La Grève

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Eneko ne prononce aucun mot et reste parfaitement calme.

On quitte le bureau et je demande à Aloys de rejoindre Kaï au réfectoire. Il accepte poliment ne laissant que le garde et moi dans un silence inconfortable.

- Tu vas rester sans voix ? Demandé-je d'un ton inquiet

Il continu à se focaliser seulement sur ses pas comme s'il était seul. Je ne sais s'il m'ignore ou s'il est simplement perdu dans ses pensées.

Je ne le supporte plus. Je me glisse devant lui et espère qu'il va s'arrêter avant de me rentrer dedans.

Heureusement il s'arrête il essai de me contourner mais je lui attrape le bras. Il se retourne et je m'attend à voir un regard furieux mais il semble ailleurs.

- S'il te plaît, laisse moi partir.

- Jamais je l'accepterai.

- Tu le dois.

Son ton n'est pas dur, on dirait juste qu'il a perdu son âme. Je suis très inquiète pour lui.

- Allons dans ta chambre pour discuter.

- Je n'ai pas envie de discuter.

- Ce n'était pas une question mais belle et bien une affirmation.

Je devrais peut-être le laisser seul mais je ne peux le laisser dans cet état. Il marche machinalement, son visage est fermé et ses yeux ne montre aucun signe de vie. Le voir comme ça me fait un énorme pincement au cœur. Je l'ai toujours vu fort, impassible, déterminé mais là rien de tous ça n'est présent.

On arrive devant sa porte qu'il ouvre et me fait entrer. Je m'assoie sur son lit et attend de voir sa réaction. La seule chose qu'il fait c'est m'ignorer. Il ouvre son armoire et commence à sortir ses affaires.

- Tu ne peux pas faire ça ! Déclaré-je d'un ton apeuré

- Je suis obligé.

- S'il te plaît, nous allons trouver une solution. Je suis sûr qu'il y en a une.

- Il y en a pas.

Je cours vers lui et tente de le stopper. Cependant, il me repousse en me donnant un coup au visage. Je ne saigne pas mais je sens un énorme picotements. Je place ma main sur ma joue et recule. Je suis sous le choc. Il vient de me lever la main dessus et je l'en pensais incapable.

Il se retourne et je vois ses yeux qui se remplissent de larmes et d'inquiétude. Il se met à courir vers la salle de bain et apporte un gant d'eau fraîche. Il me fait signe de partir et j'en ai fortement envie mais je sais qu'il ne l'a pas fait exprès et que je n'aurai pas dû venir ici.

Je me rassois sur son lit en portant le froid sur ma blessure. Il s'assoit à mes côtés et et fixe le sol de manière perdu.

- Je suis désolé. Je... ne voulais pas te faire du mal loin de là. Tu es très importante pour moi, bien plus qu'une princesse.

Je pose délicatement ma tête dans le creu de son cou et passe mon bras autours du sien.

- Ce n'est pas grave je t'en veux pas. Et... tu es important pour moi aussi.

Je laisse ma main glisser sur son avant-bras musclé et me rapproche de sa main. Avant même que j'ai le temps de faire quoi que ce soit, il l'entoure de la sienne.

- Je te promets que tu ne quitteras pas ce bâtiment et que tu seras encore et toujours mon entraîneur et conseillé.

- D'ailleurs il te reste moins d'un quart d'heure avant l'entraînement, il serait temps que tu partes.

Je me lève et m'apprête à quitter la pièce lorsqu'il m'interpelle. Je me retourne et je le vois chercher au fond de son tiroir. Il y sort un fin bracelet en argent avec une topaze bleue au centre de celui-ci.

- Tiens c'est pour toi.

- Je ne peux pas accepter un tel cadeau. C'est un bijou de valeur.

- Ma grand-mère me l'a donné avant qu'elle parte et m'a fait promettre de le donner à une personne qui m'est chère. Alors accepte le s'il te plaît.

Je finis par accepter, il l'accroche à mon poignée et je cours vers la salle de sport. J'ai trouvé une solution pour empêcher son départ sur le chemin.

Aloys et Aïko sont déjà là. Je leur expose mon stratagème et l'heure venu, nous entrons dans le gymnase.

- Je n'ai trouvé un autre entraîneur en si peu de temps. Je vais donc vous entraîner moi-même aujourd'hui.

Le proviseur Dorisa : il fallait sans douter. On se regarde tous les trois et nous avons tous peu d'estime pour lui. Mon plan va fonctionner.

- Très bien montrer moi ce qu'Eneko vous a appris.

Je commence à m'asseoir sur le parquet puis mes acolytes me suivent.

- Vous m'expliquez ? dit-il en essayant de garder son calme

- Nous nous lèverons qu'au retour de notre coach.

- Vous voulez jouer au tête dur ? Je vais vous suivre. Travaux d'intérêt général pendant une semaine.

Aucun de nous réagi. Il continu donc à annoncer des punitions sans réponse. Je commenceait à avoir le dos engourdit à ne pas bouger mais au bout de trois heures et demi : il craque et accepte qu'Eneko reprenne son poste. En même temps, si nous ne nous entrainons pas, personne ne pourra aller sauver Zania et le temps passe très rapidement pendant que les ombres engloutissent tout sur leur passage.

On sort et nous dirigeons vers la chambre d'Eneko mais lorsque nous toquons, la porte s'ouvre : elle n'a pas été parfaitement fermée. On prépare une attaque, on avance prudemment mais personne n'est présent. Cependant, des affaires traînent encore, il n'a pas fini de préparer son départ : il lui est arrivé quelque chose.

Le Royaume De Zania : Un Destin très spécial Où les histoires vivent. Découvrez maintenant