Le repas

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« Mademoiselle, voici votre repas. Ah, je vais voir débrancher le cardiogramme ne bougez pas. »

Elle enleva les perfusions qui me maintenaient branchée à la machine et me sourit.
Plus de "bip" toutes les secondes ! Champagne ! Ah non, je suis à l'hôpital...

« Merci Johanna.
- Je ne fais que mon travail Mademoiselle. »

Elle partit et je soupirais de soulagement.
Brusquement, je me contorsionnais afin d'atteindre le mini serpent qui se promenait dans mon dos, m'arrachant de violents frissons. Je n'aimais pas qu'on touche ma colonne vertébrale, j'étais très sensible sur cette zone. Et la peau étrangement chaude du serpent contre la mienne n'arrangeait rien.

« Luc, arrêtes ça. »

Pour seul réponse, le reptile siffla, effleurant au passage ma peau avec sa langue fourchue. Brrr... J'allais me faire une bouillie de serpent si ça continue !

« Mh, s'il te plaît... »

Finalement, pour mon plus grand soulagement, ma main droite attrapa le reptile, l'ôtant de mon dos. Je soupirais de bonheur.

Je le lâchais sur mon lit, laissant le petit serpent cuivré reprendre forme humaine.... ou démoniaque selon le point de vue...

« T'as bien profiter sale ver de terre ?
- Sois pas mauvaise langue chaton. Avoues que tu aimais bien m'avoir dans ton dos.
- Non. Je peux manger en paix ou tu vas encore m'emmerder ?
- Je ne sais pas essaies. »

Je lui montrais très élégamment mon majeur droit, et pris une bouchée de mon plat. Purée et poulet. Un menu enfant sans doute.

Je mastiquais un instant et m'arrêtais. Mon dieu, c'était immonde !
Je pris une serviette en papier, gentiment fournie avec le plat et crachais ma bouchée dedans. Je comprenais enfin l'utilité des mouchoirs en papier sur les plateaux.

« Très distinguée dis-moi.
- Goûtes le plat et on verra si tu fais mieux. »

Il regarda un instant mon repas et répliqua :

« Hm, non sans façon. Je te le laisse comme le bon gentleman que je suis.
- Ouais, tu veux surtout me laisser mourir d'une intoxication alimentaire... »

Il me fit un sourire en coin. Bon bah, je vais devoir faire abstraction de mon pauvre estomac qui hurle de douleur a cause du manque de nourriture...

Lucifer était toujours assis sur mon lit, face à moi. En un sens, j'étais rassurée. Il s'était caché de l'infirmière, cela prouvait bien qu'il était réel et que mon cerveau n'avait pas été trop endommagé par la torture du démon...

Mon ventre gargouilla. Mes joues prirent une teinte coquelicot. Quand mes yeux rencontrèrent ceux, amusés, de Lucifer, je compris qu'il m'avait cramé. Et merde.

« Bon, si je veux pas que tu me claques entre les doigts, j'ai tout intérêt à te trouver à manger... »

Tout en disant cela, il s'était relevé. Je ne comprenais pas bien ou il voulait en venir.

« Tu vas où ?! »

Le démon s'était dirigé vers la fenêtre. Il me lança un regard étonné et répondit :

« Ça se voit pas ? Je vais chercher de quoi manger.
- T'es quand même au courant que c'est une fenêtre ?
- Oui et ?
- Et qu'il y a ce qu'on appelle une porte pour sortir. »

Il haussa simplement les épaules. Cependant, avant de partir, par la fenêtre donc, il se dirigea rapidement vers moi.
Aussi vite que lors de la nuit où il avait tué le cambrioleur. Et sans réellement comprendre ce qui m'arrivait, il déposa un chaste baiser sur mes lèvres. Avant que je ne puisse le gifler, il avait filé, laissant la fenêtre ouverte.

Abruti de démon !

Le Reflet | Terminé |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant