Le Reflet | Terminé |

Les griffes

Bip... bip... bip... bip

Le bruit du cardiogramme me tira lentement de mon sommeil mouvementé. Je regardais rapidement mon environnement.
Des murs blancs, un lit simple et une petite chaise au coin de la pièce. Des rideaux électriques avaient été fermés, me protégeant de la lumière extérieur.

Je posais une main sur ma tempe. Bordel, mais qu'est-ce qui s'était passé ?
J'avais l'impression de sentir mon cerveau faire du trampoline dans ma boîte crânienne.
Au moins, il est pas partit en courant en passant par mes oreilles...

« Oh, mademoiselle, vous allez bien ?! »

Je me crispais. Pitié ne criiez pas comme ça !

« Ou, oui oui, ça va...
- Nous allons faire un petit test rapide de mémoire voulez-vous ?»

Je lis rapidement le prénom de l'infirmière écrit sur le petit badge fixé sur sa blouse blanche. Elle se nommait Johanna Henkins.

« Oui oui, faites je vous en prie. »

Elle s'installa à côté de moi, m'aidant d'abord à m'asseoir. Je gardais une main près de ma tête, au cas où mon cerveau déciderait de me faire un fuck et de m'abandonner dans ma merde...

« Vous avez encore mal à la tête ?
- Un peu.
- Des vertiges, nausées ?
- Quelques étourdissements...
- Votre prénom ? Votre nom ?
- Madison Clarks.
- Votre âge ?
- Vingt-deux ans.
- Il y a déjà eu des problèmes similaires avant aujourd'hui ?
- Pas que je saches.
- Vous fumez ?
- Ça m'arrive oui.
- Prenez-vous des substances illicites ?
- Hhmmm.
- Vous ne serez pas jugé. Là n'est pas notre métier. Nous voulons juste savoir comment vous aider à aller mieux.
- Avant j'en prenais. J'ai arrêté... »

Elle notait toutes mes réponses sur une feuille de son calepin. Elle se leva, et prit une petite lampe de poche.

« Je vais regarder vos pupilles et ce sera bon. Vous aurez les résultats bientôt. »

Elle examina avec sa lampe mes yeux et rangea tout son matériel. Elle me promit de m'apporter un plateau repas.
Je la remerciais et elle sortit.

Je soupirais. Je n'avais toujours pas de réponses. Mais j'avais une petite idée du coupable...

Toujours assise dans mon lit, les jambes étendues sous les draps, je cogitais jusqu'à ce qu'une voix rauque m'interpelle :

« Alors beauté, ça fait quoi d'être dans un lit d'hôpital ? »

Je sursautais et m'aperçus de SA présence tout près de mon lit. Il était tout près de la fenêtre, face à moi. Ses yeux noisettes croisèrent les miens et un frisson dégringola mon échine.

« A qui la faute si je me retournes ici...
- Oui, à qui donc ?
- Ne fais pas ton innocent ! C'est toi qui m'a fais ça ! Comme tu l'as fais sur l'homme de l'autre fois ! J'aurais pu mourir ! »

Il claqua impétueusement de la langue et s'approcha de mon lit, s'asseyant tranquillement à califourchon sur mes cuisses, face à moi. Son visage était près du mien. Trop près.

« Écoutes moi bien chaton. Jamais, au grand jamais, je te ferais du mal au point de te tuer.
Ta fin signifie la mienne.
- Tu fais ça pour toi, pas pour moi. »

Il caressa délicatement ma joue du dos de sa main gauche.

« Pour moi... oui certainement.
- Qu'est-ce que tu m'as fais pour que je souffres autant ?
- C'est mon pouvoir, mes griffes comme je les appelles. Une torture a distance. Sans même poser la main sur toi. Sans même abîmer ton corps. Seulement une vive douleur.
- Tu as visé ma tête ?
- J'ai simplement titiller un peu ton adorable petite cervelle humaine, qui s'est chargée de transmettre la douleur.
- Comment ?
- Ça ma chérie, c'est mon secret. »