Le Reflet | Terminé |

Vive douleur

« Ma mère... a voulu... s'unir avec toi ? »

Comme brûlée, je me détachais précipitamment des bras du démon. Des bras qui avaient sûrement accueilli ma génitrice.

« Oui, tu as bien entendu trésor. C'est de sa faute si ta "jolie" famille s'est déchirée. Elle a voulu coucher avec moi, alors qu'elle était mariée et mère d'une adorable petite fille de sept ans. »

Sept ans. Le début de mes rêves où Adonis jouait le rôle principal. Et si tout était lié ?
Je n'arrivais cependant pas a croire ce que le démon me racontait. Ma mère aimait mon père, avant qu'il ne devienne violent. Pourquoi aurait-elle voulu le tromper avec une créature démoniaque ?

« Tu mens. Ma mère aimait mon père.
- Ton père ? Cet ivrogne qui violentait et insultait ta mère ? Il me semblait pourtant que tu ne le portais pas dans ton cœur cet abruti...
- Tu as raison. Je le hais. Mais ma mère non.
- Pourtant c'est bien elle qui m'a proposé l'union. A croire qu'elle s'était renseigné avant de m'invoquer... »

J'étais écœurée. Ma mère n'avait jamais été réellement un ange. C'était un monstre capable de se transformer en ange...
Une larme glissa sur ma joue. Ça faisait mal de savoir la vérité.

« Ne pleures pas beauté. Tu es vraiment affreuse quand tu pleures...
- Fermes la abruti de démon à deux balles !! »

J'essuyais rageusement la petite larme qui avait coulé de mon œil et, prenant quelques vêtements au hasard, me changeais.

Il pouvait me voir en sous-vêtements, je m'en foutais royalement !
Une fois habillée, je ne pris pas le temps de prendre une veste. Je claquais plutôt la porte de mon appartement, entendant le démon hurler :

« N'essaies pas de fuir Madison, tu n'échapperas pas à la vérité ! Ni à ma présence !! »

Je courais. Je voulais partir. Loin de tout ça. Loin du démon, loin des souvenirs qui revenaient en moi. Je voulais abandonner. Refaire rentrer Lucifer dans le miroir. L'oublier. Lui et ses plans douteux.

Je courais toujours. J'arrivais soudain sur la place principale de la ville. Une belle fontaine y était installée, tout prêt d'un carrousel. Je m'assis sur le rebord de pierre de la fontaine, offrant mon dos au soleil.

Je baissais la tête, laissant mes cheveux recouvrir mon visage inondé de larmes. Je craquais. Pendant cinq ans, j'avais camouflé mes sentiments et mes secrets. Aujourd'hui, la cocotte laissait échapper toute sa vapeur.

Un nuage passa dans le ciel, cachant un instant le soleil. Le vent se leva, et les pigeons aux alentours s'envolèrent soudainement.

Argh. Un violent mal de crâne me prit, sans raison aucune. J'étouffais un hurlement.
La douleur s'intensifiait de plus en plus. J'avais l'impression que mon crâne allait exploser, et répandre au sol ma cervelle. Un liquide chaud dégoulina dans mon cou.

Je passais une main tremblante sur ma nuque, et, en la ramenant vers mes yeux, je vis que mes doigts étaient teintés de rouge. Je saignais.
Mon cerveau avait peut-être décidé de fuir son logis par mes oreilles ?

Un autre gémissement de douleur s'échappa de mes lèvres. Pourtant assise, je glissais du rebord de la fontaine, retrouvant le sol.

« Mademoiselle ! Vous vous sentez mal ?
- Non, c'est... c'est ri-ien. J'ai... jus-te mal à la tête...
- Vous êtes toute pâle. On va appeler quelqu'un ne vous inquiétez pas.
- Non, ça va... »

Je mentais. Mes yeux se fermaient tout seuls. Ma tête vibrait. Mes oreilles bourdonnaient. Mon nez saignait. J'avais affreusement mal.
J'allais pas tarder à m'évanouir...

Quelques minutes seulement suffirent pour m'achever. Je tombais comme une merde, en position fœtale, sur le dallage du sol. Avant de perdre totalement connaissance, je crus apercevoir, à travers la foule autour de moi, le démon source de mes malheurs.