7.

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La plus belle des ruses que le Diable n'ait jamais réussies a été de persuader le monde qu'il n'existait pas.

Cette phrase vient de prendre tout son sens dès l'instant où ce même personnage, que dis-je le Diable en personne, se trouve juste en face de moi. Il est là à me fixer, à m'analyser sous toutes les coutures avec cet air hautain et ce regard profond. Me voilà confrontée au maître des Enfers, du moins d'après ses dires. Je ne fais rien paraître, je ne transpose rien, strictement rien beaucoup trop paralysée par la peur et la panique. Et pourtant, je suis loin d'être sereine. Je parais beaucoup trop calme et sous le choc mais à l'intérieur, c'est le Bronx. Je suis chrétienne ! Avoir à faire avec Satan ne suscite pas l'engouement et le courage... Bien au contraire.

Je devrais fuir mais je ne le fais pas. Je le laisse s'approcher de moi, petite humaine pétrifiée que je suis. Ma respiration se ralentit de plus en plus, mon pouls diminue son rythme, mes jambes sont à deux doigts de flancher. C'était donc lui ? Depuis le début ?

Puis, comme s'il venait de lire dans mes pensées, il s'avance et déclare avec une prestance et un calme alarmant :

— Oui ça l'était et ça le sera toujours.

Tout en marchant, ses cheveux, pas si courts que cela, ne bougent pas d'un pouce, il y passe une main et continue de me scruter avec cette même intensité. Je suis totalement tétanisée, totalement perdue. Je ne sais pas quoi faire et au lieu de le frapper ou de ne tenter quoi que soit je me recule, touche le mur, panique et déglutis. Peut-être devrais-je lui poser mes questions qui ne cessent de fuser dans mon esprit, me provoquant confusion et déséquilibre.

Avant que je n'articule le moindre mot, un mètre nous sépare. Cette proximité me rend vraiment mal à l'aise... Moi qui ne suis pas claustrophobe d'habitude, je suis victime en ce moment même de ce sentiment d'oppression inconfortable. Mes organes, qui avaient semblé s'arrêter, reprennent tout sauf une vitesse de croisière et alors que je glisse mon dos contre la porte de la cathédrale, vers la droite, l'homme me saisit le bras d'une facilité déconcertante. Je me tortille de douleur sous la pression de sa paume tout en gémissant.

— Ah oui c'est vrai vous êtes fragiles toi et ton espèce, il me lâche le bras subitement. Tu as de la chance d'être spéciale.

Je passe la main sur mon bras endolori et le frotte tout en essayant de le fusiller du regard, je dis bien essayer.

— Moi je te sauve la vie plusieurs fois et c'est comme ça que tu me remercies ? Même pas une once de respect ?

— Spéciale ou pas, j'aurais préféré mourir que de te rencontrer espèce de...

— De quoi ? Finis ta phrase ! s'énerve-t-il en même temps qu'un éclair brise le ciel.

— De tueur sanguinaire, d'être inhumain sans cœur, de monstre tout simplement.

Il se recule et prend une grande respiration. Comme pour calmer ses nerfs, il serre ses poings si bien que ses jointures deviennent blanches, puis il m'aboie dessus avec un air menaçant.

— Quel culot venant d'un parasite ! Je ne suis pas sûr que tu aies bien saisi que tu te trouves en face de Satan...

— Eh bien vas-y tue-moi, débarrasse-toi de moi je t'en prie, dis-je en me prosternant ironiquement.

— Non.

— Et pourquoi ça ? On est en public ? Devant une église peut-être ?

Je fais une pause et reprends sarcastiquement :

— Ah non je sais, papa ne va pas être content.

Sans que je ne le vois venir, il loge son poing dans le mur juste à côté de moi, creusant un trou dans la pierre. À cinq centimètres près c'était ma tête ! Tout comme son humeur, ses pupilles changent radicalement. Autrefois vertes, elles s'injectent d'une couleur rouge sang en un éclair, un rouge sang qui vous fait vivre mille tourments et vous cloue sur place. Son sourire satisfait vient d'être remplacé par une mine contrariée et en colère, très chiffonnée. Je déglutis difficilement tandis qu'une dose d'adrénaline complétée par de l'audace prend le contrôle de mon corps.

Fall For LuciferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant