3.

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— Pardonnez-moi mon père parce que j'ai pêché.

— Que s'est-il passé mon enfant ?

— Depuis peu je ne suis plus moi-même. Je suis attirée par le mal, le sombre et le lugubre... Je ne comprends pas ce qu'il se passe, j'ai l'impression d'être différente Père...

— Que vous fait-il dire cela ? Comment pouvez-vous en être aussi sûre mademoiselle Ferclui ?

— Je ne fais que d'entendre la même voix, cette voix terrifiante qui m'effraie chaque jour et en même temps je ne saurais expliquer pourquoi mais elle me rassure.

— Que vous dit cette voix ?

— Elle m'appelle, elle me réclame, elle me veut. Tout cela n'a aucun sens, tout cela devrait au moins en avoir un ! Une voix ne peut pas entrer dans ma tête à moins que je ne sois devenue folle ! je sanglote en me maintenant mon visage creux et livide. Je ne peux plus dormir, cette voix ne fait que de me hanter jour et nuit !

— Calmez-vous mon enfant, la panique n'est pas la solution adéquate.

— Je ne peux pas, il me cherche... Il me fait faire des choses impardonnables.

— Tous actes ont droit au pardon très chère. Dieu pardonne si vous lui ouvrez votre cœur.

— Non pas ici.

Je secoue ma tête frénétiquement tout en éclatant en sanglot dans le confessionnal.

Le prêtre de l'église auquel je me confie m'appelle en prenant une voix plus grave que d'habitude. Auparavant âgée et rassurante, cette dernière est maintenant devenue plus jeune et rauque. Hésitante puis résolue, je tourne ma tête lentement près de la cloison en bois trouée le cœur tambourinant dans la poitrine. Puis, le religieux reprend la parole avec cette voix qui m'est si familière.

— Daenys, que se passe-t-il ?

Des iris rouges profonds semblables à ceux de mon agression me font face et un sourire malicieux se projette sur le visage de l'homme noir de peau. Il penche la tête et me lance :

— Daenys, Daenys... Tu n'as donc toujours pas compris que tu es à moi ?

Je hurle d'effroi et pars en détallant de l'isoloir. La cage de bois quittée, je ne m'arrête plus, je cours à en perdre haleine. Pour me rassurer je regarde deux ou trois fois derrière moi. Je tourne la tête une autre fois afin de voir qu'on ne me suit pas mais voilà que je me cogne contre un corps dans la nef de l'église gothique. Je lève la tête au ralenti, des yeux rouges me fixent et l'homme prononce cette phrase inoubliable :

— Vous les humains...

— Ys...

Je me réveille en sursaut. Encore toute haletante, je passe une main sur mon front dégoulinant de sueur et tâche de reprendre une respiration moins saccadée. Mon poux descendu à une fréquence cardiaque classique, je remarque que rien de tout cela n'était réel. Ce n'était qu'un cauchemar, un foutu cauchemar ; à l'exception faite de la dernière syllabe... Elle était trop véritable pour provenir de mon songe...

Instinctivement j'allume une lampe et telle une paranoïaque je regarde tout autour de moi, morte de peur. Les battements de mon cœur regagnent de la vitesse. Je suis en pleine crise d'épouvante. Je suis tout sauf rassurée. L'éclairage artificiel m'apporte un peu plus de sécurité et me rassure : je ne vois rien du tout dans la pièce blanche. Enfin, rien d'anormal. Il y a bien le fauteuil vide près de mon lit, les rideaux immaculés, les messages me souhaitant un prompt rétablissement et les fleurs qui les accompagnent mais aucun signe étrange. Je laisse échapper un soupir de soulagement et par précaution je n'éteins pas encore la lumière, trop peur que quelque chose ne me saute au visage. Je tente alors de reprendre mon souffle et en profite pour regarder l'heure.

Fall For LuciferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant