Le Reflet | Terminé |

Confusion

Ouvrant peu à peu les yeux, enveloppée dans une douce et étrange chaleur, je fixais avec intérêt la fenêtre de ma chambre, cachée derrière des rideaux sombres.

Les yeux posés sur les lourds morceaux de tissus qui cachaient la lumière du jour, je ne pus m'empêcher de frissonner, un souffle chaud se posant sur ma peau nue, de façon régulière.

Je mis un certain temps avant que l'information n'atteigne enfin mon cerveau. Je baissais les yeux sur mon corps, abandonnant la vision, ma foi forte intéressante, des rideaux, au profit de mon anatomie, entièrement dénuée de vêtements, seulement masquée par l'unique drap encore présent sur mon lit.

Putain de bordel de merde....

Je me retournais lentement, ayant visiblement peur de ce que j'allais découvrir derrière moi.
Et ce fut, sans réelle surprise hélas, que mes yeux se posèrent sur un certain démon, tout aussi nu que moi, la partie basse de son corps uniquement recouverte du même courageux drap, qui avait tenu bon malgré cette nuit.... mouvementée ?

Je déglutis péniblement. Bordel qu'est ce que j'avais encore fais comme connerie ?
Mon esprit ne tarda cependant pas à me fournir la réponse en image, me faisant rougir de plus belle, me remémorant la fougue avec laquelle le démon m'avait fais sienne.

Je secouais la tête, tentant de calmer mes hormones encore fébriles.
Je reposais mon regard sur le jeune homme à côté de moi, encore endormi.

Ses cheveux châtains, encore humides de sueur et en bataille, cachaient ses yeux clos.
J'eus la furieuse envie de les remettre à leur place, mais je m'abstiens.

Qu'allait-il se passer maintenant ? Lucifer avait eu ce qu'il voulait. L'union était complète, et la marque sur ma poitrine me le faisait bien comprendre, de même que mon bas-ventre encore douloureux, dû aux coups de bassins de mon amant démoniaque.

Sans un bruit, je quittais mon lit, enfilais rapidement ma culotte, négligemment balancée au sol, pas plus tard que la veille, ainsi qu'un T-shirt, appartenant au démon, mon haut étant complètement hors d'usage.

Je me faufilais jusqu'à dans ma cuisine, où je me fis couler un café long. Au fond de mon crâne, j'entendais Adonis pester, me maudissant.

Depuis que j'étais partie de chez Dylan, cette dernière semblait s'être calmée, et ne cherchait pas à reprendre le contrôle de mon corps.

Évidement ! Avec du sang de démon en toi, logique que je ne puisse pas avoir le contrôle !

Ne comprenant pas où elle voulait en venir, et essayant vainement de ne pas penser à l'épisode d'hier soir, je soupirais, me servant plutôt une grande tasse de café, sans sucre, afin de bien me réveiller.

« Dis moi chaton, tu comptes tout siphonner ou avoir pitié et m'en laisser un peu ? »

En entendant sa voix rauque, je me retournais, plongeant mes yeux dans ceux d'un démon, vêtu de tout et pour tout d'un simple boxer, affichant un air moqueur, malgré ses yeux marqués par le manque de sommeil dû à notre nuit passée à nous épuiser mutuellement.

« Alors bébé t'en as pas eu assez cette nuit ? Je sais que je suis beau comme un dieu mais là, on dirait que tu vas me bouffer tout cru. »

Ne faisant pas attention à sa dernière phrase, je lui lançais plutôt une pique en rapport avec sa question :

« Dis le mec qui demande du café tellement il est fatigué. »

Il continua de sourire, s'approchant de moi, venant déposer un chaste baiser sur mes lèvres, me faisant frissonner.

Il s'installa ensuite en face de moi, après avoir fouillé dans mes placards afin de me piquer un mug. Il prit du café, en tout en mélangeant le sucre qu'il venait de glisser dedans, murmura :

« Tu regrettes ?
- Et toi ?
- Réponds moi. »

Je le fixais sans daigner ouvrir la bouche.
Que pouvais-je bien lui répondre de toute manière ? Que non, je ne regrettais pas de m'être liée corps et âme à un putain de démon ? Que je ne regrettais pas d'avoir gémis le nom d'un ange déchu des cieux ?

J'étais encore plus perdue que la veille, lorsque je m'étais confiée à lui.
Je ne savais, il fallait le reconnaître, rien de ce qui allait me tomber dessus maintenant que je m'étais unie à lui.
J'avais peur, oui. J'étais terrifiée putain !

Incertaine, troublée, aliénée, et surtout, je craignais désormais ne plus pouvoir mentir sur mes sentiments plus longtemps.

Lucifer posa sa main sur la mienne, me faisant quitter mes pensées :

« Je ne regrette rien de ce qu'il s'est passé.
- Évidemment... »

Je soufflais, amère. Bien sûr, c'était tout bénéfique pour lui ! Il se tapait les femmes qui l'invoquait, que pouvait-il rêver de mieux ? Des rapports sans réelles attaches ni sans réels sentiments. Juste du sexe. Rien d'autre.

« Ce n'est pas vrai. Pas avec toi. »

Il plongea ses yeux dans les miens, répondant à ma question muette :

« Mon sang coule dans tes veines et le tien dans les miennes. Je peux tout entendre, tes pensées, ton cœur, et même ton essence vitale pulser à travers tes artères. Et il en est de même pour toi, si tu te concentres un minimum. »

Instinctivement, je posais ma main sur la petite entaille à la base de mon cou, où, quelques heures auparavant, le démon avait posé ses lèvres et fais glisser sa langue, aspirant quelques gouttes mon sang.

« Tu es la première avec qui je vais aussi loin Madi. Je veux t'aider, et maintenant que le lien est scellé, ça sera plus facile pour moi.
Nous allons tuer Adonis, pour que tu puisses vivre. »