Profiter

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J'ouvris brusquement les yeux.

Autour de moi, tout semblait calme.
Ma chambre baignait dans la pénombre du début de matinée.
Je regardais mon téléphone posé sur ma table de nuit. Il était sept heures vingt et une.

Je frottais mes yeux encore brouillés par la fatigue et baillais.
J'avais à peine dormi cinq heures cette nuit.
Je soupirais et, me rendis compte d'une chose.

Une respiration autre que la mienne se faisait entendre dans la pièce.
Une montée de stress monta en flèche dans mon organisme, et je me retournais vers la source du bruit, découvrant un certain démon tranquillement endormi à mes côtés, sur MON lit. Fallait régler ce problème, ma chambre, c'était mon espace vital.

J'allumais ma lampe de chevet, et reposais mon regard sur Lucifer, me calant sur mon flanc droit afin de le voir dans le tordre le cou.
Quelques petites mèches tombaient sur son front, et je remarquais qu'il avait ôté son T-shirt avant de venir dormir.

À cet instant, il n'y avait plus de démon. Juste un homme fatigué qui dormait à poings fermés, avec un visage d'ange.

Devais-je le réveiller ? Le laisser dormir ? Moi-même me rendormir ?

Finalement, il décida pour moi, glissant négligemment son bras droit autour de ma taille, me collant à son torse dénué de vêtements. Sa main emmêla mes cheveux déjà bien endommagés par mon sommeil agité, et je l'entendus vaguement murmurer un petit "ne pars pas".

T'es bien gentil mon coco mais j'aimerais au moins éteindre ma lampe. Ma facture d'électricité putain !

Je songeais un instant que j'étais bien, là, dans le creux de ses bras. Mais l'image de Claire et lui dans une position... délicate me fit changer d'avis. Je me séparais de lui, lui faisant ouvrir les yeux.

Je me levais et quittais illico presto ma chambre, me rendant dans ma cuisine prendre un petit déjeuné.

Du café, des tartines grillées et du beurre.
Le strict nécessaire pour survivre.
A peine avais-je posé mes fesses sur la chaise que des pas me parvinrent aux oreilles.

« Bon matin à toi aussi. Dis moi ça t'arrive souvent de t'enfuir de ta chambre des l'aube en réveillant un honnête homme en train de dormir ? »

Je ne répondais pas. A quoi bon ?
A part gâcher mon petit-déjeuner, je n'en voyais pas l'intérêt.
Je me concentrais plutôt sur ma tartine de pain. Devant mon air absent, il se pencha à ma hauteur et déposa un léger baiser sur ma joue gauche.

« Refais ça et je te promets que tu ne pourras plus profiter de ta liberté soudaine. »

J'avais insisté sur le "profiter", lui faisant bien comprendre que je n'avais pas oublié son comportement d'hier soir.
A défaut de pouvoir le virer de chez moi, autant lui pourrir la vie.

« Oh, ne me dis pas que tu es jalouse.
- De qui ? De Claire ? Laisse moi rire pourquoi je serais jalouse d'une fille fausse de la tête aux pieds ?
- Hahaha. Qui aurait bien pu croire que tu étais de nature jalouse et rancunière ? Mais si ça peut te rassurer chaton, crois moi sur parole que c'est avec toi que j'aurais aimé profiter de ma liberté soudaine et non pas avec cette petite humaine aussi débile qu'une courge. »

Il s'était rapproché de mon oreille pour me souffler la dernière phrase, où il avait bien sûr insisté sur le "profiter". Œil pour œil, dent pour dent.

Néanmoins, je fis la sourde oreille et continuait tranquillement mon déjeuner.
Il recula, soupirant et quitta la cuisine, sans doute pour prendre une douche ou quelque chose du genre...

Le Reflet | Terminé |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant