Fall For Lucifer

36.

Daenys

Ma tête est maintenue alors que je suis allongée au sol en train de souffrir le martyr. Mon souffle m'abandonne petit à petit, la douleur me lacère la poitrine et les poumons et je peine à trouver une autre respiration. À chaque fois que j'inspire, mes bronches perforées me font horriblement mal. Je sens la vie me quitter ; mes forces partir en même temps que mes pensées. Je ne le veux pas. Je ne veux pas le quitter. Je ne veux pas l'abandonner ici à son propre sort. Les bébés mourront avec moi, il ne lui restera rien de moi ; uniquement quelques clichés et souvenirs. Je ne veux pas partir. Mais mon destin a été décidé ainsi...

Dans un dernier élan de courage, j'adresse à mon amour de toujours mon dernier « je t'aime ». Il hurle et pleure à chaudes larmes, me supplie de rester à ses côtés. Je souris péniblement, m'excuse de la souffrance que je lui cause, tends ma main vers lui avec labeur, grimace un sourire tendre et mémorise comme je le peux et aussi longtemps que mes forces le voudront son doux visage. Puis je m'en vais au son de ses sanglots.

La mort. Contrairement à ce que l'on pense elle est douce. La souffrance disparaît et nous transporte dans un monde dénué de jugements, de sentiments et de vie. Nous ne ressentons plus rien, plus rien du tout. Notre corps reste inerte, au sol, et notre âme, elle, s'élève. Nous quittons notre monde et voyageons dans un monde étrange et vide où rien ne nous parvient. C'est calme et reposant, mais froid, obscur et noir.

Je suis seule, entourée de personne. Suis-je devenue une âme vagabonde coincée entre Paradis et Enfer ?

— Daenys, mon enfant.

Désorientée et stupéfaite, j'ouvre les paupières. Rien. Tout autour de moi, le noir complet et infini. Est-ce le néant ?

— Non ma chère enfant.

— Qui êtes-vous ?!

Me voilà paniquée. Je n'ai aucune idée de la personne avec qui je converse, je ne sais même pas si elle est réelle ! Je ne sais pas où je suis et seul le noir profond me fait face. J'ai beau tirer les yeux, la situation ne s'arrange pas.

— Quel bête je suis ! Tu ne me vois pas c'est vrai.

Soudain, un homme assez grand aux longs cheveux gris se tient debout devant moi. Il passe ses mains dans sa barbe épaisse et me sourit en me demandant si je le reconnais.

— Voyons Daenys, je ne te dis rien ?

— Dieu ? je devine. Mais com-

Il ne me laisse pas finir ma phrase et reprend ravi :

— Bingo ! Tu te demandes sûrement où l'on est, n'est-ce pas ?

— Oui c'est exact... je réponds indécise.

— J'ai l'honneur de te présenter ton esprit. Et je ne suis pas une imagination, je suis bien réel !

Mon esprit ? Mais, je ne comprends pas. Quelque chose doit m'échapper !

— Je suis supposée être morte, je réponds méfiante.

— Inconsciemment oui, enfin c'est assez compliqué. Le mieux serait que tu me laisses t'expliquer le pourquoi du comment.

— Je n'ai pas autre chose à faire et je suis coincée ici donc faites, je vous en prie.

Je croise mes bras sur ma poitrine et remarque que la tache de sang rapetisse. Mais qu'est-ce que ?

— L'histoire entre toi et Lucifer n'a jamais existé.

Pardon ?

— C'est impossible ! Je viens de mourir par la faute de votre aîné pour je ne sais quelle raison et là vous me dites que, que Lucifer et moi n'avons jamais été ensemble ?!