La nature profonde

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Mon sommeil fut chaotique.
Divers souvenirs, le plus souvent désagréables, avaient explosé en masse dans mon esprit.

Je n'arrivais pas à ouvrir les yeux, et de violents frissons parcouraient mon corps. J'avais l'impression d'être immergée, ma respiration était faible.
Je ne comprenais pas ce qu'il m'arrivait.

Alors, résignée, j'attendais la fin. J'espérais qu'elle puisse me délivrer de mes tourments...

Pourtant, après ce qui me semblait une éternité, mes yeux s'ouvrirent brusquement, et je me relevais aussitôt, respirant avidement, tentant de calmer le rythme effréné de mon cœur. Pourtant, j'avais mal dans ma cage thoracique. Vraiment mal.

Une main chaude se glissa entre mes omoplates, une autre se faufila autour de ma taille, plaquant mon dos contre un torse ferme.

« Respires doucement chaton, l'air ne va pas t'échapper. »

Décidant pour une fois d'écouter ses conseils, je fermais les yeux et pris de profondes inspirations. Après quelques minutes, je murmurais :

« Merci... »

Le démon embrassa le sommet de mon crâne et, tout en murmurant également, dit :

« La séparation est achevée ma belle.
Adonis est libre... »

Je sursautais, et, malgré son bras autour de ma taille, je me contorsionnais pour me mettre face à lui.

« Pardon ?
- Ton malaise. C'est Adonis qui a quitté le monde spirituel pour le monde réel.
- Elle est ici ?
- En toi plutôt.
- J'ai dormi combien de temps ?
- Deux jours mon chat. »

Je fis les gros yeux, ce qui décrocha un léger sourire au démon face à moi.
Pourtant, malgré sa beauté surhumaine, il semblait fatigué. Très fatigué.

« Tu es sur que tu as dormi ?
- Hm, pour tout te dire, pas tellement.
Tes crises étaient fortes et imprévisibles.
- Tu es en train de dire que tu as veillé sur moi ?
- Peut être. »

Devant mon regard suspicieux, le démon laissa échapper un bref rire, puis, l'instant d'après, ses deux bras vinrent entourer mon corps encore frissonnant, calant mon nez dans la nuque chaude de Lucifer.

« Méfies toi de Adonis. Elle ne veut pas ton bien.
- Et toi ? Tu veux mon bien peut être... »

Je sentis ses mains se crisper autour de ma taille. Il savait que j'avais raison. Il avait été le premier à m'envoyer à l'hôpital ou a me torturer jusqu'à l'évanouissement.

Alors, comment pouvait-il vouloir mon bien ?
Qu'importe son comportement actuel, jamais je n'oublierais les marques sur mon corps.

« Non. »

Le démon avait murmuré d'une voix éteinte et rauque la négative. Pourtant, il reprit doucement :

« Non, parce que même si je voulais ton bien être, je ne pourrais te l'offrir.
Je suis Lucifer, démon de l'orgueil, je ne peux pas apporter le moindre bonheur.
- Je m'en doutais... »

Je fermais les yeux, mais les rouvris presque aussitôt. Un frisson dévala mon échine, et une partie de mon esprit fut comme reportée au second plan. Quelqu'un venait de prendre possession de mon corps.

Cependant, même coincée dans un coin de mon esprit, j'entendais et voyais ce que l'autre entendait et voyait aussi.
Ce fut donc sans peine que la voix de Lucifer porta à mes oreilles :

« Bonjour à toi, Adonis.
- Salut Luci, ça va faire longtemps. Ravie de pouvoir enfin revoir ta petite tête de fouine.
- Plaisir non partagé sale sangsue... »

Mon corps, ou plutôt devrais-je dire, notre corps, quitta celui du démon supérieur, et d'une démarche chaloupée, se rendit dans la salle de bain.

A présent face au miroir, flambant neuf je précise, Adonis ne put s'empêcher de geindre :

« Quelle honte. Faire de notre corps une décharge pareille ! Autant de tatouages, et de vêtements atroces... »

Adonis, si mon apparence physique ne te convient pas, tu peux aller te faire voir !

« Allons chérie, surveilles ton langage ! »

Ta gueule !

« Enfin, maintenant que ton corps me sert de réceptacle, je vais pouvoir m'amuser un peu. »

Que comptes-tu faire ?

« Tu verras bien. »

Écoutes moi bien saloperie ! Jusqu'à maintenant, tu pourrissais mes nuits, je passais outre. Mais maintenant, ne t'avises même pas de foutre la merde dans ma vie diurne !

« Ce que tu peux être chiante... »

Allons chérie, surveilles ton langage !

Adonis ne prit même pas la peine de répondre, préférant regarder dans la glace, lançant un regard amusé à Luc, sagement accolé dans l'embrasure de la porte.

« Alors voilà ce que tu vas faire Adonis ?
Tu penses pas que Madison en a assez bavé comme ça ?
- La vie ne serait pas amusante sans petits piquants. »

Quittant la salle d'eau, poussant au passage le démon de l'orgueil, Adonis retourna dans ma chambre, et commença à fouiller dans ma penderie.

« Bon sang, il n'y a donc aucune robe ?! »

Excuses moi de préférer les pantalons... après je peux te proposer un T-shirt en guise de robe. Ça ne te changerait pas de d'habitude...

Un premier vent.

Ou sinon un pyjama short/débardeur, non ?

Une second vent.

Ou peut être une chemise de nuit taille 8 ans...

Pire que des vents. Une rafale... ou un cyclone, au choix...

Le Reflet | Terminé |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant