Alice

34 5 0
                                    

Dès que Adonis prononça ces mots, un silence de mort tomba.

Ma mère ne répondit d'abord pas, quant à moi, j'étais complètement paralysée par la réponse qu'elle allait, ou pas, donner.

Puis finalement :

« Si c'est une blague, elle n'est pas bien drôle. »

Sa voix cassante m'avait presque manqué.
Néanmoins, le fait qu'elle ne me croit pas me fit un léger pincement au cœur.
Elle ne croyait même plus en sa propre fille.

« Non ce n'est pas une blague maman. Je... j'aurais aimé qu'on se voit, après tout ce temps, je pense que.... oui je pense qu'on a des choses à se dire. »

Non, on a plus rien à se dire bordel !

« Tu veux.... qu'on se revoit ? Merde Madison, ça va faire cinq ans ! Cinq putain d'années que tu es partie ! Tu te prends pour qui de me rappeler comme ça !
- Je sais, mais.... j'ai besoin de réponses. Et tu te dois de me les donner. »

J'entendais ma génitrice soupirer a l'autre bout du fil, tandis que Adonis avait un sourire suffisant aux lèvres.

« Bien. Rejoins moi à l'adresse que je vais te donner. »

Après m'avoir donné ladite adresse, elle raccrocha, laissant Adonis savourer sa victoire.
Quant à moi, j'étais mortifiée. J'allais revoir ma mère.

« Pourquoi avoir gardé son numéro si tu ne voulais plus avoir affaire avec elle ? »

Elle est la seule famille qu'il me reste. Alors s'il devait m'arriver quelque chose, il faudrait bien la contacter....

« Je vois. »

Cela dit, Adonis appela un taxi, qui le conduisit à l'adresse donnée par ma mère.
Une fois sur place, une belle maison contemporaine.
Visiblement, la perte de sa fille dans sa vie ne l'avait pas empêchée de vivre...

Adonis alla donc frapper à la porte de la maison. Quelques minutes plus tard, la porte s'ouvrit enfin, dévoilant le visage sévère et ferme de ma mère.

Elle avait changé depuis le temps de mon départ. Ses cheveux sombres avaient été ramenés en un chignon strict, et elle portait une chemise blanche, ainsi qu'une jupe crayon noire, un collant opaque et des chaussures à talons.

Bordel, ma mère est devenu femme d'affaire ou quoi ?!

« Entres. »

Elle se décala, laissant le champ libre à Adonis.
Elle referma la porte et invita mon reflet à s'installer dans le salon.

Adonis, laisse moi au moins lui poser une question, s'il te plaît.

Après quelque minutes, elle me répondit mentalement :

Quoi comme question ?

Une fois assise sur un élégant canapé de cuir noir, face à un écran plat, Adonis demanda :

« Tu peux m'expliquer ? La dernière fois que je t'ai vu, tu étais...
- J'ai rencontré Charles.
- Charles ?
- Mon.... compagnon... C'est à lui qu'appartient la maison.
- Tu es mariée à lui ?
- Non. Je suis son assistante dans la vie professionnelle et sa.... conjointe dans la vie intime. »

J'étais bouche bée. Ma mère n'avait, hélas, pas changé de mentalité. Elle couchait avec cet homme, ce Charles, afin d'avoir un emploi et un logement sans débourser le moindre frais.

Passant du coq à l'âne, ma mère demanda :

« Alors. De quoi voulais-tu me parler ?
- De Lucifer. »

Elle stoppa tous mouvement, fixant Adonis comme si elle sortait d'un asile.
Et pour une fois, j'étais du même avis qu'elle.

« Je sais que tu as invoqué Lucifer, et que tu as voulu t'unir a lui alors que papa était encore vivant.
- Je... enfin... comment tu...
- Lucifer m'a tout dis. Tu as trompé papa avec un démon. Pourquoi ?
- Comment le connais tu ?
- J'ai posé la question la première. Alors réponds. »

Ma mère me lança un regard noir, et répondit sèchement :

« Pourquoi ?! Tu oses me demander pourquoi j'ai voulu coucher avec ce démon ?! Morgan me frappait, me trompait, m'insultait ! Quelle femme ne voudrait pas avoir un peu d'affection venant d'un homme ?! Alors quand je l'ai invoqué et qu'il ma dis que la solution résidait dans cette "union", je n'ai pas hésité. »

Elle me dégoûtait. Avide de sexe, et frustrée par son mari violent, elle avait voulu oublier ses peines avec un démon. Mon démon.

« Regarde ce que ça a donné ! Morgan est mort, ma fille m'a abandonné sans scrupule, et maintenant elle se tape ce même démon que j'ai moi même possédé il y a longtemps ! Car oui Madison, j'ai bien compris, à la marque sur ta poitrine, que tu étais tombée dans ses filets ! Tu es encore pire que moi !
- La ferme ! »

Adonis me laissa sa place, et je devinais que c'était intentionnel.

« Tu n'as absolument pas changé ! Tu es toujours cette femme, faible et manipulatrice ! Tu te tapes ce Charles, tout ça pour de l'argent !
T'es vraiment pourrie jusqu'à l'os ! »

Ma mère leva sa main droite, la faisant claquer contre la joue gauche, dans un bruit sourd.
Je lui lançais un regard haineux, qu'elle me rendit.

À cet instant, j'aurais pu la tuer. Me débarrasser d'elle, définitivement.

Tues la.

Je serrais des dents.

Tues la. Tues la.

Mes yeux se posèrent sur la broche servant à remuer le charbon du poêle. Comme c'était tentant....

Le Reflet | Terminé |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant