LES MOTS NE S'EFFACENT PAS

581 26 23
                                    


Le paysage défile derrière la vitre du taxi et mon regard s'envole vers les hautes sphères des hauts buildings. Je ne me souviens pas de ce qui m'a amenée ici. Je ne me souviens pas quel choix à tout fait changer. J'espérais être assez forte, éviter ce gouffre en moi auquel je m'habitue de plus en plus. Le mal a quelque chose de fascinant. Et ce fossé qui me sépare des autres me fascine. Il me rend folle. Je  sens le temps se distendre, la vie perdre de son réel, les autres devenir invisibles. J'aurais aimé pouvoir tout effacer. Mais certaines choses ne s'effacent jamais. Les mots ont été trop durs, trop forts, trop violents. Et les non-dits, les malentendus, les sentiments s'entremêlant autour du caducée de l'existence étaient trop beaux pour être vrai. On a toujours beau dire "j'aurais aimé" ce ne sont que des mots vides de sens qui tournent autour de nous en se cachant derrière les murs de notre déni. J'aurais pu ne rien dire. J'aurais aimé ne rien dire. J'aurais aimé ne rien faire. J'aurais aimé en faire plus. Les "si" peuvent refaire le monde. L'enfermer dans la prison des possibilités, des opportunités et des désirs. Les désirs sournois qui ne s'effacent pas. On aurait été tellement heureux Percy. On aurait été tellement beaux. Les mots nous ont empêché de vivre cette partie là de notre film. Ils ont tout détruit pour tout laisser. Et je ne me pardonnerais jamais. Ne me hais pas, Percy. Je me hais toute seule. Je veux pouvoir faire semblant de croire que tu m'aimes encore. Je veux pouvoir avoir la possibilité de tout arranger. Mais les mots ne s'effacent pas. Et la vie continue malgré les fautes de frappe. Les mots sont des tueurs, Percy. Et je les ai engagé. Je ne te demanderais pas de me pardonner ce que j'ai dis. Je ne te demanderais pas de te souvenir de moi. Je ne te demanderais rien. Tu as déja été parfait. Du début jusqu'à la fin. Mais le générique a commencé et le film est fini. Il serait peut-être temps d'abandonner les personnages et de rentrer à la maison. Tu as été parfait. Tu as su jouer le rôle de mon dernier amour, de celui qui causerait ma perte. Tu as su être mon idéal tout en étant toi. Je regrette. Je regrette tellement, si tu savais. 

Mais tu ne sais pas. 

Ne pleure pas Percy. Nombreux diraient que je ne mérite pas tes larmes.  Ris Percy. Pour toi, il est temps de vivre. Vis comme si tout allait s'effondrer. Vis comme si tu courais pour essayer de te rattraper. Vis comme si la mer et le ciel te suppliait d'arrêter. Vis comme si tu me retrouverais à la fin. Vis avec la force du combattant qui sévit dans ton coeur. Ne ressasse rien et oublie moi. Vis comme si les étoiles étaient tombées, comme si le soleil avait cessé de briller, comme si le monde avait cessé de vivre. Toi tu vivras toujours. Mon électron libre, mon océan. 

J'aurais tant aimé être ton orage mais il n'est plus temps. 

Je sais que aujourd'hui est la fin de quelque chose. Je sais que le destin est écrit d'avance, et je sais que je l'ai suivis à la lettre. J'ai tracé moi même les sillons de notre fin. Notre "the end". Mis un point final à quelque chose qui n'a jamais commencé. Mettre fin à l'espoir d'une histoire qui avait faillit tout changer. J'aurais aimé ... Mais ce que je veux est secondaire, ce qui compte c'est toi. Ça a toujours été le plus important à mes yeux. T'avoir toi dans ma vie c'était comme si l'existence venait s'excuser en me récompensant. Tu es un soleil Percy. Mais quand le soleil est là, la lune disparaît. Sans toi, je perdrais foi en l'humanité, Percy. Sans toi ma vie n'aurait plus aucun sens. 

Mais les mots ne s'effacent pas. J'aurais aimé appuyer sur "delete" et tout recommencé à zéro. Revenir au moment où je t'ai rencontré. Je ne changerais rien. Parce que notre histoire était la plus belle de toutes. Nos vies ont été les plus belles de toutes. Et notre mort sera la plus belle de toute. J'aurais aimé Percy. 

Mais il y a toujours un "mais". Il y en a toujours eu. 

Peut être que sans "mais" et que sans "si" notre histoire aurait existé ? Mais les peut-être existent aussi. 

Je veux que tu le saches, Percy. Je veux pouvoir trouver un moyen de te le dire, te le hurler, te le chanter. Mais même si tu es là tout près de moi je ne te vois pas. Et je ne le veux pas. Sinon, je retomberais dans tes bras et nous nous éteindrons ensembles. Je préfère me séparer de toi plutôt que de t'entraîner dans ma chute. 

Je suis dans la chambre d'un hôtel et je pense à toi. Depuis que je t'ai vu je pense à toi. Pas de la bonne manière parfois mais c'est fou que seuls tes yeux me hantent comme ça. J'aurais aimé ... 

Je m'allonge. Je ferme les yeux. Et je te vois. Je sais que désormais ça deviendra une habitude. Tous les soirs, où que je sois, je me réfugierais dans les bras du passé, pour te rencontrer quand tu n'es pas là. Je sais que je ne t'oublierais jamais. Percy, tu es mon matin, mon midi et ma nuit. Tu es la seule chose qui me donne envie de hurler pour que mon cri t'atteigne au delà de la mort et de n'importe quelles frontières. Tu es le seul pour qui je me noierais, le seul pour qui je mourrai. Pour t'arracher seulement un sourire. 

J'aurais aimé ... 

Mais les mots ne s'effacent pas. 

Pardonne-moi...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant