Chapitre 02 :

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C'est en traînant les pieds que je rejoignis ma chambre. Trouver un travail n'importe lequel ? Qu'est-ce que c'est pathétique et insensé de me dire ça à moi qui suit un réel complexé car travailler en tant que boulanger, serveur, maçon ou livreur à domicile n'est pas à mes yeux, une option même si ce sont actuellement les seuls métiers qui s'offrent à moi.
Je refuse catégoriquement de finir livreur de pizza avec tout mes diplômes en main pendant que de l'autre côté je vois mes anciens camarades de classe dans une voiture ou à la tête d'un projet. Je le refuse. Même si je dois y laisser ma peau, je ne le ferais pas.
Et si vraiment, mon père croit que je vais accepter de travailler dans ces genres de domaines, c'est qu'au fond, il ne me connait pas, alors là vraiment pas du tout.

L'idée ne m'a jamais effleuré l'esprit de faire quelque chose qui ne pourrait pas me faire acheter ma propre maison. Mon indépendance, voilà ce que je veux. J'ai 28 ans bordel, 28 ans. Quand j'étais plus petit, je me voyais marié et père de magnifiques beaux enfants à cet âge hélas ce n'en fut pas ainsi et ça ne l'est toujours pas. Maintenant, j'en ai ras le bol, il faut que ça change. Peu importe comment, moi je m'en fiche tant que mon quotidien évolue ça me va. De toute façon, Diarra ne cessait de dire que la fin justifie les moyens à tous les coups. Et malheureusement, chaque jour je me rends compte des choses que l'on a en commun malgré le fait que je ne veuilles pas l'accepter. Je n'y peux rien, c'est l'ADN. En même temps c'est presque une évidence, je ne suis pas bien né, quand toutes les mamans voyaient en leurs enfants de futur président etc..... La mienne, elle voyait en moi, un moyen pour obtenir plus d'argent. C'est malheureux pour elle parce que finalement, elle y a laissé sa vie. J'espère qu'il en sera pas de même pour moi.
En réalité, mon père est entrain de me faire basculer sur le mauvais côté de la pente avec mes pensées négatifs sans s'en rendre compte. Je sais qu'au fond de moi, il faudrait juste que je sois humble pour avoir la solution à tout mes maux mais je ne peux pas, je n'y arrive pas et je ne veux pas. C'est beaucoup trop me demander.

Je soufflais de lassitude en regardant à tour de rôle mes nombreuses diplômes et tableaux d'honneurs accrochés au mur.

-À quoi me servez-vous hein dites moi ? À quoi ? Posais je la question comme s'ils m'entendaient. Vous étiez censé assuré mon avenir et voilà qu'aujourd'hui je me retrouve à chômer. J'ai toujours été le meilleur peu importe la matière et peu importe le domaine, j'ai passé des nuits blanches à réviser malgré ça je me retrouve quand même sur la scellette comme un con. C'est bizarre. C'est bizarre parce que quand je vous regarde, au lieu de la fierté, c'est de la douleur, du mépris et du regret que je ressens. J'aurais dû profiter de ma jeunesse comme l'ont fait la plupart, j'aurais dû m'amuser, sécher les cours, faire du n'importe quoi et avoir pleins de beaux souvenirs et de fous rires. Peut être que si j'avais fait comme ça j'aurais eu moins de regret à ce jour. Oui beaucoup moins. Rajoutais en hochant la tête. À mon âge, c'est mon père et ma demi sœur qui m'entretient, quelle honte ! Quelle honte ! Terminais je en pénétrant ma salle de bain.

Une fois dedans je remarquais qu'il n'y avait pas d'eau, c'est bizarre parce que je suis sûr d'avoir vu ma sœur payer la facture d'eau ce matin. J'enroulais ma serviette autour de ma taille avant de monter les escaliers voir s'il n'y avait pas un problème.

-Pourquoi l'eau de ma salle de bain a été coupé ? Demandais je à ma tante qui était assise au salon avec ma sœur entrain de suivre la télé.
-Ah tu n'arrives pas à avoir de l'eau ! Rigole Salma.
-Oui. C'est exactement ce que je viens de dire. Hochais je la tête.
-Tu as de la chance que je n'ai pas aussi couper le courant de ta chambre. Répond Tante Anta.
-Je ne comprends pas.
-À force de gérer ton insolence, j'ai fini par en avoir marre. C'en est assez maintenant !
-C'est toi qui me traite de tous les noms et c'est moi qui suis insolent ? Clignais je des yeux.
-Voila ce que je disais. Apprends à te taire si tu veux avoir de l'eau et de l'électricité.
-Si je comprends bien où tu veux en venir, c'est que je dois faire tout ce que tu me dis à la lettre sans broncher au risque de ne plus avoir de l'eau et de l'électricité dans ma chambre ?
-Tout à fait. Complète Salma.
-Vu que c'est grâce à nous que tu as ça, tu devras être très poli et soumis à notre égard. Voilà le dilemme parce que vraiment tu commences à prendre une grande confiance et je n'aime pas cela. Alors tu vas faire ton choix ? Souria Diarra.
-Tu sais Momo, il est difficile de vivre sans l'eau surtout quand tu passes ton temps à t'entrainer pour après faire ta douche. Rigola Salma.

Je bouillonais de rage en moi mais il fallait que je me contrôle pour pas faire de bêtises. Elles me tiennent par le bout du nez, il y a pas de doute là dessus. Et c'est bien vrai que je ne peux pas vivre sans l'eau, l'électricité c'est gérable mais vraiment ma salle de bain c'est toute ma vie, j'adore la propreté et qui dit propreté dit eau.

-Tu réfléchis beaucoup trop pour une question aussi simple Momo. Dit mon père me faisant sortir de ma rêverie.
-Alors tu es de leur côté toi ?
-Change de ton. Je suis pas ton égal Momo. En plus elles ont raison, c'est elles qui t'entretiennent. Tu ne dois pas manquer de respect à une personne qui te comble les vivres. Rends toi à l'évidence. Répond t'il en sortant du salon.
-D'accord. Leur dis je en serrant les poings.
-Bien ! Retourne à ta salle de bain alors pendant que je remets l'eau au sous sol. Dit Salma après avoir fait une tappe à sa mère.

Sans répondre, je me rendis à nouveau dans ma salle de bain, après quelques minutes, l'eau revint enfin et je m'empressais d'aller prendre ma douche.

Deux semaines plus tard, j'avais complétement mais alors complètement viré sur le mauvais côté de l'impasse.
J'ai cherché du travail, j'ai déposé mes CV partout où je pouvais mais toujours rien. Pendant ma recherche du travail, j'ai fait la connaissance d'un certain Mark Olivier, je ne sais pas comment ni à quel moment mais il m'a fait trouvé refuge auprès de la cigarette et de l'alcool. Ce n'est pas un bon ami je le sais mais en réalité sa compagnie, ne me dérangeait aucunement pas. Cependant j'avais un peu pris les devants et je lui ai lit un stop en réalisant tous les conséquences que j'encourais. Ainsi j'ai finalement coupé les ponts avec lui bien qu'à l'heure d'aujourd'hui je me cache encore pour fumer de temps à autre, au moins j'ai délaissé l'alcool alors je me dis que c'est déjà ça.
Parfois je fais des choses que je regrette à l'instant même où je l'ai fait mais ça ne m'empêche pas de recommencer.
-Je dois surement être possédé. Me dis je à chaque fois que je fais une erreur.

À cela s'ajoute que je suis devenu comme me l'avait dit mon père, le moins que rien de la maison. Jamais personne ne ratait une occasion de me rappeler la position de locataire que j'occupais même pas les employés.

Je secouais la tête pour éloigner mes nombreuses pensées puis je fis ma toilette pour une deuxième fois de la journée avant de m'habiller d'un jean noir et d'un t-shirt gris avec mes vans gris. Vu la chaleur qu'il faisait dehors je mis ma casquette avant de prendre mon éternelle sac à dos pour y mettre mes nombreuses CV que j'avais rédigé ensuite je sortis enfin de ma chambre espérant avoir un poste stable.

-Le repas n'est pas encore prêt ? Demandais je à la bonne.
-........

Je sais qu'elle m'avait entendu mais elle jouait la sourde oreille.

-C'est à toi que je parle non ? Demandais je cette fois ci en le prenant par le bras.
-Lâche moi immédiatement. Me gifle t'elle. Que ce soit la première fois qu'une pourriture comme toi me touche. Me pointe t'elle ensuite du doigt.

Trop c'est trop, je lui rends en double la gifle qu'elle m'avait donné. Et aussitôt, elle se mit à hurler.

-Ose encore lever la main sur moi et tu recevras plus qu'une gifle en retour espèce d'insolente va.

J'allais sortir de la cuisine quand je vis ma tante accourir suivit de près par mon père.

-Qu'est-ce qui se passe par ici ? Demande ma tante.
-Je lui demande si le repas est près ou pas et elle me gifle parce que je lui ai touché le bras car elle ne m'a pas répondu. Expliquais je.
-C'est pas vrai. Ami ne ferait jamais ça. N'est-ce pas ?
-Non patronne. Il...il...m'a fait des avances et j'ai refusé en le repoussant.... c'est pourquoi...il...il...m'a giflé. C'est...lui... qui m'a giflé. Répond t'elle en pleurant à chaudes larmes.

Elle avait tellement l'air de dire la vérité que sur le coup moi même je me demandais si ce n'était pas moi qui avait menti. J'ouvrais grand les yeux de choc et c'est quand je vis le sourire au coin de ma tante que je compris que c'était un plan qu'elle avait mise en place avec la bonne.
Quel idiot j'ai été de riposter moi aussi, j'aurais dû comprendre qu'il y avait quelque chose de louche. Oui, j'aurais dû.

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L'insaisissable.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant