2.

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Une odeur de propre, une clarté ahurissante, un son régulier, une ambiance chirurgicale. L'endroit où je crois être se profile devant moi. Les odeurs immondes, nauséabondes, la saleté, l'obscurité, l'atmosphère lugubre. Tout tranche avec cette ruelle. Cette affreuse ruelle. Aucun souvenir concernant mon arrivée dans ce lieu étroit ne fait surface, seulement quelques bribes intermittentes me reviennent en flash créant dans mon esprit une confusion totale.

Mes yeux papillonnent et laissent ouvrir mes paupières gentiment. Une lumière aveuglante vient se heurter contre ma rétine, instantanément je les ferme. Je patiente quelques secondes et les ouvre plus doucement ensuite afin de ne pas les agresser voire même les abîmer. Je vois encore flou autour de moi, cependant je parviens à distinguer des fils transparents reliés un peu partout dans mes veines. Je suis en train de voir en double, non ? J'essaye de me concentrer sur mon environnement mais me fatigue très vite. Un pied à perfusion. Un sac transparent de la taille d'une poche de sang pendu. Un long tuyaux relié à mes veines par un cathéter. Une administration d'un produit X par voie intraveineuse. Qu'est-ce que c'est ? Je force mon regard sur le paquet. « Morphine ». Je suis bien à l'hôpital. Mais qu'est-ce qu'il m'est arrivé concrètement ? Je ne me souviens que de quelques fragments. Il y avait du sang, beaucoup de sang.

Sang. Ce mot ne fait que de résonner en écho dans mon esprit me procurant une sensation de mal-être dans tout mon corps et plus particulièrement dans mon flan droit. Je grimace voulant voir à quoi ressemble cette douleur qui me lacère mais je n'y parviens pas. Au lieu de ça des flashs apparaissent à la vitesse d'un éclair, se multiplient, se superposent et me renvoient à l'horrible scène de la ruelle digne d'un massacre. Des corps tombant un à un au sol, du sang jonchant le bitume déjà pollué, des cris stridents, de l'angoisse, de la frayeur et cette voix. Cette voix qui ferait trembler plus d'une personne. Un frisson me parcourt l'échine et toute mon enveloppe corporelle grelotte. De peur sûrement.

Soudainement je me redresse, je panique. Je veux m'assurer que mon cerveau ne me fait pas un de ses tours d'illusion, je veux être sûre de me trouver là où je pense être : à l'hôpital. Je veux me trouver en sécurité de ces personnes, de cette voix surtout. Je veux revoir ma mère, je veux qu'elle me rassure en me disant que je n'ai fait juste un petit malaise, que tout cela n'était qu'un mauvais rêve. Or, ma blessure au flan me prouve le contraire...

— Ma chérie !

Paniquée et soulagée, ma mère se précipite à mon chevet en appelant le docteur. Elle passe ses mains dans mes cheveux et sur mon visage, me couvre de baisers de retrouvailles et pleure. Je peine à articuler son nom, rassurée.

— Oui c'est moi ma puce. Mon dieu j'ai eu tellement peur si tu savais !

D'un revers de manche, elle essuie les larmes qui ruissèlent sur son si doux visage et finissent leur course sur le traversin. Puis l'instant d'après, elle m'assaille de questions.

— Tu vas bien ? Tu te sens mieux ? Et ta blessure ? Daenys dis-moi quelque chose bon sang ! Ah si tu savais comment tu m'as manqué !

Je souris face à ce comportement si inquiet puis essaye de me redresser mais mon entreprise est vaine. Essayer de m'asseoir est juste impossible. J'ai encore trop mal.

— Argh...

— Oh mon pauvre petit ange. Viens je vais t'aider.

Elle réussit à me relever, je la remercie sans qu'aucun son ne sorte de ma bouche et tente à présent de prononcer le mot « médecin ». Voyez-vous, j'aimerais bien savoir mon diagnostic, et ce n'est pas gagné. Ma mère s'efforce à me déchiffrer, elle n'y arrive pas. Je souffle intérieurement et donne toute la force que je possède pour lui demander où se trouve le soignant. Soulagée d'avoir enfin compris ce que je parviens à lui dire, elle sanglote en me caressant le visage de ses mains de maman et me communique qu'il arrive d'une minute à l'autre.

Fall For LuciferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant