37.

7.7K 388 84
                                    

Daenys

Blanc. Tout est blanc et immaculé autour de moi. L'obscurité et le néant de mon esprit ont laissé place à une intense lumière, un vide lumineux sans fin. Je suis baignée par un blanc éclatant où seuls mes cheveux foncés et ma peau claire font contraste ; je me confondrais presque dans le paysage. Sans pouvoir résister davantage à cet environnement aveuglant, je ferme les yeux de peur que cette blancheur me brûle la rétine. Malgré mes paupières fermées et mes mains sur ces dernières, toute cette lumière rayonnante me parvient quand même. Puis tout d'un coup plus rien. Tout change.

Premier point : la lumière si éblouissante a disparu presque intégralement. Second point : je ne suis plus debout ; tout mon corps semble posé sur une surface confortable. Curieuse de ce changement si radical, j'ouvre délicatement mes paupières. Une autre lumière blanche, plus tamisée vient heurter ma rétine. Je les referme automatiquement puis, habituée, mes yeux papillonnent et s'ouvrent gentiment. L'espace d'un instant, je vois flou ; c'est comme si un voile m'obstruait la vue. Je tourne ma tête souffrante sur l'oreiller et observe les alentours. Mais qu'est-ce que je fais là ? Je devrais être morte...

Tout est blanc immaculé. La lumière me paraît vaciller. Je détourne le regard encore confuse et remarque de nombreux fils transparents. Ils sont reliés à mon corps et à une grosse machine qui maintenant résonne. Un bruit. Les lampes. Ce bip incessant qui ne fait que de monter en crescendo. Cette lumière qui ne fait que chanceler, trembler. Trop fort. Trop puissante. Trop fort pour mes oreilles ! Trop puissante pour mes rétines ! À l'aide ! Ce bruit me perce les tympans ! Cette lumière m'aveugle !

Soudain, mon corps se crispe, se raidit et je ne peux plus respirer. Ce masque bloque ma respiration, la rigidité de mon corps y est aussi pour quelque chose. Puis je m'agite dans mon lit d'hôpital. Je convulse, me tords, suffoque, tremble de tous mes membres. De violents spasmes prennent possession de tout mon corps et je suis incapable de faire le moindre mouvement. Une porte s'ouvre à la volée, on hurle, on demande des renforts et on me rassure. Le masque d'oxygène et de ventilation que je porte est violemment retiré tandis que je continue de faire ma crise. Une minute passe, mon corps se relâche et j'inspire très profondément. De l'air, je veux de l'air ! Mes poumons se remplissent, gardent l'oxygène et lâchent le dioxygène de carbone. Je respire de façon bruyante, trop même.

Plusieurs personnes me mettent sur le côté, l'une d'entre elles remet mes cheveux correctement. On ordonne de quitter la pièce. Ensuite, on me rassure. Petit à petit, je reprends connaissance. D'après ses dires, il serait le Dr Gagnon et suivrait mon état depuis trop longtemps. Mon cerveau ne suit pas la trajectoire de mes yeux, il est perdu. Je suis perdue.

— Tout va bien, tout est passé. Vous allez sembler confuse l'espace de plusieurs longues minutes, mais tout ira bien. En ce moment, vous ne vous rappelez rien, mais c'est normal.

Le regard toujours dans le vide, je hoche la tête et essaye de déglutir. C'est difficile. Ça fait mal. Ma respiration revenue à sa vitesse de croisière, je peux me permettre de bouger à nouveau mes membres. Parler je ne sais pas, mais voir et sentir oui.

Le docteur me redresse en m'assoyant sur le lit et me regarde soulagé, un air compatissant au visage.

— On a bien cru ne plus jamais vous revoir ; vous étiez dans le coma depuis un an et deux mois. Votre réveil, bien que brutal, est carrément spectaculaire, absolument anormal pour un patient de stade 3. C'est un miracle que vous n'ayez rien !

Mon regard posé sur l'homme chauve en blouse blanche se perd dans le vide et je n'écoute plus ce qu'il me dit. Je suis beaucoup trop occupée par mon admission. Qu'est-ce que je fabrique là ? Alors que je recherche la raison de ma venue, le médecin échappe le mot « ruelle » et tout me revient. Je me suis perdue dans une ruelle. On m'a agressée, poignardée. Et, on m'a sauvée...

Fall For LuciferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant