Le Royaume De Zania : Un Destin très spécial

Parmis les nôtres

À peine sommes-nous revenu de notre voyage que le directeur nous hurle dessus. Je comprends peu de chose et je n'ai qu'une envie : dormir. Les autres semblent être dans le même état. Eneko prend la parole d'un ton calme.

- Elles n'y sont pour rien, laissez les partir et nous discuterons tout les deux, entre adulte et de manière raisonnable.

J'entends à sa voix qu'il est déterminé et capable de le tuer s'il tente de crier de nouveau. Monsieur Dorisa acquiesce d'un signe de la tête.

Le garde nous raccompagne à la porte et effleure ma main en ouvrant le porte. Je ne dis rien et ma sœur et moi allons dans notre chambre en évitant le regard des autres élèves.

Nous entrons et Aïko s'effondre dans son lit. Son sommeil est profond comme le montre le bruit sourd de son ronflement. Quant à moi, j'ai rendez-vous dans la chambre d'Eneko dans quinze minutes. Vous ne vous en doutiez peut être pas mais lorsqu'il m'a effleuré la main il a discrètement fait glisser un mot entre mes doigts. Rien est laissé au hasard par le garde.

Le quart d'heure passe lentement et je vais à petit pas vers la chambre d'Eneko. Personne n'est au courant de ce qu'il s'est passé de l'autre côté du portail.

Je toque à sa porte. Quelques secondes passent avant qu'il ouvre et me fasse rentré rapidement dans sa chambre. Je l'observe et il ne va pas bien. Pourtant, il fait tout pour le cacher mais son visage est crispé et il évite mon regard.

- Que t'as-t-il dit ? Demandé-je

- Je suis désolé.

Il baisse la tête.

- Que s'est-il passé ?

- Je ne peux plus être ton entraîneur...

- Mais pourquoi ?

- Arrête de me couper la parole et tu sauras.

- Tu as raison.

Je m'assois dans un des fauteuils et je l'écoute attentivement. Il m'explique que Mr Dorisa a tout les droits sur les professeurs travaillant à l'académie mais également que, Ladislas étant de l'autre côté du portail, chaque professeur a promis de protéger les enfants présents dans cette école. Ce qu'il n'a pas fait car il nous a mis en danger, ma sœur et moi, en nous entraînant dans l'autre monde.

Il n'a même pas fini de parler que je sors de sa chambre. Je me dirige vers le bureau du proviseur d'un pas déterminé et rien ne peut me ralentir.

Lorsque je me retrouve devant la porte, j'entre sans prendre le temps de frapper.

Le proviseur est de dos et ne me voit pas.

- Qui êtes-vous pour entrer dans mon bureau de manière si impolie. Dit-il en se retournant

- La princesse Alanis.

- Tu n'a pas encore ce titre Lina. Que veux-tu ?

- Eneko est désormais mon garde et il doit donc rester dans cette académie afin de veiller sur moi.

- Je l'ai renvoyé, il ne peut pas rester ici.

- Sauf s'il occupe une autre fonction. Il a été formé pour devenir garde de la famille royale. Alors je vous présente mon garde personnel.

Eneko entre dès la fin de ma phrase.

- Pile à l'heure.

- Comment ça "pile à l'heure" ? Tu savais que j'allais venir ?

- Bien sûr et tu es même passé voir dans ma chambre avant.

Le proviseur nous coupe.

- Est-ce vrai Eneko ? Tu es le garde personnel de la princesse ?

Je l'empêche de parler avant qu'il dise une bêtise.

- Tout à fait, il reste donc mon entraîneur car mon garde doit me protéger de n'importe quelle attaque de plus, pour mon intimité, il passera la nuit dans ses appartements.

Je me retourne attrape le bras d'Eneko et sort du bureau la tête haute. Les deux hommes restent bouche bée et j'avoue que je suis autant étonnée qu'eux par mon audace. On traverse les couloirs puis on s'arrête quand on rencontre Katherina. Eneko s'empresse de lui conter l'idée folle que j'ai eu, quant à moi, je m'éloigne et regarde les autres élèves se déplacer dans les couloirs.

Mon regard s'arrête sur Kaï qui semble heureux et comme à son habitude, il salut tout les élèves. Quand je regarde de l'autre côté du couloir, je vois Camille et ses sbires arriver vers moi. Elle n'a pas changée, elle sourit aux plus populaires et rabaisse tous les autres. Elle jette un coup d'œil glacial sur moi. C'est trop tard, je n'ai plus le temps de fuir. Je n'ai plus qu'à rester calme.

- Salut Lina ! (je n'aime pas son air joyeux, ça cache quelque chose) Ça fais longtemps, c'était plutôt agréable sans toi, malheureusement, tu es de retour (et le naturel revient au galop). Je ne connais pas les raisons de ton absence mais j'espère que tu devras de nouveau quitter cette académie afin que la puanteur disparaisse.

Mon poing se serre. Les battements de mon cœur accélèrent. Ma paume commence à chauffer. C'est trop tard, je vais la brûler. Cependant, quelques choses m'en empêche, comme au lac où j'avais voulu la remettre à sa place. Cette main posée sur mon avant-bras, je la connais et je peux même dire que la connais très bien, étrangement elle m'apaise. La chaleur de ma paume se dissipe tandis que mon bras se réchauffe mais, cette foi-ci, c'est une chaleur rassurante. Je me retourne vers lui et dit : "Merci Eneko".

- Arrête de l'embêter Camille ! Un jour ça va très mal se passer pour toi et ce sera bien fait car tu l'auras cherché. Quant à toi Eneko, tu devrais laisser Lina lui montrer ce dont elle est capable.

- Merci beaucoup Kaï. Je ne pensais pas que tu allais intervenir.

- J'ai fait l'erreur une fois et ça ne recommencera pas.

Camille pars la tête basse tandis que le garde m'emmène vers sa chambre. Je lâche un sourire à mon ami et suis Eneko qui marche d'un pas rapide.

On arrive enfin à sa porte il me laisse entrer, ferme la porte derrière moi et s'agenouille.

- Qu'est-ce que tu fais ?

- Si tu veux faire de moi ton protecteur, tu vas devoir faire la cérémonie seule.

- Quelle cérémonie ?

Il se relève.

- Un garde devient protecteur au moment où le membre de la famille royale pose sa main gauche sur son cœur et son autre main sur la tête du futur protecteur en prononçant la phrase : " Garde tu deviens mon protecteur et as pour devoir de me protéger au péril de ta propre vie".

- Ce qui signifie que tu te sacrifieras pour moi ?

- S'il le faut oui.

- Alors je ne veux pas que tu deviennes mon protecteur. Je souhaite que tu restes à mes côtés mais pas pour ses raisons.

- Lorsque Zania retournera aux mains du bien, je deviendrais de nouveau un simple garde.

- Je ne sais quoi faire Eneko. Pourrais-tu être mon consultant ?

- Il n'y a pas de consultant dans notre monde, le famille occupe ce rôle.

- Et si on se marie ?  Tu seras donc un membre de ma famille.

- Personne n'acceptera. Il faut que tu te maries avec quelqu'un de bien, pas comme moi.

- Eneko, tu es quelqu'un de bien.

- Alors fais de moi ton protecteur.

Je décide, après de longues minutes d'hésitation, de faire d'Eneko mon protecteur. Après avoir fini de prononcer la fameuse phrase, il se relève et fais glisser délicatement les cheveux présents sur mon visage derrière mon oreille.

Je ne voudrais pas qu'il soit loin de moi mais je ne veux pas pour autant qu'il se sacrifie. J'ai dû mal à l'admettre mais je tiens à lui.