La Remontrance

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Il est midi moins le quart, dans quinze minutes, Kate va pouvoir sortir de cette chambre blanche où elle a séjourné un long moment.

Je l'aide à replier le peu d'affaires qui bordent son armoire. Lorsque nous avons fini, nous rendons les clés aux infirmières puis nous marchons en direction du réfectoire qui se trouve à l'opposé du centre.

- J'ai failli oublier, je ne serai plus là après quatorze heures.

- Tu fuis l'internat ?

- Mais non, dis-je en rigolant, je vais voir le proviseur. Il a convoqué Eneko pour le portail mais j'étais avec lui, je ne veux pas qu'il subisse seul les conséquences.

- C'est plus clair. D'ailleurs, que se passe-t-il entre toi et lui ?

- Absolument rien. Pourquoi cette question ?

Je me retiens du mieux que je peux de rougir.

- Ne me ment pas, ce n'est pas une de tes tenues et tu passes la majeur partie de ton temps avec ton garde.

Je lui raconte mon réveil, l'annonce de ses sentiments, la salle de bain. Elle m'écoute attentivement puis se met à rire.

- Mais toi, Lina, tu ressens quoi pour notre cher Eneko ? Je ne dirais rien, promis.

- Je n'en sais rien, je l'apprécie énormément mais quitte à dire que je suis amoureuse, ça reste à voir.

On ouvre les portes de la cantine et ses amis saute sur la revenante pour comprendre les raisons de son absence. On s'est dit qu'il ne fallait pas qu'ils connaissent la vérité par peur qu'il découvre notre secret. Elle va donc prétexter un décès d'une personne de sa famille inexistante qu'elle a peu connu mais qu'elle voulait soutenir ses proches.

Pendant ce temps, je rejoins mon meilleur ami un peu plus loin qui regarde les gens s'agglutiner autour de ma sœur.

- Tu crois elle va finir par manquer d'air ?

- Je ne sais pas, ça serait dommage tout de même : elle vient juste de sortir du centre médical.

- On devrait peut-être l'aider. affirme-t-il.

- Laisse la se débrouiller un petit peu, au moins elle va réapprendre la joie de vivre en société. dis-je en rigolant.

Nous commençons à manger lorsque Katherina nous rejoint pour déjeuner à son tour. On discute de tout et rien jusqu'au moment venu de l'entretien.

Mon meilleur ami et moi nous levons puis je lui chuchote.

- Kaï, veille sur elle. Tu es la seule personne en qui j'ai confiance. Alors je veux que tu restes à ses côtés.

- J'étais avec vous, je ne peux pas t'abandonner.

- Tu ne m'abandonnes pas. Justement, tu la protèges pour moi.

Il accepte finalement et pour ma part je file en courant devant le bureau.

J'y retrouve un Eneko qui semble calme appuyé sur le mur. Il attend simplement son jugement pour ses actes. Loin l'envie qu'il soit renvoyé de l'établissement. Le garde m'a beaucoup appris depuis la rentrée que ce soit de manière éducative ou mentalement. C'est un véritable ami pour moi.

Il tourne la tête en entendant mes pas s'approcher.

- Je vais le tuer.

- Ravie de te voir aussi.

- Il ne faut pas que tu sois là, pars ! Tu vas être gravement punie s'ils savent que tu étais avec moi.

- Quelqu'un m'a dit, affirmais-je tout en m'approchant de lui, que de nombreux types d'amour existe dont l'amitié. Et on abandonne jamais un ami.

- Pourquoi est-ce que tu parles encore ? Tu ne devrais même pas être ici. Tu n'es qu'une enfant.

- Je ne suis plus une enfant.

J'imite sa position et cesse de parler. Dans un sens, il avait raison. Je risque beaucoup plus que lui, sa formation de garde est aboutie contrairement à mes études qui viennent seulement de commencer. Cependant, quelques choses me retiens à ses côtés, quelques choses de puissant que je ne peux expliquer.

Je fais glisser légèrement ma main vers la sienne. Jusqu'à ce que mon auriculaire effleure sa peau. Je regarde mes pieds pour éviter d'avoir un autre contact avec lui et de rougir. Je sens son doigt se poser sur le mien, puis sa paume. Il serre ma main délicatement malgré sa force. Aucun de nous ne regarde l'autre, on attend simplement.

Mr Dorisa ouvre la porte de son bureau à quatorze heure pile. Il est surpris de me voir ici. Il fait entrer mon entraîneur et me demande d'attendre. Je jette un coup d'œil et je remarque Aloys assis sur une chaise. Je force le passage et le prends dans mes bras.

- Je crois que tu vas rester au final.

Je lui lance un regard furieux.

- Que lui avez-vous fait ?

- Rien, le portail a été fermé et vous manquiez à l'appel. Je me suis donc permis de faire fouiller votre chambre. Votre entraîneur m'a dit que vous aviez dormi dans sa chambre dû à un malaise mais j'y croyais peu.

- Vous n'aviez pas le droit !

- J'y ai trouvé quelques choses d'intéressant non ?

Le ton monte dans la pièce, en voyant cela, Aloys se lève et fait surgir de sa main une boule noir au reflet violette. Son regard est devenu plus sombre encore et son attitude est menée par la rage. Je sais ce qu'il a envie de faire j'ai toujours eu envie de le faire mais c'est impossible.

Je baisse sa main est la fumée disparaît. Il parle peu voir pas du tout. Mon frère observe simplement ce monde qu'il lui est nouveau. Une part de lui est bonne malgré que les ombres font partie de lui j'en suis sûr. Il aurait déjà pu faire du mal à bon nombre de personnes s'il le souhaitait.

- C'est donc ça. Le frère maître des ténèbres, le frère disparu, le frère terrifiant : Aloys. C'est lui qui a ouvert le portail et il veut que Ladislas gouverne la Terre.

Je m'apprêtais à parler lorsqu'une voix grave et solennelle résonne sur les murs.

- Vous pouvez croire ce que vous voulez de moi, me torturer même si vous le souhaitez mais le roi des ombres est la première personne que j'ai envie de pendre. Ce portail dont vous parlez, pour moi ce n'était qu'un mythe.

Cette prise de parole laisse un silence malsain dans la pièce. Aloys a parlé en projetant son regard vide par la fenêtre ce qui a agrandi le malaise.

Il se lève et se place entre le proviseur et moi d'une démarche nonchalante.

- Maintenant, enfermez moi si je vous inspire de la terreur. J'ai passé toute mon enfance dans un trou avec peu de soin. Mais vous êtes forcé d'admettre que sans moi, cette guerre n'aura pas lieu.

Son interlocuteur est bouche bée tout comme nous. Le survivant a raison, il connaît mieux que quiconque le château royale et l'aide d'un guerrier est toujours la bienvenue.

- Nous attendons votre décision Mr Dorisa. affirmais-je en croisant mes bras

- Je souhaitais mettre à pied Mr Lochet pour avoir mis la vie en péril d'une élève mais aussi d'avoir caché la présence du prince. Cependant, celui-ci m'a convaincu qu'un guerrier de plus serait la bienvenue. Alors vous allez reprendre l'entraînement mais sans Eneko.

Comment est-ce possible ? Eneko nous a toujours soutenu et nous a fait évoluer. Qu'allons nous faire à présent ? Que vais-je devenir sans lui ?

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Et voilà la fin de ce chapitre.
J'espère qu'il vous a permis de mieux cerner le personnage d'Aloys.
N'oubliez pas le petit commentaire pour donner votre avis.
À bientot.

Le Royaume De Zania : Un Destin très spécial Où les histoires vivent. Découvrez maintenant