort que tout. Après tout, il était 15 heures passées et je n'avais toujours pas mangé. Normal d'avoir faim dans ces conditions. Du coup, j'ai pris mon courage à deux mains et je me suis levée pour me poster devant mon frigo.

Là, ça a été le drame : il était vide.

C'est comme ça que je me retrouve maintenant sur mon skate, tenant un sac qui provient de Franprix. Histoire de sortir un peu prendre l'air, j'ai fait mon plein de courses. Sauf que je n'ai acheté pratiquement que de la mal-bouffe. Je sais que c'est pas bien, mais je jouis presque quand j'imagine la glace vanille que je vais empiffrer d'ici deux minutes. Avec en plus le coulis de chocolat. Et la chantilly. Et les éclats de noisettes. Et...merde, faut que j'arrête.

Je monte les marches une à une, mon skate dans ma main gauche. Arrivée devant ma porte, je fronce les sourcils. Putain. J'ai plus faim d'un coup.

- Qu'est ce que tu fout là, je raille.

Il relève les yeux vers moi et me fixe. On ne s'est pas reparlé depuis que j'ai quitté précipitamment Montréal.

- J'avais envie que tu me lave les cheveux, il rit.

À l'instant où je fusille Antoine du regard, il perd son sourire niais. Je lui en veux depuis la dernière fois, quand il a décidé d'embrasser cette meuf juste pour se "venger".

- Pousse toi j'aimerai rentrer chez moi, je m'énerve.

Sans le regarder, j'insère la clef dans la serrure et je souffle.

- Clem. Je suis vraiment désolé.

Je l'ignore. Au fond de moi j'ai envie d'accepter ses excuses à la con, tout simplement parce que j'ai des sentiments pour lui. J'accepterai tout ce qu'il voudras, j'en suis bien consciente, mais pas si vite. C'est trop tôt.

Joli-cœur rentre dans mon appart. Je ne l'ai pas invité à entrer, je crois. Ça m'énerve.

- Je dois t'apprendre les bonnes manières ?, je râle.

Lorsqu'Antoine m'observe une lueur passe dans ses yeux. Malheureusement, ce scintillement laisse vite place à un voile de tristesse. À cause de moi. Merde.

- Clem, il supplie.

Il attrape mon visage et le rapproche du sien jusqu'à ce que nos fronts se collent et que nos nez se frôlent. Doucement il détends ses mains et il caresse mes joues avec ses pouces. Impuissante, je le laisse faire. J'aime tellement quand il me touche. Cette sensation m'avait manqué et je ferme les yeux, juste pour profiter.

- J'aurais jamais dû embrasser cette fille. J'en avais même pas envie. Chaque instants où j'étais avec elle je ne pensais qu'à toi, j'étais obsédé par toi, il souffle.

Je me détourne vivement, je sens ma détermination flancher. Faut pas. Pour me distraire, je range mes courses en silence. Antoine soupire, exaspéré. Tant mieux si ça le fait chier.

Bécane - LomepalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant