4.

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Athènes, -500 avant J.-C.

— Reste là Synae et ne sors pas du gynécée sinon tu pourrais subir la punition des Dieux et de ma personne.

La jeune femme ne contesta pas les ordres de son père, tout en se baissant elle le salua très poliment. Autoritaire, il reprit :

— Je viendrai te chercher quand nous irons au temple. En attendant instruits-toi.

Elle lui sourit puis alla vaquer à ses occupations. Tous les jours elle recevait le même sermon de la part de son tuteur, tous les jours elle devait aller étudier et rester dans ce coin reclus de la maison réservé aux femmes, tous les jours c'était la même histoire. Les jeunes filles en âge de se marier ne devaient pas sortir de leur lieu d'habitation mais y rester cloîtrer jusqu'au mariage. Le mari était bien évidemment choisi par le père, la fille n'avait pas son mot à dire.

Les jours se faisaient longs. Chaque journée Synae regardait par la fenêtre et s'imaginait déjà en haut de l'agora à parler, à débattre politique et philosophie avec les hommes. Pourtant, au fond d'elle, elle savait que son destin était de rester dans sa future maison avec son mari. Elle n'avait pas d'autres choix. Souvent elle se faisait cette même réflexion, cette réflexion sur ce dessein inévitable ; son sort était scellé, sa pauvre vie aussi.

— Synae ? intervint sa mère.

— Qui a-t-il mère ?

Précipitamment, elle se leva du bord de la fenêtre et lui prêta attention.

— As-tu lu un chapitre de l'Iliade ?

— Bien sûr ! Voulez-vous que je-

— Non ça ira nous sommes pressées. C'est l'heure de ta séance de tissage.

— Je vous suis.

La jeune femme emboîta le pas et se dirigea dans la pièce de la maison correspondante. Et là voilà à tisser du fil pour la confection d'un futur vêtement pendant tout le reste de la journée...

Quelle triste vie, pensa-t-elle encore une fois.

Une petite pression me secoue l'épaule et une douce voix me parvient aux oreilles. Je cligne des yeux plusieurs fois et ouvre mes paupières tranquillement. À moitié réveillée, je me frotte les yeux et remarque que je suis dans la pièce principale, sur le canapé.

— Alors ma grande, on est fatiguée ?

Ma mère pose une main sur ma joue, me la caresse avec son pouce et me dépose un léger baiser sur le front.

— Etre en dernière année de master est plus intensif que la troisième année de licence... Combien de temps j'ai dormi d'ailleurs ?

Je baille et m'étire à la fois.

— Vingt minutes mon ange.

Elle me caresse les cheveux avec amour et tendresse puis me demande avec empathie :

— Au fait, pour ton stage comment ça se passe ?

Tout en me redressant je lui transmets les informations relatives à ce stage qui commence la semaine prochaine à l'hôpital général de Toronto.

— Il n'est pas très éloigné de la maison, c'est un atout Daenys !

— À moins de quinze minutes de marche.

La tête de ma mère se décompose à cette précision. Embêtée puis inquiète, elle déclare :

— Chérie... justement... Je pense qu'il serait plus judicieux pour toi si tu prenais la voiture.

Fall For LuciferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant