Chapitre 36

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Ce silence me terrifie. Il crie la vérité, celle que je ne veux pas voir, que je m'obstine à refuser de voir par peur. La peur me hante depuis quelques mois lorsqu'il est dans les parages. Elle me prend au cœur et aux tripes, me faisant trembler et sursauter dès qu'un de ses doigts touche ma peau blanche te frêle. La vérité c'est que je suis seule, au fond du trou, je n'ai personne pour me soutenir dans cette souffrance que je me force à cacher pour ma fille. Pour elle, je souffre, je me tue à petit feu, je ferai tout pour la protéger de cette être abominable. Il me fait déjà assez de mal comme ça, je ne supporterai pas qu'il arrive quelque chose à Lisa, ce serai un échec pour moi. Je suis seule, je n'ai plus d'amis, je n'ai même pas un chien ou une peluche à qui me confier. J'ai honte, honte d'en être arrivée là, à un stade aussi tragique. Je me cache sous des tonnes d'habits dès que je le peux, non pas pour cacher mes contusions et mes cicatrices, mais pour cacher mes remords, ma peine et ma honte qui se lisent sur mon visage et sur mon corps. Si je disparaissais aujourd'hui combien de personnes me chercheraient ? Ce nombre je le vois égal ou inférieur à zéro. Personne ne se soucie de moi, personne ne me tiens dans son cœur, je suis invisible aux yeux de tous, ma parole ne parvient pas aux oreilles de mes interlocuteurs, elle s'évade en cours de route, et ils tournent automatiquement la tête comme si je n'existais pas. J'ai envie de mourir, de me jeter sur les rails d'une voie ferrée et de me faire percuter par un train, de sentir ma chair être déchiquetée et mes os broyés par les roues du train. J'ai envie de me jeter dans la Seine avec un poids de 50kg et ne jamais remonter à la surface, de me sentir suffoquer, ne plus pouvoir respirer être en panique sous l'eau, et ne pouvoir rien faire. J'ai envie de sauter du haut de la Tour Eiffel et ne plus jamais voir le jour, écrasée par une voiture ou bien morte d'un traumatisme crânien et diverses autres fractures dans tous le corps. J'ai envie que la faucheuse vienne me planter un couteau dans la carotide et ne plus voir personne. J'ai envie de m'empoissonner comme Emma Bovary, de sentir ma poitrine haleter rapidement, de sentir ma langue toute entière sortir de ma bouche, de sentir mes yeux rouler en arrière et les voir s'éteindre à jamais comme deux lampes qui venaient d'exploser. Mais tout cela ne me ferait pas assez souffrir alors que je le dois. Je mérite une mort lente et douloureuse, sentir ma chair découpée et mon sang couler sur mon corps, sentir la douleur que je mérite tant pour avoir été une personne si horrible sur terre.

Lui seul est capable de me sauver, le seul qui a réellement pris soin de moi. Ses appels me manquent, ma voix si grave qui résonne dans mon oreille, tes mots d'amour tous les soirs que je n'entends plus quelque temps alors qu'ils me donneraient la force de me battre. Sans toi je deviens folle, je serais même capable de me couper l'oreille comme Van Gogh tellement mes mutilations sur mes autres membres ne me font plus souffrir. Mes démons ne me quittent plus depuis qu'il est parti, mais je le comprends il mérite bien mieux qu'une folle dans mon genre. Je ne fais que rêver de lui, j'ai en mémoire un reste de lui, de nos moments passés ensemble, et je regrette tout ce que je lui ai fait subir. J'aurais dût croire en lui, le pardonner, maintenant il ne me reste que mes rêves.

Gonçalo venait de renter. Il était parti emmener Lisa à l'école. Il entra en trombe dans la chambre et je fis de mon mieux pour laisser paraitre que je dormais encore. Il commença par ôter sa chemise et ses chaussures pour ne rester qu'en jean. Il se coucha à côté de moi, et commença à me caresser le corps meurtri par ses coups et ses blessures. Ses doigts flottaient et tournaient autour d'une trace de brulure qu'il m'avait infligée deux jours plus tôt. Des frissons de dégouts et de haine me parcouraient le corps tout entier. La sonnette de danger sonnait dans ma tête, l'envie de me mouvoir et de me mettre hors de sa portée était immense, mais pas plus que le peur qui m'abritait à ce moment-là. Savoir ses doigts moi, ou sur ma fille me dégoutait. Ces doigts qui me frappaient, me torturaient, me griffaient, mais je ne peux plus rien faire maintenant, personne ne connais mon malheur. Mon prince charmant s'est transformé en crapaud, sale, gluant, et menaçant qui va me faire périr.

Il commença à rigoler, très forts, trop fort pour que son rire malsain et machiavélique ne se fasse entendre dans toute la chambre, me compriment le cœur, et les entrailles les plus profondes de mon être. Je savais déjà ce qui allait se passer.

- « Petite salope, je sais que tu ne dors pas, pas besoin de jouer la comédie. »

Je ne pus riposter qu'un simple et misérable « Laisse-moi tranquille s'il-te-plait » ce qui le fit encore plus rire. Il marmonna un « Tu vas prendre chère salope » dans sa barbe avant de m'attraper par les cheveux et de me tirer en arrière pour venir m'embrasser sauvagement et douloureusement avant d'abattre sa main sur ma joue droite. Il ôta ensuite mon pyjama ainsi que mes sous-vêtements avant de se lever du lit et de se dévêtir complètement. Il envoya valser la couette quelque part dans la pièce avant de me monter sur le ventre et de caresser le haut du corps, je fermais les yeux, essayant de ne pas prêter à ses mains sur mon corps, et comptant les minutes qu'il me restait à subir pendant cet assaut. J'essayais de me préparer à la douleur atroce qu'il me provoquerait dès qu'il commencerait son affaire. Des larmes de rage coulaient sur mon visage, mais celles si furent rapidement remplacées par des larmes de douleur et de haine dès que je le sentis commencer à bouger en moi, je le sentais dans tout mon corps, chacun de ses minuscules geste de propageait en une atroce douleur dans tout mon corps. Quelques nombreuses et interminables minutes plus tard il se leva du lit quand il eut fini son affaire, se pressa pour prendre une douche, et se rhabilla. Il s'assit quelques temps pour me caresser les cheveux, me prendre dans ses bras, me demander pardon comme à chaque fois, me supplier de le pardonner. Selon lui, la plus mauvaise partie de son être prenait possession de lui, et il n'agissait plus avec raison. Ma tête se mouvait maintenant mécaniquement suite à ses paroles habituelles, et suite à cela, il se levait tout heureux et partait vers le travail.

Je restais un petit moment couchée le temps de me remettre de ce qui se passer. Je me levais direction la salle de bain attenante à la chambre, où je me fis couler un bain chaud pour me détendre et ou je pourrais peut-être me noyer. Je m'attardais sur mon corps meurtri, sur mes traces de mains autour de mon cou, sur ses griffures faites quelques jours plus tôt sur le haut de ma poitrine, sur la cicatrice son coup de couteau près du rein, des contusions un peu partout sur le corps, sur mes jambes en sang et pleines de cicatrices. Je faisais peur, je paressais un zombie. Le visage pâle, les yeux rougis avec d'immenses cernes, des bleus sur les joues creusés, les marques qu'il me laissait pour s'amuser. Je me retournai pour voir le sang couler sur l'arrière de mes cuisses. Ce sang provenait de mon anus, et de la déchirure qu'il venait de me provoquer. La douleur était insoutenable, je m'assis par terre un instant, mais ne pouvant rester dans cette position, je me mis dans mon bain, couchée, les larmes ne cessaient de se déverser sur mes joues. Petit à petit je sombrais, coulait dans cette eau qui devenait rouge. Je ne plus rien, je n'avais pas le force d'ouvrir les yeux, mes mais se tenaient tant bien que mal aux rebords de la baignoire, mes jambes flottaient dans l'eau comme si mon poids n'y faisait rien. Et puis soudain je sentis mes mains lâcher, mon visage entier sombra dans l'eau, je n'arrivais plus à respirer, je ne pouvais plus me mouvoir, mon corps ne répondait plus à mon cerveau, bien que celui-ci ne soit plus très rationnel. Je me sentis partir, un trou noir se forma, et je ne perçus qu'une voix autour de moi, je ne comprenais pas ses paroles, je distinguais peut-être quelqu'un crier mon prénom, je ne saurais le dire avant de sombrer complètement dans un trou noir.

FélinsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant