Le soleil rayonnait et traversait élégamment la voûte que formait les feuilles des arbres de Central Park. Sous mes yeux il se jouait de la chaleur, respirait le bonheur et grâce à lui les gens semblaient ... heureux. Sur le bas côté de la route, une jeune mère accompagnée de son enfant jouait avec elle sur une balançoire. La petite riait aux éclats tandis que sa mère la couvait d'un regard empli d'amour et de tendresse. Comme si elle voulait l'englober d'une bulle de joie pure, comme si elle pouvait l'étreindre rien qu'avec son amour. Et l'enfant riait. De son innocence et de sa joie de vivre, elle était à elle seule, le plus brillant des soleils, la plus tendre des étreintes. Et malgré moi, j'ai souri. Ce spectacle attendrissant me touchait au profond de mon âme et enveloppait mon coeur d'une terrible mélancolie. Voir cette petite fille ainsi choyée et dorlotée me mettait les larmes aux yeux. Parce que je sais que je ne l'ai jamais connue, cette sensation ... Cet amour qui les lie je ne le connaîtrais jamais ... Une petite larme salée vient tracer son chemin sur ma joue rougie par le soleil. Lors de sa descente, une main vint la cueillir du bout de l'index. Surprise, je me retourne vers Percy qui m'adresse un sourire réconfortant. Il me couve du regard d'un air doux presque timide et lentement me prend la main. Je retiens ma respiration mais il me détend en serrant plus fort ma main dans la sienne. À sa manière, il m'enveloppe d'une étreinte d'amour et de tendresse qui manque de me faire trébucher tant ce que je ressens est fort. Je lui rend sa caresse d'une faible pression de la main, lui indiquant que tout va bien.
Durant tout le chemin menant à l'appartement de Sally, nous nous tenons la main. Une étrange sensation de sécurité vient se loger au creux de mon centre et je tremble tellement car c'est une chose à laquelle je ne suis pas habituée. Mes pensées vagabondent au gré de la brise qui fait voleter mes cheveux. Percy regarde droit devant lui d'un air serein. De temps à autre, il tourne la tête vers moi et me regarde d'un air indéchiffrable qui me fait du bien. A cet instant, il semble être mon ange gardien, chassant mes idées noires et mes sombres désirs qui griffent ma conscience et me font tellement souffrir. Car le mal est là, caché sous la surface, et derrière cette couche de tendresse qui me protège, il y a une masse de noirceur telle que je n'en ai jamais vue. Dés que je baisse la garde je me sens attirée comme un aimant vers ce tourbillon de malheur qui me ronge petit à petit et auquel je ne peux rien.
Mes pas sont lourds et ma respiration saccadée, j'ai l'affreuse sensation d'une enclume qui aurait été posée sur moi et ça me terrifie. J'essaye tant bien que mal de cacher à Percy que chaque pas est un calvaire, chaque inspiration, une torture, chaque secondes un supplice ...
Chaque caresse une délivrance ...
Nous nous arrêtons devant un immeuble. Nos mains jointes me brûlent et je ne sais pas pourquoi mais je ne veux pas que la mère de Percy voit ça. Et je ne veux pas que Percy ...
Je suis malade. C'est une certitude. Je ne sais pas pour combien de temps j'en ai mais la fin est proche et je le sais. Il ne faut pas que je m'accroche a lui. Je sais à son regard qu'il fait tout pour me cacher que quand il me touche il sent ma douleur et ça lui fait mal aussi. Je refuse de le faire souffrir. Je veux qu'il vive sa vie et qu'il soit heureux. Et si pour ça il faut que je m'éloigne de lui, je le ferais.
Je suis toxique et je le sais. Je suis dangereuse. Une bombe à retardement prête à exploser. Bientôt, je détruirais tout sur mon passage. Et je ne veux pas qu'il soit là.
Je veux qu'il soit loin, très loin, je veux qu'il regarde l'explosion en pensant à un feu d'artifice.
Je veux qu'il vive. Et pour ça je dois partir. Quand cette mission sera terminée, quand la guerre sera derrière nous, je partirais. Et je ne reviendrais pas. Cette noirceur en moi s'étant de plus en plus et de plus en plus vite. Je ne veux pas le voir souffrir.
Je m'en irais.
Et il vivra.
Je détache ma main de la sienne. Il ne me regarde pas mais je vois qu'il est confu. J'ai l'impression qu'il se retient de dire quelque chose.
Je m'avance vers la porte d'entrée et je sens dans mon dos ses yeux océans qui me fixent. Je suis sûre qu'il est totalement perdu. Et mon coeur se serre que je suis en train de le repousser ... encore une fois ...
Percy monte les escaliers derrière moi. À son pas hésitant, je devine qu'il a peur. Il va retrouver sa mère et je sais qu'il meure de trouille de savoir ce que Sally a bien pu penser, ce qu'elle a bien pu faire après qu'il ait été déclaré mort. Il a peur et je ne fais rien pour le rassurer. Mes mots sont inutiles et mes gestes lui font plus de mal que de bien. Alors je le laisse dans ses pensées, je le laisse sombrer dans le désespoir au fur et à mesure que les paliers s'enchaînent.
Enfin nous arrivons devant la porte. Il hésite, se passe la main dans les cheveux, fait un tour sur lui même comme s'il amorçait un repli.
Je lève le bras et appuie sur la sonnette.
Il se fige.
Des pas se font entendre derrière la porte, on entends a travers le battant, une personne pleurer et quelques murmures.
Je me décale pour laisser Percy se mettre face à la porte.
Il équarquille les yeux de terreur.
La porte s'ouvre.
Une silhouette quelque peu voutée se place dans l'encadrement.
Elle baisse les yeux, sûrement pour cacher ses yeux rougis par les larmes.
Ses cheveux bruns d'ordinaire si soyeux, pendent lamentablement pour encadrer un visage cireux qui respire la douleur.
Percy inspire.
- Bonjour maman ...
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Pardonne-moi...
Fanfiction" Si j'avais pu, j'aurais tout effacé. Pour tout recommencer. Et je ne changerais rien."