18.

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Ecouter sa conscience. C'est ce que je faisais chaque jour, chaque fois que j'avais affaire à un problème ou à une situation imprévue. À chaque moment je consultais ma sagesse et elle me guidait et me donnait les réponses les plus sensées, les plus réalisables. Avant, j'optais pour les décisions raisonnées et non farfelues, je restais sur la bonne voie, sur le chemin du bien mais maintenant, ce n'est plus le cas.

Désormais, j'ai dévié ma trajectoire et ma façon d'agir. On pourrait même dire que j'avance dans une voie obscure et incertaine mais je m'en contrefiche. C'est ici que je me sens, paradoxalement, le mieux. Je sais que c'est assez étrange de penser comme ça mais il ne faut pas renier cette nature en nous ; on doit faire ce que l'on veut vraiment. Et maintenant je me conduis comme je le sens et surtout j'écoute mon cœur car sans lui je ne vivrai plus.

En parlant d'écouter mon cœur, je ne l'ai plus revu depuis un petit moment. Je poursuis ma vie sans lui et honnêtement ça me brise le cœur. Ne plus le revoir, ne plus l'entendre et surtout ne plus lui parler fait saigner mon organe ; je hais cette sensation. Dès que l'on me pose ces deux petits mots me demandant mon état actuel, je réponds à l'affirmative ; pourtant, je vais tout sauf bien. Il y a des moments où je vais mieux que d'autres sauf que rien ne change. Ma vie est toujours le reflet pur du calme platonique.

« Je te promets d'être toujours là quand ça ne va pas. Je te le promets Daenys »

Encore et encore. Cette parole, sa parole, me revient toujours en mémoire dès que je suis seule ou que je m'ennuie et que je pense à lui. J'ai besoin de lui. Tout ne va pas bien et je l'attends toujours. Pourquoi ne tiens-tu pas ta promesse Lucifer ? Tu as changé d'avis ? Tu es passé à autre chose ? Tu... tu ne m'aimes plus ?

Je baisse la tête et expire difficilement, ma gorge se nouant au même moment.

— Non tu ne vas pleurer pour ça Daenys ! je me convaincs.

— Je t'avais prévenu, s'interpose ma conscience. Cet être au sang glacial ne va te faire que du mal, il va te faire souffrir et au final tu finiras comme Synae, tuée par des démons rebelles. Ménage-toi. Regarde dans l'état que tu te mets. Tout ça pour qui ? Pour cette chose inhumaine et violente.

— Mais stop ! Il est occupé c'est tout. L'Enfer est sûrement encore plus difficile et délicat à gouverner qu'un Etat ou bien la Terre entière.

— Sauf qu'il ne tient pas ses promesses et que tu souffres alors qu'il n'est pas là. Pas là Daenys !

— Arrête, il va venir j'en suis sûre.

Des batailles avec ma conscience ? J'en livre des dizaines et je commence petit à petit à m'affaiblir. Elle reprend le dessus et ce n'est qu'une question de jour avant qu'elle ne me gagne. Je me porte mieux sans elle c'est sûr, mais elle n'est pas de cet avis et fera tout pour que je me range de son côté...

Ma conscience me dissuade une fois de plus. Comme pour me défendre, je mets mes mains devant mon visage, secoue la tête énergiquement et pleure en m'opposant fermement à cette raison de malheur. Mes épaules, sous les sanglots, bougent toutes seules sans que je ne puisse les stopper. Je vais tout sauf bien, c'est évident.

— Daenys ? m'appelle le Dr Rogers, mon maître de stage. Vous allez bien ?

Il se penche pendant que j'essuie à une vitesse impressionnante mes larmes.

— Je viens juste de me cogner le petit orteil dans le bureau. Ça fait vraiment trop mal !

J'essaye d'être convaincante tandis qu'il affirme mon dire. Il reprend :

— Votre pause est finie et quelqu'un aimerait vous voir.

— Il a laissé un nom ? je demande en me redressant interloquée.

Fall For LuciferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant